Ce soir les médias sont bien agités. Il y a de cheveux à tondre. On s'y prépare à Bruxelles à tondre une partie de la dette grecque. Une partie seulement. Sur 300 milliards les 200 milliards en seront exclus. Le toilettage forcé concerne les banques et les caisses d'assurance maladie et des retraites du pays. Pas les actifs de la Banque Centrale Européenne par exemple. Ayant quitté Athènes pour quelques jours, je note ce silence accablant de la Grèce rurale. Les rues sont vides et les cafés ont perdu leur fréquentation. La sociabilité baisse ici aussi ses volets. Avant la Troïka, on paradait vraiment portant la richesse - petite ou provisoire peu importe - tout le monde avait à exhiber un nouvel achat. Désormais lorsque le chômage et les faillites frappent les portes des ruraux aussi, ces dernières ne s'ouvrent plus pour les voisins, les cousins, les amis.
Les petits villages ont néanmoins de grandes préoccupations. Il y a également la honte. Elle est énorme. Au moins, certains ont manifesté sur leurs tracteurs agricoles il y a quelques jours, lors de la grève générale en Grèce. Ce village produit entre autres du maïs. Au lieu de vendre leur production aux coopératives et aux marchands locaux, les villageois ont préféré dans leur majorité un grossiste venu du Sud de la Grèce car il achetait un peu plus cher. Ayant payé les deux premiers parmi les producteurs, il est parti avec la récolte des autres sans laisser de traces. Depuis c'est la désolation, les paysans ont perdu entre 15000 et 50000 euros chacun. Tout se dérègle. Certains villageois vendent désormais trop cher à leurs voisins retraités, les œufs et les poules. Temps de crise et de rapacité. La solidarité n'est pas innée malgré ce que les Grecs peuvent raconter. J'ai notée le prix, étant témoin de la transaction entre un paysan et son voisin retraité. 54 euros pour deux poules, lorsque on touche une retraite de 540 euros par mois (ou même 1080 euros par mois) cela devient insupportable. J'ai assisté à une petite dispute entre ces deux villageois. Le retraité a répondu à celui qui lui vendait les poules qu'avec la tondeuse sur les caisses de retraite, sa volaille serait tondue également. Le paysan, énervé, a refusé de lui vendre ses œufs (en plus de deux poules). Des œufs même, il y en a moins a-t-il affirmé. Les poules ne pondent plus mais c'est à cause de la météo et non pas à cause du Fond Monétaire Internationale selon lui. Pas d'omelette ce soir...
Ce soir les médias sont bien agités."Pas d'omelette ce soir..."