Greek Crisis
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Tuesday 1 November 2011

Thermopyles et Pandore.
Thermopyles and Pandora.


Matinale du NON aujourd'hui. La radio privée Real-FM ici à Athènes démarre son magazine politique de 8h par les spots de la dictature. Les moins jeunes s'en souviennent encore. Référendum bidon de 1968 organisé par les colonels, (91,87% "Oui"). Puis, on entend des extraits des déclarations de l'autre Georges, Papadópoulos, chef de la junte.

“Eh bien chers auditeurs, voilà que notre dictature du petit Georges et de la Troïka veulent vous (im)poser la question, forcer sur le dilemme suivant: retour à la Grèce des années '50 et 60', celle de la drachme ou sinon, soumission totale à la dictature de la Troïka, renforcement de l'occupation de notre pays par Bruxelles et le FMI, sous le haut commandement allemand ? Eh bien, ne soyez pas dupes. Comment peut-on permettre à ce cadavre politique en décomposition (sic) qui est Papandréou, de formuler un faux dilemme, tandis qu'il a déjà vendu le pays entier, détruit la société, un vrai collabo aux ordres de la kommandantur. Papandréou est un terroriste politique.”

“Il ne veut pas les législatives que tout le pays réclame car il sait que par ces élections, son P.S., ce parti du crime politique organisé et financé par Siemens et Goldman Sachs, sera anéanti, comme l'ont fait pressentir les derniers événements du 28 octobre. Mais, mes chers auditeurs, vous, sujets du protectorat allemand, attendez vous peut-être à des surprises, mais n'oubliez pas que ce type (Papandréou) est également payé par les rapaces de la finance internationale qui vont faire yoyo avec les titres, les bourses et les valeurs, suivant la nouvelle situation grecque une fois de plus, pour s'en mettre plein les poches, un dernier jackpot avant la faillite finale. Ne soyez pas dupes non plus, lorsque les perroquets du système, télés ou journaux depuis les révoltes populaires du 28 octobre veulent passer le message que la société grecque est en guerre civile, salopards, il n'y a aucune guerre civile, il y a 95% du peuple contre cette politique du pire, donc le pays n'est pas divisé... Entrepreneurs, classe moyenne, ouvriers, militaires, secteur publique et privé, tous détestent ce gouvernement, cela devient une affaire nationale... plus que de la lutte des classes...” (émission de Georges Trángas - Real-FM).

Je précise que le chroniqueur Georges Trángas n'est pas un membre des jeunesses trotskistes mais un journaliste en âge mûr et de la vieille école, n'ayant jamais caché ses sympathies politiques pour le centre-droit. Dans le bus on commente également l'émission. Les regards habituels de la tristesse se croisent et se mesurent par l'épreuve des flammes venant du cœur. “Tiens, petit Georges a enfin pris une décision”, a lancé un retraité. “Tu parles, c'est encore une décision des étrangers qui nous occupent”, rétorque un homme la quarantaine passée, puis un jeune homme laisse éclater sa rage: “Papandréou est un escroc, on ne lui accorde aucune confiance, il peut même truquer les résultats, puis les médias vont s'y mettre pour nous terroriser à propos des conséquences d'un NON, mais le torchon brule déjà”. D'autres passagers restent muets. Une jeune étudiante, assise à la place d'en face, fait son signe de croix lorsque le bus passe devant une église. Arrêt à la station du métro, pratiquement tout le monde descend. Entrant dans le wagon, une vieille dame se précipite pour baiser la main d'un pope. Direction le centre, place de la Constitution, Sýntagma. Deux femmes, pas loin, jettent un regard noir sur la vieille, elles chuchotent: “l'église, autres voleurs ceux-là”, puis, elles poursuivent leur conversation en commentent les mésaventures des contrôleurs. Elles venaient de l'autre ligne et elles ont été les témoins d'une interpellation. Une autre femme sans ticket est tombée sur deux contrôleurs. “Allez vous faire f... criait cette femme, j'suis au chômage”, la foule s'est alors dirigée vers les deux agents. “Lâchez-la, sinon nous allons vous tabasser et n'appelez pas les flics”.

Pas de contrôleurs en tout cas, place de la Constitution. Pas de manifestation non plus ce matin, à part une centaine de Syriens, autre cause ? Une tranquillité bien apparente. Le café même sur cette place est à quatre euros. Hors de prix. Mais aux alentours, les prix descendent vite. Un ami historien me raconte ses malheurs. Les agapes des grecs comportent tant de misères à partager par les temps qui courent. Il travaille pour une maison d'édition en tant que responsable de collection. Mais les collections du passé sont désormais... lettres mortes. L'histoire en Grèce se conjugue enfin au temps présent. Son salaire de 1350 euros a été divisé par deux, depuis juin.

Depuis septembre il ne verse plus son loyer et il n'achète plus ses tickets de métro non plus. En octobre sa facture d'électricité est restée posée sur son frigo, vide. Il m'a raconté qu'un de ses amis, promoteur immobilier et architecte (mais qui ne vend plus rien depuis un an) a été contacté par des “investisseurs nouveaux” qui l'ont chargé de l'inspection et du repérage d'un certain nombre de biens immobiliers en cours de saisie par les banques. Ces “investisseurs”, contactent alors les malheureux propriétaires à deux doigts de la mise aux enchères de leur bien, leur proposant de les acheter mille euros plus cher. “Une nouvelle économie, et bientôt le marche noir, y compris de l'alimentaire” pense prédire cet ami. Et le referendum alors ? “Ils ne passeront plus par les Thermopyles, mon vieux, la rigolade est terminée, et notre geste aura une portée mondiale, tu verras...”. Dans l'édition du Monde ce matin j'ai lu que selon un proche du président Sarkozy, “Le geste des Grecs est irrationnel et de leur point de vue dangereux”. À croire que les seuls marchés, les banquiers et les boursicoteurs ont le monopole de l'irrationnel dans nos pays. Qui sait ? “Les Bourses européennes dévissent après le revirement grec” titre encore le grand quotidien du soir. À la table voisine, deux journalistes commentent la nouvelle du jour à voix basse. Lorsque le ton monte nous distinguons une phrase: “Alors qu'est ce qu'on attend? Il faut les tuer ceux-là”. Le grand soir est-ce pour bientôt ? (même si ce soir déjà, le gouvernement Papandréou va peut-être tomber, suite à la défection d'un certain nombre de ses députés).





* Photo de couverture: Quand l'injustice devient loi, la résistance est un devoir
Athènes centre, le 1 novembre 2011