Greek Crisis
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Saturday 5 November 2011

À nos splendides marionnettes !
To our splendid puppets !


Vendredi soir. Athènes se fait encore belle, comme elle peut. Aux alentours du quartier de l'Agora les touristes, assez nombreux, se mélangent à nos flâneurs. Les trottoirs se remplissent, dans les rues marchandes, il y en a même qui font du shopping. Avant la tombée de la nuit, près du vieux marché, de la marchandise “récupérée”, circule dans une course de caddies; dérobés des hypermarchés. J'aperçois un homme élégant, achetant de la marchandise à l'immigré qui pousse fébrilement son caddie, tournant son regard dans tous les sens, la police n'est certainement pas loin.



Beaucoup de jeunes également sont dehors, éphémères enragés dans la vie, comme on dit d'habitude, FMI ou pas. Une jeune femme qui tient son compagnon par la main, insiste devant une vitrine de vêtements pseudo-ethniques, rue Hermès (Ermoú). Elle recherche du dégriffé dit-elle, lorsque d'un coup, changeant de sujet de conversation, elle se retourne vers son compagnon: “Tiens mon amour, je pense que Petit Georges, quand il prononce ses discours devant les députés, il doit les lire en greeklish (écrire le grec en utilisant les caractères de l'alphabet latin), sinon il en est incapable...”. Du pseudo-ethnique encore une fois ?
En tout cas la jeune femme insiste encore devant la vitrine mais sans conviction. Elle n'achètera pas. D'ailleurs, même sur la rue Hermès; déjà certaines boutiques de vêtements ou d'accessoires ont mis la clé sous la porte. Les dieux antiques n'y interviennent plus. D'autres entrepreneurs néanmoins, se reconvertissent s'adaptant aux impératifs de la crise, ils deviennent vendeurs de vélos par exemple.



Puis, un peu partout dans la capitale et ailleurs, fleurissent les commerces qui achètent cash ou prêtent sur gage, de l'or et des bijoux. Récemment, le principe du prêt sur gage s'élargit aux voitures, aux embarcations de plaisance et aux biens immobiliers. Belles perspectives en vue, du 1941 en 2011, merci à la mondialisation pour cet anachronisme.

Ce vent en poupe, profite également aux cours particuliers (ou par petits groupes). Arts martiaux, autodéfense, (les atteintes aux biens et aux personnes ont doublé en deux ans), et surtout on se rue sur l'apprentissage des langues. Un voisin dentiste, mais qui n'arrive plus à remplir sa gamelle par les prothèses et autres caries citoyennes, y participe. À force de se faire grincer les dents, la société grecque commence à avoir mal, mais elle restera rapidement sans dentistes. “Je viens de commencer au sein d'un groupe, c'est de l'allemand en accéléré, un an pour bien manier la langue de Goethe. Nous sommes cinq, un chirurgien des hôpitaux, un avocat d'affaires, un designer-graphiste, un architecte, et moi”. Je lui rappelle alors le discours de DSK devant les députés grecs, il y a quelques mois, avant son malheureux épisode de l'hôtel américain. DSK avait déclaré sans nuances, que les jeunes grecs n'ayant plus d'avenir ici, peuvent massivement partir pour le monde entier. Cette déclaration n'a pas été bien appréciée par l'opinion publique, mais la psychologie collective comporte bien de limites. Les jeunes grecs quittent désormais leur pays par milliers, les plus jeunes, les diplômés, les moins profiteurs également, les moins ou les pas du tout escrocs du fisc et de l'argent de l'U.E.; cette manne financière que le P.S. et la droite qui alternaient au pouvoir, ont aussi distribué, suivant le management du parfait clientélisme. Et se dire que Madame Merkel exige de ces deux formations politiques de s'accorder... pour nous passer la corde, c'en est trop.

Je laisse les deux jeunes qui s'attardent encore, admirant le dégriffé. A deux pas de cette vitrine, notre meilleur dégriffé éponyme de la nation, débat au Parlement. Sur la place de la Constitution (Sýntagma), je tombe sur le meeting du parti communiste (KKE). Bandiera rossa et odeurs de souvlaki tout juste sous le nez de Papandréou. Aléka Paparíga, secrétaire générale du PC, alors femme relativement âgée, mais comme on dit souvent ici, très courageuse, explique les positions du KKE à une foule acquise d'emblée.




On reconnaît la sociologie de notre vieux PC, visages d'ouvriers, femmes non maquillées, jeunes étudiants et retraités pauvres. L'autre foule du vendredi soir, jeunes femmes BCBG, hommes en pull-over et autres petits costumes qui passent par la, s'arrêtent pour écouter un bref instant. Ils se déclarent plutôt bienveillants, sans pour autant participer à un meeting qui affiche sans ambiguïté son esprit partisan. Non, ce n'est pas la place Sýntagma de tous les indignés, de tous ceux qui forment, par leur pensée au moins, le front anti-mémorandum; d'ailleurs ce soir, la place n'est même pas pleine. Certains contemplent la foule d'en haut, de la brasserie se trouvant au cinquième étage d'un grand magasin en face de l'Assemblée Nationale.

Devant l'Assemblée, la police est certes omniprésente, mais sans en faire vraiment trop. Les canons à eau, matériel flambant neuf, sont là, mais on sait que les militants PC ne risquent pas d'attaquer l'édifice, même si Madame Paparíga répète à sa foule “que le KKE s'attaque aux vraies édifices du système capitaliste”. Non, ce n'est pas le... Grand Soir, et cette nuit à Athènes est un peu frisquette. Je remarque pourtant, l'image édifiante d'un mendiant, assis devant le grand magasin. Deux jeunes femmes bien habillées vont passer devant lui sans le voir. A vingt mètres seulement, les communistes, eux, n'ont des yeux que pour la secrétaire. Fragments de notre nouvelle Grèce sous mandat. Les mourants, les passants et les manifestants.

Vers minuit, Papandréou, obtient la confiance des députés, 153 sur 300. Il déclare aussitôt que samedi il va rencontrer le Président de la République pour faire aboutir une coalition des partis du mémorandum et ainsi former un gouvernement qui signera et mettra en place l'ensemble des accords avec la Troïka. Seulement ensuite, on aura le droit de vote. Les partis de la gauche (PC et SÝRIZA) sont en colère. Paparíga apostrophe à ce propos Papandréou, très violemment dans l'hémicycle “nous ne vous laisserons pas faire ça”, les dirigeants de SÝRIZA qualifient Papandréou, les siens et les autres pro-mémorandum, de marionnettes.
Je quitte la place après avoir salué Loukánikos (“Saucisson”), ce chien symbole du mouvement des indignés. Il est connu pour pratiquer une forme de discrimination négative envers les MAT (CRS en Grèce), lors des manifestations, il est même mondialement connu maintenant, tout comme notre Premier Ministre. Loukánikos et Papandréou, voilà la célébrité de notre nouvelle dialectique.


Loukánikos remue sa la queue, tandis que pas loin, Papandréou lui, ne se lasse pas de remuer toutes les pierres pour faire adopter des décisions de Madame Merkel et de Monsieur Sarkozy. Décidément, notre pays vit vraiment son temps de chien. A cinq cent mètres des Byzantinismes de nos marionnettes parlementaires, je passe devant le Musée Byzantin, le vrai. Sous une lune incomplète, une pancarte nous informe que les travaux de rénovation du Musée Byzantin, ont été financés par les fonds structurels européens à 75%, l'État grec ayant assuré les 25% restants. Ah tiens, l'entreprise bénéficiant du contrat fut Alpine BAU Gmbh. En 2010, elle employait 7670 personnes en Autriche, 2431 en Allemagne et 4955 dans les autres pays, pourquoi pas ? Je comprends alors mieux le dilemme évoqué par Éric Zemmour le matin du 3 novembre sur RTL, c'est à dire, l’alternative à laquelle les peuples d’Europe sont désormais confrontés:“l'Euro... ou la Démocratie ?”.


Un peu plus loin dans la ville d'Athéna, devant certains établissements huppés, les très grosses cylindrées de la très grosse évasion fiscale se reposent sous l'œil des vigiles. Cette Grèce semble être intouchable. Ces gens se moquent sans doute des politiques à bien des égards. Les augmentations de l'imposition qui écrase la grande majorité des citoyens ne les effraie guère. “Entrepreneurs” qui font de la contrebande dans le secteur pétrolier, chanteurs illustres qui ont oublié le fisc durant vingt ans, ayant par exemple les conjoints élus députés P.S., puis tout ceux, qui dans le monde politique et du pouvoir ont reçu l'argent provenant des caisses noires de Siemens. Et pour cause. Vive la République !



* Photo de couverture: Les mourants, les passants et les manifestants - Athènes, le 4 novembre 2011