Greek Crisis
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Monday, 13 May 2013

L'heure du fantôme/The hour of the ghost



En ce lundi 13 mai, les gros titres des journaux sont consacrés à la grève des enseignants, pressentie et non décidée, et néanmoins déjà interdite de fait, par la “réquisition préventive” des intéressés, “car une telle mobilisation en période d'examens scolaires, porterait attente à la paix sociale et nuirait de façon caractérisée à la santé publique”, d’après le décret du ministre Arvanitopoulos. Hier 13 mai à Chalkidiki, nos... aborigènes habituels, horrifiés par l’or et par ses exploitants venus d’Athènes et d’ailleurs déforester leur région, ils ont dû affronter une fois de plus, les unités plus spécialisées que jamais, de la police de notre régime méta-démocratique. Certains femmes même, affirment avoir été frappées par les MAT, les CRS grecs. C’est un tournant, dans la guerre à bas voltage menée contre les habitants, à Chalkidiki ou ailleurs en Grèce. Authentique... temps de chien.

La solitude de l'enseignant. Quotidien des “Rédacteurs” du 13 mai

C'était comme si nous avons participé à un film policier. L'hélicoptère de la Police bourdonnait au-dessus de nos têtes, raconte Vasso Varvaressou. Ils nous poussaient se servant de leurs boucliers, nous avons été frappées et insultées sans aucun ménagement. Nous avons été traitées de salopes et de poufiasses. Un moment même, ils nous ont dit: Eh salopes, puisque vos maris ne vous baisent pas chez vous, alors maintenant c’est nous qui allons vous baiser, ajoute Katerina. Deux mères ont été blessées dans ce corps à corps inédit, tandis que les membres du Comité représentatif des habitants, affirment qu’ils ont également reçu des menaces, de certains employés à la société Eldorado Gold”. De son côté, le ministère de l’Intérieur affirme que sept policiers ont été blessé, dont un qui aurait essuyé des tirs en provenance d’une arme dont les habitants se seraient servis, ce que ces derniers réfutent. Théophilos Papadakis, syndicaliste de la Police, décrit même à sa manière une situation sur place, devenue intenable: “C'est incroyable ce que nous rapportent nos confrères sur le terrain. Certains habitants utilisent des arbalètes pour lancer sur nos hommes des clous et des pierres. Ils utilisent des tuyaux, à l’intérieur desquels ils placent de la poudre, celle utilisée pour les feux d’artifice, avant de diriger leurs charges sur nos confrères. C’est bien d’investir en Grèce, sauf que ces investissements ne peuvent pas se réaliser sous la protection policière massive et permanente. On devrait les entreprendre à l’issue d’un dialogue avec les communautés locales”, d’après le reportage du Quotidien des “Rédacteurs” de ce lundi 13 mai.

Les femmes et les CRS à Chalkidiki. Quotidien des “Rédacteurs” du 13 mai

C'est un régime sous un droit d'Occupation” affirment certains éditorialistes ce matin, comme Aris Kazakos, universitaire et juriste spécialisé du droit du Travail à la faculté de Thessalonique. “C'est une première, et en même temps, un pas de plus vers l'arbitraire. La grève des enseignants n'a pas été proclamée ni même décidée, ne s'agissant à ce stade que d’une proposition formulée par OLME, la fédération syndicale de la branche. Nous avons donc à faire, à une mobilisation politique et à une réquisition préventive alors que la situation d’urgence justifiant une telle mesure conformément à l’esprit et à la lettre de la Constitution ne s’est pas concrétisée, pour le moment en tout cas. Ensuite, le droit de grève bénéficie de la présomption de légalité, et tant qu’une décision de la justice n’a pas statué autrement, toute grève demeure légale et possible, y compris pour ce qui en résulterait des conséquences prévisibles, tant sur le plan individuel, que sur le plan social et collectif. Et à présent, ce droit est étouffé à sa naissance, car il précède de tout examen légal et institutionnel pour ce qui tient à son exercice. C’est de fait, l’interdiction du droit de toute grève future qui est ainsi instaurée dans ce pays, une sorte de chirurgie policière et préventive, transformant et simultanément, l’Administration en policier, juge et bourreau exécuteur”.

Place de la Constitution, le 10 mai

Ainsi, la justice est remplacée par l'Administration, c’est à dire par le pouvoir exécutif. Et pour finir je dirais qu’après tout, les conditions requises pour la justification d’une telle mesure exceptionnelle d'après notre Constitution et de son quatrième alinéa de l'article 22, ces conditions ne sont alors aucunement réunies. Que les... réalistes ne pavoisent guère. Rappelons-nous ceci désormais: le prix à payer pour cette violation outrageuse de la Constitution, incombera inévitablement et très lourdement à l’ensemble de la société grecque. D’autant plus que cette dernière s’oblige à s’adapter à la violence et à l’arbitraire, s’agissant des règles qui s'érigent en norme pour tout ce que nous entreprenons en tant que citoyens”, Quotidien des “Rédacteurs” du 13 mai.

Régime de pays occupé”. Quotidien des “Rédacteurs” du 13 mai

Inexorablement, nous glissons... sur la pente fatale d’un avenir à moitié réalisé, pour ce qui est du régime politique post-constitutionnel, instauré par les élites “nationales”, par le FMI et par l’Union Européenne. De toute évidence, le désir ne manque pas, d’en finir et si possible rapidement, avec ce qui en reste des régimes démocratique et des souverainetés populaires, sur “son” territoire. Nos sociétés, épuisées, hypnotisées et défaites, se laissent ainsi dépêtrer, tant le fantôme du monde, et d’abord le leur, au même titre que la déréalisation minutieusement préparée et désormais acquise de leur existence, incarnent cette auto-aliénation définitive qui n’est pas qu’économique. En paraphrasant Günter Anders, je dirais que le rapport entre les citoyens et la “démocratie” devient unilatéral, la “démocratie” ni présente ni absente, devient un fantôme. L’auteur de “L'Obsolescence de l'homme - Sur l'âme à l'époque de la deuxième révolution industrielle”, et qui date notons-le, de 1956, faisait déjà observer, “que d'innombrables hommes se sentiraient plus cruellement punis si on leur confisquait leur poste de radio que si on les emprisonnait en les privant de leur liberté tout en leur laissant leur poste: dans ce cas, en effet, ils pourraient continuer à s’épanouir au soleil de l’extérieur” (vol. I, page 148).

C’est ce que j’observe en ce moment, à travers cette Grèce de l’archipel du Troïkanisme. Les divers supports du monde fantomatique et du gadgétisme à tous crins... se portent à merveille, aux mains d’une population sublimée, mais politiquement suffisamment “désamorcée”, alors que les supports et les ressorts des institutions démocratiques sont quant à eux, et pour l’essentiel, défaits. Notre brave presse politique et satirique comme “To Pontiki” peut toujours s’alarmer comme les autres journaux en ce moment, aussi du crime commis lors de la précédente occupation du pays, s’agissant du vol d’un certain nombre d’antiquités par les forces occupantes allemandes entre 1941 et 1944, mais ce n’est pas tout et d’ailleurs pas une inquiétude relevant du même ordre. Car sinon, il va falloir “s'occuper”, rapidement et sérieusement du “fantôme” pour s’en sortir, si c’est encore possible, chez nous ou ailleurs, et de même, que chez les Allemands, tout autant touchés par le “phénomène” que nous autres “fainéants” du Sud.

Sur les antiquités volées durant l'Occupation. “To Pontiki” du 25 avril

Ce même “fantôme” expliquerait disons partiellement, le manque de réactions, surtout coordonnées de la part des populations économiquement et politiquement lyophilisées, ici mais également au-delà de la Baronnie d’Athènes, et par la même occasion, offrirait une exégèse au terrible échec des gauches et du mouvement syndical ? Ces derniers s’avèrent alors plus... fantomatiques que jamais, il faut bien le dire, surtout si l’on juge par les résultats non obtenus. Le mémorandum grec, chypriote, portugais ainsi que ses variantes en Espagne, en Italie ou en Irlande, n’ont été aucunement empêchés. C’est ainsi que notre bonne presse peut toujours déplorer le sacrifice de toute une génération de jeunes, et d’ailleurs de moins jeunes dans nos pays à défaut de mieux. Vendredi 10 mai, le Quotidien des “Rédacteurs” en faisait même sa Une, à plus de 64% de chômage officiel chez les jeunes, bien nombreux sont ceux qui quittent le pays, tandis que parmi les “chanceux” qui trouvent encore du travail chez nous, il y en a beaucoup qui gagnent... merveilleusement 2 à 3 euros par heure, cela s’appelle tout simplement une zone franche, initiée de fait et de force, et pour l’instant de façon sélective quant à sa répartition géographique, par les élites “nationales” et européistes. De leur point de vue et inéluctablement, il n’y aura plus rien d’autre à attendre, telle est et demeurera leur TINA, au-delà, c’est tout simplement la mort.

Chômage des jeunes. Quotidien des “Rédacteurs” du 10 mai

Ce qui ne signifie pas pour autant que toutes nos consciences dorment. “L'action remplace les larmes”, peut-on lire sur un mur d’Athènes, près de l’ex-agence de la banque Marfin, où il y a pratiquement trois ans, trois employés ont trouvé la mort lors de la manifestation contre le premier mémorandum et qui a dégénéré, “leur” agence fut alors incendiée par des inconnus. Visiblement, ces morts, comme tous les autres, suicidés ou “diversement éliminés par la Troïka”, comme on dit parfois chez nous, nous les oublions pas. En tout cas, quatre dirigeants de cette banque sont depuis accusés d’homicide involontaire, et leur procès s’est ouvert sous un climat très lourd il y a deux semaines. D’après le reportage du journal “To Vima” par exemple, il s’avère déjà qu’outre le manque dans les mesures de sécurité, les dirigeants auraient interdit à leurs employés de quitter leur lieu de travail plus tôt, et comme de coutume, au moment des manifestations qui peuvent dégénérer. Angeliki Papathanasopoulou 35 ans et enceinte, Paraskevi Zoulia 32 ans, et Épaminondas Tsakalis 36 ans, ont ainsi trouvé la mort, c’était au tout début de l’an I du mémorandum. Au même moment, les auteurs de l’incendie volontaire sont recherchés par la police.

En mémoire des victimes du 5 mai 2010. Athènes, le 10 mai 2013

Le mémorandum finira par transformer notre pays en un immense laboratoire en perpétuelle gestation et mutation des “lieux de mémoire” à la Pierre Nora. Si cela pouvait au moins attirer les touristes, ce serait une récompense de taille pour la “gouvernance” de Samaras ! Les “touristes” finiront d’ailleurs par découvrir bientôt, les autres “vertus cachées” de la nouvelle Grèce. C’est ainsi que des grecques par milliers et pratiquement de tout âge, avec plus ou moins de... succès, “se tournent” désormais vers la prostitution pour ainsi survivre et même subvenir aux besoins de leurs familles. Le mensuel “Crash” de ce mois de mai, publie une enquête réalisée auprès certains professionnels du secteur, à savoir, les maisons closes et l’industrie du film porno. La demande explose explique un connaisseur, “même certaines femmes en âge mur et qui ne remplissent pas nos critères nous adressent leurs candidatures spontanées ou répondent à nos annonces. Telle une femme de 55 ans et au physique incompatible avec nos rôles, elle avait besoin de l’argent pour faire vivre sa famille mais aussi, pour financer l’opération de son fils malade. D’autres, se sentent rassurées lorsqu’on leur explique que certaines de nos productions DVD sont destinées au marché asiatique, souvent d’ailleurs, nous sommes sollicités par un nombre croissant de femmes mariées et évidemment, par des étudiantes. Après tout, c’est le seul moyen qui leur reste dans la douleur et dans le désespoir, pour gagner rapidement des sommes, allant de 1500 à 5000 euros, c’est tout de même triste. Ces derniers mois, nous avons reçu plus de 5000 candidatures de nationalité grecque, ce qui est nouveau, nous n’avons pu traiter qu’une petite moitié”, mensuel “Crash”, mai 2013.

Mensuel “Crash”, mai 2013


Cette même revue, dirigée par le tonitruant vieux journaliste Yorgos Trangas, s’intéresse en ce mois de mai aux salaires des dirigeants de l’UE. De l’ancien temps, on aurait dit qu’il s’agit du populisme, ce n’est plus le cas, à 30% de chômage officiel chez nous comme pratiquement aussi en Espagne par exemple. Notre Europe est belle, parfois joyeuse et bien ensoleillée par endroits, au point de favoriser les panneaux photovoltaïques allemands et non pas chinois paraît-il, sauf que contrairement à ce qu’a été convenu il y a trois ans, et en Grèce du moins, leurs propriétaires seront frappés d’une nouvelle taxe, combinée à la diminution du tarif d’achat de l’électricité par la Régie. Un prix alors supposé garanti, dans un pays où la seule... convention réellement garantie serait celle de l’alternance entre le jour et la nuit, ou plutôt entre la nuit et la nuit dans un sens.

Panneaux photovoltaïques en Béotie, le 13 mai

Dans un train, le 13 mai

Dans un train bondé en ce 13 mai, je remarque que les voyageurs ne s’adressent plus la parole entre inconnus comme avant. Il y a un an, des discussions interminables animaient les wagons, “à propos des traîtres” et des autres, mais nous étions alors en période électorale. La crise habite les esprits et traverse les discussions, tel un fantôme. “Ah ma chère, tu sais quoi ? Mon Yorgos a retrouvé du travail... pour 200 euros. Non, tu n'as pas compris, c'est par mois et pour un temps plein dans cette grande enseigne qui vend de l'informatique et de l'électronique au Pirée, près de la rocade... c'est rien de l'dire !

À la gare centrale d’Athènes, une banderole du syndicat des cheminots PAME, proche du KKE, le parti communiste, exprime l’opposition à la privatisation du secteur. Les voyageurs la regardent sans la voir, le train est à l’heure, et à l’heure du fantôme.

Gare d'Athènes, le 13 mai




* Photo de couverture: Place de la Constitution. Athènes, le 10 mai