Greek Crisis
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Monday 15 July 2013

Herr Schäuble chez les imbéciles, les idiots et les vulgaires/Herr Schäuble among imbeciles, idiots and the mondane


Ainsi soudainement, le néant idiot rend l’âme si folle, écrivait il y a déjà un moment notre poète Yorgos Sarandaris. “Antonis Samaras, Yannis Stournaras et Pandelis Kapsis sont des imbéciles, des idiots et des vulgaires”, déclare depuis Paris le réalisateur Roviros Manthoulis dans une interview accordée à l’hebdomadaire “To Khoni” du 14 juillet, s’agissant toujours et encore de la fermeture de la radiotélévision publique ERT, et tout autant de “l'invention” de la nouvelle “Régie”. Sauf qu’en Grèce de l’été 2013, le néant idiot gouverne, et le ridicule finit par tuer.

ERT, le 14 juillet

Chez ERT dimanche après-midi, l’ambiance fut bien calme. À l’image de notre cité, surveillée par les idiots de la “gouvernance”, gouvernée pourtant, par le soleil de l’été... à lui tout seul. Sur sa pelouse nettoyée on attendait les spectateurs-citoyens pour les deux concerts du soir, tandis que les “désemployés” présents gardaient encore un certain sourire: “Nous n'avons pas de nouvelles significatives ce week-end. C'est à partir de demain lundi que nous en attendons, on le sait bien, la semaine prochaine sera encore une suite d'actions”, a assuré une journaliste.

La pelouse. ERT, le 14 juillet

Un bien mystérieux message en italien à propos des “affaires importantes” accroché sur un arbre, complétait enfin cette étrange ambiance d’attente... s’agissant d’un corps social et des âmes atteints. Récemment, mes amis de l’autre côté de l’agglomération et de la dernière “rue de la fortune” au quartier de Peristeri, étaient tombés dans un... délire mémoriel dont l’objet ayant comme point de départ, d’élément déclencheur, leurs vacances d’antan:

Ah oui, c'était bien à Ithaque en 2008, mais alors quel vent ! Le canotier qui nous ramena depuis la plage inaccessible par la terre, a atteint le port bien de justesse... Je me souviens également, de cette autre côte près de la ville d’Argos dans le Péloponnèse. Il y avait tant de monde, nous avions passé deux semaines en septembre... mais c’était dans quelle année déjà ? Ah je vois, ce fut en 2009 car tout le monde parlait alors des élections à venir... Désormais cloués chez nous, nous devenons des finissants comme on dit. Nous ne savons même plus où nous adresser pour qu’on nous prête un peu d’argent. Il ne reste que de faire hypothéquer notre appartement pour peut-être enfin pouvoir emprunter disons 18.000 euros. Nous irons ainsi pouvoir régler les impôts de l’année dernière et l’avance sur l’impôt de 2013. Comme si, à la fin de l’année fiscale 2013 nous serions certainement encore de ce monde... Puis, nous allons survivre encore une petite année en attendant... mais en attendant quoi ? Qui peut encore nous le dire ? Nous passerons alors la semaine prochaine avec seulement vingt euros... il va falloir tenir et s’organiser comme on entend alors dire si bêtement. Ce n’est plus vivable. J’observe tous ces gens qui boivent encore leur café dehors ou qu’ils se rendent sur les plages. En quoi sommes-nous si différents ? La Grèce n’est qu’un film de science-fiction, il n’y a que de mondes parallèles et plus aucune cohésion, notre affaire est pliée”.

Quotidien “Realnews” du 14 juillet

C’est ainsi préoccupés par leur survie que ces amis n’iront certainement pas manifester la semaine prochaine. Ils ne sont plus concernés. Dès ce lundi 15 juillet, l’ensemble des services municipaux du pays sont en grève et on annonce déjà un rassemblement nocturne place de la Constitution ce lundi soir. Ensuite, et comme le ministre fédéral des finances... de l’Empire visitera “les territoires” jeudi prochain, l’ambiance risque de devenir assez électrique.

D’ailleurs et déjà sous le titre en première page: “M. Schäuble rendez nous, ce qui a été volé à la Grèce”, le journal “Realnews” daté du 14 juillet, insiste sur les réparations allemandes à l’occasion de la visite du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. Il publie ainsi aussi les déclarations de certains députés de la Nouvelle démocratie et du PASOK, “exigeant du gouvernement de poser les questions adéquates lors des discussions qui auront lieu, comme sur le remboursement de l'emprunt obligatoire et forcé durant l'Occupation de 1941-1944, sur les réparations relatives aux dommages causés sur les infrastructures du pays, et enfin, sur le rapatriement exigé des pièces archéologiques volées par les militaires allemands durant cette même période”.

Roviros Manthoulis, “ils sont des imbéciles”. Hebdomadaire “To Khoni” du 14 juillet

Le même quotidien publie également une lettre ouverte de Manolis Glezos, adressée à Wolfgang Schäuble, et où, le résistant et homme politique de la gauche grecque, précise sa pensée de manière explicite: “Nous ne mendions pas mais nous exigeons. Nous ne recherchons pas la vengeance mais la justice”. L'éditorial du journal, signé par son directeur Nikos Hadjinikolaou, précisément intitulé: “Ils nous doivent notre dette”, demeure dans l’air du temps et des représentations collectives bien en vogue, s’agissant de 2013 bien entendu... et non pas de 1943: “La Grèce de la récession et du chômage, la Grèce des entreprises en faillite et des suicides ne peut pas servir de scène pour que M. Schäuble y joue sa pièce du théâtre préélectoral allemand. Car il faut souligner que ses propres responsabilités ainsi que celles de son gouvernement quant à la situation actuelle en Grèce, à savoir, la désintégration du corps social, sont en effet énormes. D'autant plus que l'État allemand, et ceci avec un air de défi, refuge tout règlement de ce qui est pourtant dû”.

En paraphrasant quelque peu le poète, je dirais, qu’après trois ans de régime troïkan, nous avons plus de souvenirs... que si nous avions mille ans. Dit en d’autres termes, la guerre économique actuelle, faite contre les sociétés, finirait par apporter en “dernier recours” l’autre “solution”, celle de la guerre tout court. Déjà que certaines rubriques dans nos journaux “s'en inspirent” dans un sens, à l’image du “Quotidien des Rédacteurs” du samedi 13 juillet et son “Infowar” qui est aussi un site d’Aris Hadjistephanou.

“Infowar”, île d'Anafi. “Quotidien des Rédacteurs” du 13 juillet

Plus précisément, dans “Infowar” du samedi 13 juillet on pouvait alors découvrir un cliché datant de décembre 1935, réalisé sur l’île d’Anafi, au bout des Cyclades et de notre cycle historique. On y voit des prisonniers et exilés politiques de la gauche communiste en grève de la faim. Quels souvenirs alors oubliés durant si longtemps. Je me souviens tout de même avoir remarqué sur un rochet d’Anafi ce court slogan: “KKE”, “Parti communiste”. Tout n’a pas été finalement oublié, suite aux deux dernières décennies du crédit bancaire, et après une décennie passée, en “enfermement thérapeutique”... dans le recoin Sud du labyrinthe concentrationnaire de la zone euro. Un univers qui comme l’avait souligné Hannah Arendt au propos des camps allemands des années 1940, fait d’abord “comprendre à tout un chacun qu'il est de trop sur cette terre”, donc... délestage.

En tout cas, comme les années 1940 et peut-être bien aussi à l’occasion de la visite de Wolfgang Schäuble à Athènes, voilà que ces autres sombres mémoires des années 1930, mettent alors à leur tour un pied dehors. Qui l’aurait cru ? Le tout premier 21ème siècle est aussi cette période où les survivances fantomatiques du passé des Européens reviennent, telle une cohorte de péripatéticiennes - ce dernier mot pris dans sens premier. Je dirais à ce propos, qu’un deuxième processus moins apparent pour l’instant, est déclenché par celui bien central, de la “gestion des dettes souveraines”. Ce processus serait en cours en Grèce, et même ailleurs en Europe du Sud.

Le slogan “KKE”. Ile d’Anafi, mai 2013

Tant de générations et tant de gens qui n’ont pas connu de guerre, se disent alors prêts à en assumer le prix, “pour s'en sortir ensuite”, à l’instar de nos amis paupérisés du quartier de Peristeri qui ne jurent que par “ça”. “En attendant, nous irons nous retirer au village” affirment-ils, ils sont originaires des montagnes de la région d’Épire. Je constate qu’également, et par un certain non-dit... socialement incorrect, “nos” hommes et femmes politiques... idiots ou pas, semblent ignorer la portée potentielle d’une telle doxa.

La Grèce ? Je sais que c'est déjà plié comme affaire, de même que la démocratie. Pour en arriver à faire quelque chose de valable désormais et tout en s’opposant aux créanciers et aux vautours des marchés, il va falloir gouverner en quasi-dictature. De gauche ou de droite d’ailleurs c’est pareil, pour ce qui relève de la méthode en tout cas. La dictature de fait, elle est déjà... acquise. L’annulation de la Constitution par les gouvernements du troïkanisme a suffisamment annulé toute possibilité à un retour à 2009. C’est fichu, mais on se gargarise entre nous, tandis qu’au même moment la société laminée, se fait découpé en mille morceaux. SYRIZA dit désormais à peu de choses près, ce que la Nouvelle démocratie disait en 2011: renégociation avec les créanciers et surtout une volonté affirmée de rester dans la Zone euro. Donc c’est doublement fichu, même si le 74% d’Alexis Tsipras et le presque 30% de la représentation de la mouvance gauche désormais au Comité central, constituent une gifle pour le... Tsiprisme, autrement-dit, le nouveau Pasokisme. Je pense qu’il va falloir arriver à une scission ouverte au sein de SYRIZA et ceci si possible rapidement.”. Paroles d’Anna, il n’y a pas si longtemps d’ailleurs, elle est cadre SYRIZA et même parmi ceux, qui ne soutiennent pas Alexis Tsipras. Hier dimanche au Congrès du parti de la Gauche radicale, elle a voté “blanc”, à l’image d’environ 600 délégués issus des rangs de la mouvance gauche de Panagiotis Lafazanis. Dimanche soir certes, Alexis Tsipras a été élu à la tête du parti unifié car parait-il désormais dépourvu de ses composantes et autres courants officiels, ce qui reste tout de même à prouver.

Affiche SYRIZA et publicité pour les “Croisières étudiantes”. Athènes, le 14 juillet

SYRIZA est en train de devenir le parti des classes moyennes à la manière des socio-démocrates, sauf qu’il se trompe d’époque et au lieu du “Grand Soir”... on risque de connaitre “l'Aube” des nazillons, en bonus à la nuit du méta-monde de la “gouvernance” troïkanne. D’où toutes ces récentes secousses au sein de SYRIZA. Il y a eu d’abord, cette opposition rendue publique entre Alexis Tsipras et Manolis Glezos, toujours à propos du maintien ou pas, des courants au sein du nouveau SYRIZA. La version édulcorée de ce débat qui “finira en union” proposée par “Avgi”, le journal de la Gauche radicale daté du 14 juillet, ne reflète sans doute pas la réalité. Et d’ailleurs, “SYRIZA n'est plus dans la réalité. Sept personnes sur six dans ce pays, de gauche comme de droite rêvent désormais d'une intervention de l'armée à l'image de ce qui s'est passé en Égypte, sauf que les électeurs des partis de gauche n’osent pas l’exprimer, contrairement aux fascistes de l’Aube dorée qui eux, sont dans leur élément et de ce fait, ils boivent du petit lait en ce moment”, avaient rajouté nos amis de Peristeri. Impossible en plus, de leur faire admettre une autre vision, disons plus lumineuse car plus démocrate de l’avenir. Tout cela ne présage rien de très rassurant je dirais, notre prochain régime serait... l’héliotropisme autoritaire, sous un hyper-État Léviathan. Platon et Hobbes auront alors dans un sens gagné contre Aristote.

Alexis Tsipras et Manolis Glezos. Presse grecque du 14 juillet

Difficile à dire et encore moins à se faire une “idée préventive” disons précise, de l’état dans lequel se trouve et se trouvera notre société demain matin. Je remarque seulement que la rue grecque se montre assez bienveillante vis-à-vis du putsch en Égypte, tandis que certains médias ont rapporté dimanche 14 et lundi 15 juillet, et d’une manière assez particulière, les déclarations d’Angela Merkel “ne reconnaissant que le gouvernement Morsi comme étant le seul légitime de ce pays”. Real-FM par exemple, et sans porter à cette nouvelle le moindre commentaire. Connaissant la “popularité” d’Angela Merkel... au pays des idiots, des imbéciles et des vulgaires, on devine qu’implicitement c’est alors un deuxième niveau qui aurait été visé par certains journalistes de Real-FM. Dire alors mais sans évoquer. Car en ce moment en Grèce, le non-dit, se mêle à “nos cordes faites de cris”, pour encore abuser de l’expression du poète.

Et à l’instar des murs d’Athènes, les mélanges règnent alors en maîtres incertains des lieux et des suites historiques. Ce même “hasard” mural, a fait qu’à côté des récentes affiches de SYRIZA: “Résistance, Solidarité, Renversement. SYRIZA fort, peuple puissant par lui-même. Nous faisons le pas. Premier Congrès SYRIZA”, on découvre à l’occasion, celles d’une publicité vantant les mérites de ce nouveau produit que sont les “Croisières étudiantes”: “à partir de 199 euros par personne tout compris, dont deux boissons alcoolisées par jour”. Je remarque que Mykonos est au programme mais pas Anafi, c’est qui est déjà rassurant.

Mélanges sur un mur. Athènes, le 13 juillet

Sur d’autres murs d’Athènes et des environs, les mélanges d’affiches et d’époque semblent encore plus “évidents”. On y découvre pêle-mêle un concert, une pièce de théâtre d’Ibsen: “Un ennemi du peuple”, la lutte des “antifa” et “l'exigence de la libération” du militant anarchiste Kostas Sakkas, emprisonné sans procès depuis plus de dix ans et qui finalement après une grève de la faim il a été libéré sous caution. Le tout politique aux côtés d’affichettes faisant la promotion des séances de yoga, ou la mise en vente d’un café, ou le dernier meeting du KKE, et enfin, une démonstration à la mairie de “petits travaux manuels et utiles au quotidien”. C’est un patchwork si coloré et en apparence vivant, nous serions pourtant en apparence encore loin de cette “grande guerre”, tant pressentie par nos amis... plus paupérisés que nous.

Car au pays d’Antonis Samaras, de Yannis Stournaras, de Pandelis Kapsis, ainsi que de celui des imbéciles, des idiots et des vulgaires, tout n’est pas définitivement perdu. J’ai par exemple cru comprendre que les plages d’Attique étaient bien bondées durant le week-end dernier, tandis que les analystes nous expliquent que plus de 70% des Grecs ne partiront pas en vacances cet été. Au moins, il y a les plages proches de la capitale. Et surtout, surtout tard dans la soirée, nos radios telles 105.5 de SYRIZA ou Real-FM, n’oublient pas certaines chansons d’époque et de toute époque, à savoir, celles de Manos Hadjidakis et de Mikis Theodorakis. D’autant plus que notre Troisième Programme de la Radio publique ERA demeure “pétrifié” depuis le 11 juin dernier. Nous avons aussi remarqué que le logo-acronyme de la nouvelle “Régie publique”, ne comporte plus ce “R” qui dans ERT signifie tout simplement “Radiophonie”. Est-ce vraiment inquiétant ? Après-tout, c’est encore une œuvre des imbéciles, des idiots et des vulgaires.

Athènes, le 13 juillet

Voilà qu’à défaut de se muer en une “grande guerre”, notre méta-démocratie est déjà une énorme farce. En attendant, entre citoyens de gauche on se dispute en ce moment sur le sens à attribuer à la “crise” actuelle, “capitaliste” ou sinon “méta-capitaliste”. Depuis une semaine, certains auditeurs de la radio 105.5, pourront gagner un long week-end pour deux personnes dans un hôtel de Naxos, après avoir envoyé un SMS, la procédure est bien rodée, voire triviale. À une différence près: les... camarades iront peut-être y poursuivre le débat sur le sens de la crise... et à l’occasion, la recherche d’Ariane qui ne serait jamais bien rentrée depuis la Crète, mais il y a si longtemps.

Ce lundi midi déjà au centre-ville, les divers agents municipaux manifestent et nos poubelles ne sont pas ramassées. Un producteur de la radio 105.5 a eu au moins l’excellente idée par les temps qui courent, de consacrer dimanche 14 juillet une partie de son émission à Mario Lanza, acteur ténor italo-américain, disparu si jeune en 1959 et dont un certain doute quant aux circonstances de sa mort demeurerait encore. Dans la nuit du dimanche à lundi, un autre producteur sur cette même radio, a diffusé dans une émission “pluri-musicale”, certains chants des partisans des années 1940. En tout cas, la Gauche radicale, a défaut de radicalité, conserve au moins ces musiques, en plus d’un nom confirmé depuis hier soir: Alexis Tsipras.

Toujours dimanche mais loin de l’actualité, ce fut lors d’un “congrès extraordinaire” que certains habitants de l’immeuble ont donné un nom au chaton blanc et adespote. Mina, porte aussi désormais un collier antipuces, ce qui n’assurerait en aucun cas son avenir toujours incertain mais surveillé, d’ailleurs... au pays des imbéciles, des idiots et des vulgaires.

Mina. Athènes, le 14 juillet




* Photo de couverture: “Quotidien des Rédacteurs” du 13 juillet