Greek Crisis
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Friday, 30 August 2013

“Privaticemos a Aristóteles” (Privatize Aristotle)



D’après les symboles ou les usages, voire, certaines apparences, l’été grec s’achève bel et bien en août. Tel est le ressenti des athéniens en ce moment, sauf que nos derniers... aoûtiens, ce sont des manifestants, s’agissant des agents de l’Éducation dite “Nationale” ou de la Santé “Publique”. Place Omonoia, les cireurs de chaussures et les vendeurs de billets de loterie attendent désespérément leurs clients, visiblement, l’engouement populaire n’est plus. D’ailleurs cette semaine, le “Parlement” a adopté un amendement initiant la privatisation de la Régie de la Loterie “Nationale”. Sans doute, un effet de l’été qui s’achève.

Place Omonoia. Athènes, le 28 août

Place Omonoia toujours, c'est-à-dire “place de la Concorde” et devant l’entrée de la Banque Nationale de Grèce, la mendiante âgée retrouve alors toute “sa place” dans l’indifférence totale. Les passants pressés et... pressés par la crise s’y sont habitués, au point de ne plus prêter attention... au décor.

Leur curiosité qui ne s'étend plus jusque-là, les porte néanmoins d’admirer les travaux de réfection réalisés juste en face, c'est-à-dire à l’intérieur du bâtiment abritant le vieux café historique “Neon”. Autrefois, il faisait office de salon littéraire mais il reste fermé depuis un moment déjà. Yannis Ritsos, Yorgos Ioannou et Yannis Tsarouchis notamment, étaient ses habitués. “Aurait-il enfin trouvé un repreneur?”, telle fut en somme la question du jour et de la foule sur cette place de l’autre... concorde.

Mendiante de la place Omonoia. Athènes, le 28 août

Ex-café “Néon”. Athènes, le 30 août

Pas loin rue du stade, entre Omonoia et la place de la Constitution, et songeant à nos écrivais, peintres et musiciens, j’ai remarqué jeudi 29 août cette banderole parmi bien d’autres: “La déstructuration de la culture, c'est de la violence”. Les agents de certains ministères, de la santé, de l’éducation et de la culture, manifestaient la tête haute... et le moral en berne.

Ils n’ont pas été bien nombreux il faut dire, mais la “prestation” fut honorable aux dires de tous et sous le regard attentif des touristes. “Encore une fois, ce n'est pas la grande mobilisation, j’en suis déçue”, affirmait Kassiopi, une manifestante du jour. Elle travaille au Ministère de l’économie sous contrat de type CDI, autrement-dit, elle peut se faire licencier du jour au lendemain et d’ailleurs sans explication, autre que le “contexte” ou plutôt, le dernier décret en date.

La déstructuration de la Culture...”. Athènes, le 29 août

Agents hospitaliers. Athènes, le 29 août

On manifestait ainsi à Athènes sous 37 degrés. Peu après la fin de la manifestation, la rue du Stade a été donnée à la circulation comme on dit, ou plutôt au calme, car par une telle chaleur les rues d’Athènes furent aussitôt désertées. La grande politique alors attendra. Car en ce moment, tout le monde prédit “les grandes manifestations de l'automne, suivies ou initiées par des événements d'une autre portée, jusque là jamais atteinte”, qui sait ?

Cette semaine du moins, tous les partis de l’opposition (de droite comme de gauche) se sont mis d’accord pour boycotter la nouvelle “télévision publique DT - NERIT”, ce qui n’a pas manqué de provoquer la colère du... Ministre de la Propagande radiotélévisée de notre “Reich” eschatologique alors tout petit, Pantelis Kapsis: “C'est inadmissible, cela porte atteinte au bon fonctionnent de la démocratie”. Un comble, après la fermeture par mise à mort de l’ERT et suite aussi, à la tératogenèse “Neritienne”. Et ce n’est plus qu’un “indice de possibilité” quant à la consolidation du nouveau régime méta-démocratique, comme dirait peut-être Cornelius Castoriadis, mais plutôt la mise en œuvre d’une méthode alors implacable et fort bien calculée.

Manifestation. Athènes, le 29 août

Août finissant et notre presse du moment, ne manque pas une seule occasion lorsqu’il s’agit d’évoquer le contexte de la campagne électorale qui se déroule en ce moment en Allemagne, alors métropole de la dite “Union européenne”, car enfin ici, aux pays-strapontins de la zone euro, on apprend désormais à ne plus mâcher (tous) nos mots. À l’image de David Torres, qui depuis l’Espagne, fustige la dernière mégalomanie en date d’Ulrich Grillo et des élites bancocrates et allemandes (et pas qu’allemandes bien entendu), lesquelles, ont visiblement perdu tout sens de l’hybris. Encore une fois, dommage... et intérêts !

Para cuando llegue la Merkel con una oferta que no podamos rechazar, estaría bien intentar alquilarle el Valle de los Caídos para que monte con subtítulos en alemán un parque temático del fascismo”, écrit en conclusion de son article le chroniqueur espagnol, sous un titre évocateur: “Privaticemos a Platón”. L’autre nouvelle Europe serait alors en cours de route, du moins dans les mentalités.

Une certaine image de l'Allemagne à travers la presse grecque, août 2013

Nous remarquons tout de même “malgré-nous”, la place non négligeable qu’occupe désormais “l'Affaire grecque” dans la campagne électorale en Allemagne. Preuve, s'il en est, que les questions de ce type, relèvent plutôt des questions coloniales s’immisçant comme on sait de temps à autre, dans les élections organisées en métropole.

Nous observons tout cela et nous réalisons alors combien notre petit monde a enfin changé. Ses apparences même, sont perdues à jamais. Certains États, d’abord vidés de leurs prérogatives, bientôt ils seraient aussi vidés de leurs habitudes ainsi que de leurs... habitants. Nous réalisons mais vraisemblablement pas tous, à l’instar de cette famille de médecins qui depuis son île d’armateurs, vient de rendre à Athènes à l’occasion d’un mariage. Nous les avons croisés dans le quartier, car ils y possèdent un appartement, nous les avons aussi entendus discuter car ils parlent alors si fort inhabitués comme ils sont aux nouvelles susceptibilités et même subtilités, de l’urbanité sous les effets de la crise. Ils ont ainsi parlé assez longuement de la pluie et du très beau temps, des transferts des joueurs entre équipes de football, des nouveaux pneus de leur véhicule tout-chemin, de tout cela ou presque, qui relève alors de notre... infâme et futile passé. “Ces gens sont des extra-terrestres, d’après leurs dires, ils suivent encore les infos à la télé”, fit remarquer avec amertume Christos, le voisin. Non, tous les Grecs ne souffrent pas tant de la crise, disons que 20% de la population en serait quelque part épargnée.

Tu crois encore la télévision ??”. Athènes, août 2013

Nous ne croyons plus à la télévision, et sur la radio 105,5 jeudi 29 août, celle de SYRIZA, un syndicaliste des chantiers navals de Skaramangas près du Pirée, exposait sa version des faits réellement existants: “Venizélos, alors ministre de la Défense en 2010, a bien roulé dans la farine l'acquéreur partiel des chantiers, c’est à dire Abu Dhabi Mar. Il l'avait assuré quant à la possibilité de signer de contrats entre les chantiers et les marines d'autres pays, ce que la Commission européenne a aussitôt interdit. Depuis, le seul client possible, c’est l’État grec. En réalité, Venizélos travaille pour les allemands de ThyssenKrupp AG tout comme une partie des chefs syndicalistes qui comme on dit... ils auraient été achetés. ThyssenKrupp AG, ce fut l’autre actionnaire des chantiers, on peut toutefois comprendre, les Allemands veulent en tout cas effacer leur scandale des sous-marins qui penchent, et par la même occasion, ils font... du charme pour que nos techniciens spécialisés émigrent vers les chantiers du Nord de l’Europe. Venizélos est un escroc” (cité de mémoire).

Ces propos sont très graves, et on préférerait plutôt découvrir un bien mauvais rêve qu’une telle version éventuelle des faits. Ignorant une bonne partie du dossier - quant au scandale des chantiers navals de Skaramanga, des journalistes indépendants et ainsi libres d’esprit, devraient en enquêter davantage afin de nous éclairer, plutôt que de recycler l’affaire politiquement plus... correcte de la traque aux faux diplômés de la fonction publique grecque, à l’instar du quotidien “Le Monde”. Car il y aurait sans doute beaucoup à dire également sur les faux représentants des intérêts du peuple et du pays, et comme de (presque ?) chaque pays.

Rétrospective Luis Buñuel. Athènes, le 29 août

Certains d’entre nous, iront sans doute se consoler ou plutôt méditer, profitant de la Rétrospective Luis Buñuel en ce moment, dans une salle au centre d’Athènes. D’ailleurs et par les temps qui courent, on peut aussi ternir compte du prix promotionnel: “Deux films pour un ticket unique à 6 euros”.

Une quasi-offrande je dirais, des “Oubliés de Mexico - (“Los Olvidados”)... à ceux d’Athènes.

Heureusement enfin que nous ne manquons pas de rire à chaque occasion. Comme cette semaine devant le siège de la Banque de Grèce, où on annonce par voie d’affichage, la messe en mémoire d’un disparu. De nombreux passants avaient d’abords cru ou imaginé qu’il s’agissait d’une nouvelle blague, un canular bien de...saison. De saison, comme cet engouement pour une certaine restauration rapide et théoriquement peu coûteuse, celle des friands aux épinards ou au fromage.

Banque de Grèce. Athènes, le 29 août

Une certaine restauration peu coûteuse. Athènes, le 27 août

Qui dit que notre crise manque de goût ? En tout cas, l’été grec s’achèverait bien en août.

Animal adespote. Athènes, le 27 août




* Photo de couverture: Manifestation. Athènes, le 29 août