Greek Crisis
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Wednesday, 18 September 2013

Le dernier match/The last match



La nuit dernière dans la banlieue de Keratsini près du Pirée, Pavlos Fyssas a été grièvement blessé par un individu se réclamant de l’Aube dorée, selon les reportages du jour, et d’après sa première déposition suivant son arrestation. C’est tard dans la nuit à l’hôpital où il a été transféré, que Pavlos est mort. L’Aude dorée, côté officiel nie toute implication, pourtant tous les témoignages prouvent le contraire, Panagiotis Fyssas, le père de Pavlos évoque même “un coup de poignard d' un assassin professionnel et qui a directement atteint le cœur de Pavlos”. Son fils, artiste de hip-hop proche de l’extrême gauche dont le nom d’artiste était “Killah P”, avait alors 34 ans. Certains policiers alors aussitôt alertés et qui se trouvaient à proximité “n'ont pas pu agir car ils attendaient des renforts” précise un communiqué de la police. La Grèce corps et âme, ses enfants du Pirée et le crépuscule. Pays dans un temps mort... au beau milieu d’une semaine de presque mobilisation syndicale.

Le “Success story” d'Antonis Samaras. “Quotidien des Rédacteurs” du 17 septembre

Car cette semaine à Athènes et bien avant Pavlos, le corps blessé enseignant manifestait déjà et pour une fois, les professeurs furent bien nombreux à défiler. C’est une semaine de mobilisation comme on dit, la grève dans le secondaire est pour une fois suivie comme jamais, ce n’est qu’un début, sauf que nous ignorons tout, des suites du mouvement ou de sa fin. Il n’y a que celle de Pavlos qui est d’ailleurs si certaine. L’ordre fleuri d’Apostolos, le voisin jardinier, n’a pas été visiblement troublé par l’assassinat politique de la veille: “As-tu vu le match d'hier ? Olympiakos du Pirée a bien encaissé quatre buts, une honte”.

Pour Pavlos ce fut le dernier match car tout a commencé dans un bistrot où il s’était rendu pour suivre le match avec ses amis. En tout cas, Apostolos n’a rien retenu du reste, à par le match bien entendu. L’atmosphère sent bien les mélanges de toute sorte en ce moment. D’autant plus que l’été usuel est bien loin derrière nous, tandis que l’été réel n’aura pas encore dit son dernier mot.

Appel à la grève générale. Athènes, le 17 septembre

On peut alors être bien nombreux à manifester dans une certaine indifférence, pendant que la vie quotidienne sous le mémorandum se décompose en mille et un contrastes, désormais insolubles, si ce n’est que par les... “Freikorps” aubedoriens et leurs manières historiquement d’ailleurs connues et tristement rodées. Le prétendu “Success Story” d’Antonis Samaras prend de l’eau et pour ce qui est de sa “gueule d'atmosphère”, je n’ai par exemple jamais vu autant de sans-abris à Athènes que depuis la dite rentrée. Pourtant une apparente insouciance régnerait parmi la composante de la population qui fréquente encore dans les rues de notre capitale de la crise et pour qui, les acteurs de l’économie... “hypo-substantive” et autres mendiants sont déjà des figures si possible invisibles.

Les gens dits “normaux” sont toutefois souvent en retard... d’un imaginaire sur ce qui les frappe, par rapport aux élites bien entendu. Notre amie Sissy l’enseignante en arts appliqués vient tout juste de réaliser combien elle appartient désormais à la catégorie des vaincus, car de toute évidence, son nom figurera d’ici Noel ou Pâques sur la liste des 20.000 enseignants certifiés qui alors, perdront leurs postes. C’est ainsi que toute certification du passé est alors illusoire, et autant, que ses certitudes.

ERT, le 16 septembre

Manifestation d’enseignants à Thessalonique. “Quotidien des Rédacteurs” du 17 septembre

Motards et enseignants en colère. Athènes, le 17 septembre

Les syndicats quant à eux, ils jouent leur... post-dernière carte, elle s’avère d’ailleurs bien mauvaise à l’usage et ceci depuis longtemps. Sissy déterminée fait alors grève enfin, et pour la première fois dans sa vie mais sans illusions: “J'ai changé d'avis et d'attitude. Je sais que la fin est proche, je m'y prépare psychologiquement et même matériellement. Dimitri, mon mari s'apprête à quitter la Grèce pour exercer sa médecine dans un pays du Golfe. C'est l'énergie du désespoir... mais je me sens libérée quelque part je crois. Les syndicats aussi, ils nous ont bien berné, ils auraient dû entreprendre des actions de grande envergure dès le premier mémorandum il y a trois ans...”.

Cependant la grève dans le secondaire publique est déjà suivie à plus de 90%, du jamais vu. Le principal syndicat unitaire des enseignants, ou plutôt leur confédération, OLME, collecte de fonds pour faire face au manque dans les salaires. On prétend alors que la grève durera, seulement, toute projection dans l’avenir est quasi-impossible. Y compris lorsqu’il s’agit d’une grève et en dépit de certaines affiches qui annoncent un peu trop vite la “Grève générale à compter du 16 septembre”.

Caricature de Samaras. ERT, septembre 2013

C’est sans compter sur le changement dans la modélisation, voire dans le “modélisme” que notre nouveau régime politique nous impose. Lui en tout cas, il est implacable. Il avance par pas de géant nous laissant tout juste le temps d’apprécier parfois nos petites gloires et réussites. À l’instar de Christos, mon voisin, parti ce matin tôt enfin souriant: “Je pars travailler, c'est ma deuxième journée de travail en ce mois. Enfin, je pars en même temps que mes enfants. En ce moment ils vont à l'école mais ils ne font pas cours, comme hier et comme sans doute demain, ils sont tout juste gardés quelques heures, c’est tout”.

Du côté de chez ERT, on comprend désormais que nous entrons dans le nouvel espace créatif dit “ERT-OPEN.COM”. Une étape semble être franchie mais alors et encore c’est de l’inachevé. Les Syrizistes ainsi que les autres courageux ou “courageux” de notre Gauche sont quasi-absents des lieux, “nous avons gagné la bataille du siège, ERT, le bâtiment ne leur appartient plus”, estiment-ils parfois, d’ailleurs c’est vite dit et surtout, surtout hélas, ERT sur la bande FM déjà devient pratiquement inaudible, telle une authentique Radio-pirate de jadis et sans doute du temps d’après. Il faut s’y préparer également et surtout s’y faire.

Soirée poésie et musique”. Athènes, le 17 septembre

Les restants, résignés et combatifs, rencontrés l’autre jour au bâtiment de la radiotélévision publique ERT, parlaient de dignité et d’honneur. “Patientez encore quelques jours cher monsieur. Le Troisième Programme va renaître et nous en communiquerons alors sur les fréquences. Bande FM, ondes Moyennes et Courtes et évidemment Internet”.

Sur le trottoir, les ERTiens commémorent déjà leur victime de la crise et de ses vitesses. Il s’agit du journaliste Achilleas Panagoulis qui a connu une mort tragique à l'âge de 38 ans, quand l'aube du 4 septembre il a été fauché par une voiture dans l’avenue Mesogeion, il sortait alors du bâtiment de l’ERT. Achilleas Panagoulis travaillait dans le journal “Ethnos” il était rédacteur nocturne comme on dit, et chaque soir, il retrouvait ses collègues qui sont encore dans le bâtiment de l’ERT. C’était par solidarité mais aussi parce qu’il préparait un documentaire au sujet l'occupation du bâtiment et sur la mobilisation de son personnel après la fermeture de l'ERT.

Ceci est dédié à la mémoire d'Achileas”. ERT, le 16 septembre

Achilleas, Pavlos, Dimitri et tous ces autres qui font de ce blog... un genre nécrologique de type nouveau. Heureusement que nous organisons encore ces soirées “Poésie et musique” au centre-ville et que l’anniversaire du décès de Maria Callas a été célébré par de concerts en plein air et ouverts à tous.

Mémoire de Maria Callas. Athènes. “Quotidien des Rédacteurs” du 17 septembre

Samedi 14 septembre, un spectacle et concert en présence et en honneur de Mikis Theodorakis a été organisé sur l’île de Makronisos, ce lieu de déportation où Mikis fut exilé en 1948. D’après le reportage dans la presse du lundi, l’émotion fut grande. “Résistons !”, s’est exclamé le compositeur et homme politique devant une foule de quelques milliers de personnes. C’est dire combien, notre temps est en ce moment mitigé et changeant. Parfois c’est même beau... que d’y participer.

Vue de l'île de Makronisos. 2012

Makronissos, le 14 septembre 2013

En préparant le spectacle “Poésie et musique”. Athènes, le 17 septembre

Athènes, ses plaies tout est alors spectacle ouvert. Nos touristes, toujours éblouis, se font photographier place de la Constitution, parfois comme si de rien n’était.

Enfant furtif. Athènes, le 17 septembre

Touriste. Athènes, le 17 septembre

“Touristes”. Athènes, septembre 2013

Dans un moyen... grand-magasin vendant entre autres de l’électronique et des consoles de jeu, deux enfants des rues y ont trouvé refuge, d’autant-plus qu’ils se consolèrent à n’en plus finir devant les consoles en démonstration. Ce n’est qu’après une course poursuite initié par les vigiles des lieux que les deux... enfants furtifs ont alors quitté le rêve en vitesse sous le regard “exotique” des rares clients.

Et pour demeurer sans doute dans l’exotisme, Valéry Giscard d'Estaing accompagné d’Antonis Samaras et du Maire d’Athènes s’autorisant une promenade près du jardin botanique de notre ville en marge du colloque organisé par l'International Herald Tribune lundi 16 septembre ont estimé que “le populisme menace la Démocratie”. Bonne blague ! Avant que la Troïka (Union Européenne, FMI, BCE) ne nous gouverne définitivement par décrets, l’Aube dorée par exemple obtenait aux élections législatives entre 0,07% (en 1996) et 0,29% (en 2009). Un double mémorandum aura suffi pour qu’aux élections de 2012, les Aubedoriens atteignent désormais 7% des suffrages exprimés. Pavlos Fyssas, l’a bien vu venir...

Adespote. Athènes, le 17 septembre




* Photo de couverture: Motards et enseignants indignés. Athènes, le 17 septembre