Greek Crisis
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Thursday, 19 September 2013

Enterrements/Funerals



Pavlos a été inhumé ce midi. Devant les kiosques d’Athènes jeudi matin, il y a plus de monde que d’habitude. On regarde et on lit les titres des journaux. Personne n’ose s’exprimer. “Vous représentez 15% en termes d'influence et vous commettez un meurtre. J'ai honte d'être Grecque, j'ai honte d'élever mes enfants dans un pays d'assassins. Vous provoquez en moi de la honte et du dégout. Honte aux policiers de l’unité DIAS, ils ont préféré observer pour n’intervenir qu’après le meurtre. Bon voyage mon ami, que la terre te soit légère et que la chanson des ‘Premiers morts’ t’accompagne”, message laissé par une mère à l’endroit où Pavlos Fyssas est tombé mercredi soir, grièvement blessé par le couteau de l’aubedorien Yorgos Roupakias.

Vous représentez 15%...”. Athènes, le 19 septembre

La chanson n’est autre que celle des “Premiers morts”,

de Mikis Theodorakis et dont le parolier fut Alexandros Panagoulis, torturé par les Colonels, arrêté... en d’autres temps, suite à son attentat manqué contre le chef de la junte, Yorgos Papadopoulos. La Grèce revit son mauvais quart d’heure après une éternité déjà sous la junte de la Troïka. Yorgos Roupakias a agit de sang très froid, alerté d’abord par un autre membre de l’Aube dorée qui lui avait téléphoné lui demandant d’agir. Roupakias descendit de sa voiture, pour aussitôt s’acharner sur sa victime déjà repérée.

Pavlos Fyssas

D’ailleurs Pavlos Fyssas, n’est pas le premier mort, assassiné par l’Aube dorée. Il y en a eu bien d’autres, éponymes et parfois anonymes... des immigrés évidemment. Dans un communiqué diffusé par le site internet de l’Aube dorée, “nos” nazis du temps présent, alors précisent, que “l'appartenance politique de l'auteur du meurtre n'est pas établie. Il avait certes visité nos locaux mais cela ne veut rien dire et encore moins faire de ce crime un assassinat politique, comme le veulent les perroquets du système médiatique et politique”.

Yannis Roupakias au sein de l'Aube dorée

Yannis Roupakias et un député de l'Aube dorée

C’est déjà une autre version “de l'appartenance” que celle d’hier, étant donné que la presse diffuse certaines photographies bien parlantes depuis ce matin. La tribune de la semaine de l’hebdomadaire politique et satirique “To Pontiki”, souligne à juste titre la gravité des faits du jour, et de la situation en général.

Le nazisme qui pousse provient bien de la graine de la peur. C’est la peur qui l’alimente. L’Aube dorée c’est cette plante horrible qui depuis trois ans a poussé de manière gigantesque. Cette graine a été plantée en Grèce de manière très méthodique. Sa semence fut l’œuvre des usuriers et autres créanciers internationaux, épaulés et soutenus par un système politique local bien docile: Les élites politiques et économiques ont ainsi œuvré pour ainsi fabriquer l’impasse, l’asphyxie et même la culpabilisation de la société grecque. Autrement-dit, sa destruction. Un rôle primordial dans la pérennisation et le maintien de cette peur, est toujours incarné par les médias qui dès le départ, imposent la voie unique de la catastrophe actuelle comme étant la ‘seule solution’. Il va de soi qu’ils dénigrent en même temps, toute forme de résistance démocratique, qui serait alors et à leurs yeux, ‘extrémiste’ ou ‘violente’. C’est en somme, l’ultime combat d’un système politique docile face aux créanciers et qui ne veut toujours pas assumer sa propre culpabilité. Le renversement brutal et violent que les vies de tant de millions de gens ont subi, a été présentée par les élites et leurs médias comme une ‘nécessité’. Et toute forme de résistance sociale face au démantèlement des droits sociaux, liés au travail et démocratiques n’a été accueillie que par la calomnie. C’est ainsi que le désarroi de toute une population, a poussé cette dernière dans les bras des nazis, qui savent alors comment exploiter l’indignation, le manque de mémoire historique et l’inculture”.

Sur un mur d’Athènes, septembre 2013

Et lorsque Kostas Vaxevanis, l’éditorialiste de la revue “Hot Doc” et du site koutipandoras.gr, a évoqué le cas de certains collaborateurs d’Antonis Samaras qui par le passé (récent), ont soutenu de thèses minimisant, à la fois la violence exercée par les occupants Allemands en Grèce dans les années 1940 et la réalité du génocide des Juifs, on comprend mieux ce que l’on savait déjà sur le côté obscur... de la Grèce, (émission du 19 septembre, radio de SYRIZA, 105.5).

La République de Weimar dans la presse grecque. 2013

On évoque déjà à Athènes ce climat de “guerre civile”, signe qui plus est, de “notre République de Weimar renouvelée”. Mais alors, c’est encore se servir des survivances dans les représentations pour ainsi expliquer et prédire la mort à venir ou à combattre, si possible.

Nous finirons par inventer autre chose que l’Aube dorée, et autre chose que le troïkanisme de l’Union Européenne... ou nous finirons tout court. On le sait désormais. C’est une opinion de plus en plus répandue, exprimée ou pas, déjà que d’après le dernier eurobaromètre, à plus de 80%, les Grecs n’accordent aucune confiance à l’Union Européenne.

Devant le kiosque. Athènes, le 19 septembre

En faisant face pour l’instant au lent génocide économique imposé d’en haut, et autant, aux nazis assassins d’en bas, les esprits et les corps démocrates de ce pays souffrent alors comme jamais, en tout cas depuis plus de quatre décennies.

Dans l’attente ou dans l’attentisme, on laisse de plus en plus nourriture, habits et chaussures sur les trottoirs, car “c'est pour les autres” comme on dit. L’Aube dorée lorsqu’elle “nettoyait”, c'était aussi chez les autres, voilà ce que certains aimaient alors répéter.

Chaussures sur le trottoir. Athènes, le 18 septembre

Nourriture sur le trottoir. Athènes, le 18 septembre

Et au bout du chemin c'est la Junte”, peut-on toujours lire sur certains murs de notre capitale de la méta-démocratie. On s’y fait, on se balade et on enterre nos morts.

“Et au bout du chemin, c'est la Junte”. Athènes, 2013

Enterrement de Pavlos Fyssas. Athènes, le 19 septembre




* Photo de couverture: Athènes, le 19 septembre