Greek Crisis
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Wednesday 13 November 2013

Le régime de l'insignifiant/The regime of the insignificant



L’insignifiant règne, il imposerait même sa loi au pays. La motion de censure déposée par SYRIZA à l’encontre du gouvernement Samaras a été et comme prévu rejetée, il faut le dire, dans l’indifférence quasi-générale. Du côté du parti de la Gauche radicale on se félicite certes “de la fragilisation du gouvernement, suite à la défection d'une élue pasokienne”, et quant aux coalisés du côté obscur de la force et de la Troïka, tel Antonis Samaras en personne, ils estiment alors que “le gouvernement accomplira sa mission jusqu'au terme de la législature, autrement-dit jusqu’en 2016”. En Thessalie et après la récolte, le maïs a été très mal vendu cette année, la crise règne, et elle impose certainement son prix.

En Thessalie occidentale, novembre 2013

Le visiteur attentif remarquera sans doute l’approfondissement quant au pourrissement de la situation et autant des psychismes, phénomène qui n’épargne plus nos campagnes. “Nous nous sommes habitués à la nouvelle situation, voilà que c'est fait, et c’est mortel” explique Anestis. Il y a encore six mois il fustigeait les politiciens à chaque fois en disant bonjour ou bonsoir, il n’a pas changé d’avis ni même... d’amertume, sauf qu’il préfère ne plus en parler. Après-tout et dans ce pays tout a été déjà dit au propos de la crise, d’où sans doute cet détachement vis-à-vis de la motion de censure.

Dans ces campagnes, ce n’est pas non plus la deuxième mort de l’ERT qui préoccupe les esprits, ni la première d’ailleurs. Notre monde athénien semble lointain, les luttes, les hués de la Troïka devant le ministère comme autant mardi 12 novembre, tout semble lointain, hormis certaines mesures Troïkannes récentes, plus frappantes que jamais car concernant l’ensemble du territoire et plus précisément le monde rural. Il faut dire que la nouvelle taxe sur la terre agricole provoque tant de remous, c’est ainsi que les petites marionnettes des élus du département issus de la majorité, propagent ici ou là cette rumeur qui consiste à faire croire qu’une telle mesure ne passera pas. Le plus étonnant c’est que certains y croient encore (un peu) !

En Thessalie occidentale, novembre 2013

Quoi qu’il arrive, tout le village est occupé en ce moment car après celle du maïs, c’est la saison de la... récolte du bois. À part visiter la forêt proche en... randonneurs à la tronçonneuse, certains arbres en bordure des départementales finissent aussi par se faire tailler trop court, lorsqu’ils ne disparaissent pas à leur tour de nuit de préférence.

Nos plus anciens se remémorent alors les années 1940-1950, d’autres, plus jeunes et... à la mémoire immanquablement courte, quittent le village pour l’Allemagne, plus de deux cents habitants sur les 1.300 que compte ce bourg tentent l’aventure dans leur nouvelle vie économique entre Munich et Hanovre et ceci, en l’espace de deux ans seulement. “Mon cousin me dit que même si son salaire allemand n'a rien de mirobolant, il se sent heureux car il a retrouvé le bonheur de recevoir une vraie et régulière paye à la fin de chaque mois. Il peut alors sortir, faire ses courses, programmer une balade, voire, ses prochaines vacances, en Grèce forcement !”, raconte alors Aris au café du village.

En tout cas tout le monde se moque de la dernière mesure annoncée du gouvernement, elle n’est pas encore définitive paraît-il, elle consiste à infliger une amende de deux mille euros à tout ceux qui brûleraient trop de bûches dans leurs cheminées en ville, histoire de “lutter contre la nouvelle pollution hivernale”... après avoir triplé le prix du fioul domestique et anéanti les salaires et le travail comme jamais auparavant dans ce pays, depuis très longtemps en tout cas.

Du pain, de la ‘Paideia’ et de la liberté” en accès interdit. “Quotidien des Rédacteurs”, novembre 2013

C’est entre deux bûches et trois poules au jardin, que le funeste Antonis Samaras vient d’annoncer sa prochaine priorité: “fournir le libre accès à Internet par une Wi-fi ouverte et accessible à tous”. Nos caricaturistes se sont ainsi souvenus de cette vielle revendication et en même temps slogan très populaire des années 1960-1970 et qui revient en force depuis déjà le premier mémorandum du “petit Georges” (Papandréou): “Du pain, de la ‘Paideia’ et de la liberté”, la “Paideia” étant en grec ancien (et moderne) l’éducation, si possible, conduisant à la vertu.

D’où le grotesque ajouté à l’hybris, ce dont les conseillers d’Antonis Samaras en haute technologie ne comprendront nullement... manquant de Paideia et certainement pas de pain. C’est dans pareil climat que le parti de la Gauche radicale a rassemblé finalement assez de monde dimanche soir place de la Constitution, au moment de la discussion de sa mention de censure. Les participants... radicalement amers, avaient crié et à juste titre ce vieux slogan, puis, ce fut le silence comme pour notre ERT.

Partez maintenant”. Manifestation SYRIZA, place de la Constitution le 10 novembre

Mais en attendant, la conscience collective creuse... son trou, méthodiquement, et dans un silence relatif. Puis, de temps à autre, il y a comme de la lave qui sort des entrailles de la terre sociale mais en quantité encore contenue. Mais de justesse. Au centre des impôts, un vieil homme devait par exemple prouver que son entreprise ne subsiste plus, pour ne pas se voir obligé à verser une surimposition plus qu’aberrante.

C'était une entreprise familiale. Elle a cessé son activité en 1979. Mes frères qui étaient en même temps mes associés sont déjà morts bien avant ce maudit mémorandum. Ils ont eu de la chance quelque part. Rien n’était informatisé à l’époque. Comment alors prouver que cette entreprisse n’était pas assujettie à la TVA alors que la TVA n’existait pas en Grèce avant les années 1980 ? C’est pourtant logique... Le fisc a déniché, Dieu sait comment, des listes contenant l’ensemble des entreprises du pays depuis la fin de la dictature des colonels, et à depuis, on convoque les intéressés car il va falloir prouver que tout était en règle au moment de la cessation de l’activité, c'est-à-dire que de dettes ne subsistent pas depuis envers l’État. Au lieu de prendre l’argent auprès de leurs amis d’aujourd’hui et de toujours, grands tricheurs devant l’eternel, patrons de presse et rois du BTP, on nous torture ainsi à faire la queue, alors qu’il y seulement la moitié des agents, suite à la fermeture de plus de 200 centres des Impôts. Je comprends à présent, ce s...ard de Samaras raconte des idioties. Cette junte de la Troïka ira jusqu’au bout, c'est-à-dire jusqu’à notre élimination physique. Cette histoire finira alors mal, très mal, car ce n’est pas la guerre civile qui nous guette mais plutôt, le jour viendra, celui de la punition féroce et... incontrôlable des dirigeants actuels, il y a certaines têtes qui vont alors tomber”. J’ai remarqué que tout le monde se mit d’accord de même que les agents... notre volcan serait ainsi très actif. Le feu couve en Grèce.

L’Espagne et la Grèce, novembre 2013

Une partie de la presse grecque remarque aussi en ce moment cette autre “mort subite” de la télévision publique de Valence en Espagne, ERT ne fut qu’une “bonne manière” en quelque sorte dans le processus d’apprentissage de la méthode, la vulgarité en plus. Nos régimes oligarchiques-libéraux et néanmoins d’une certaine potentialité démocratique cependant réelle, se transforment sous nos yeux en régimes oligarchiques-autoritaires à forte (?) potentialité totalitaire, si rien ne change en tout cas et à terme.

Tous les quarante ans il y aurait un pas vers le fascisme, justement ce laps de temps exact, entre deux générations, celle qui en a fait l'expérience et la nouvelle”, plus ignorante que jamais, suggère cette semaine un récent dessin du “Quotidien des Rédacteurs”. Trois dates sont alors retenues, 1933, 1973, répression de la révolte des étudiants de l’École Polytechnique d’Athènes par la junte des colonels et enfin 2013, autrement-dit, le renforcement de l’Aube dorée et autant, l’invasion du siège de l’ERT par les MAT (CRS grecs). N’oubliant pas la petite histoire, j’y ajouterais que pour ce qui est de 1973, on sait maintenant que cette révolte fut en quelque sorte “attisée” par la clique d’Ioannidis, il a ainsi pris la place de son condisciple le colonel Papadopoulos, ce dernier étant fort discrédité après la répression de cette révolte.

Le pas du fascisme, tous les quarante ans. “Quotidien des Rédacteurs”, novembre 2013

La répression, devient déjà la première règle de gouvernement de nos jours, lorsque toutes les autres règles et institutions ont tendance à disparaître. Et omme nous le rappelait déjà Cornelius Castoriadis en commentant Rousseau, “en un sens, aucun peuple, aucune classe sociale ne peut être opprimée sans y être aussi pour quelque chose. Vieux problème, grand problème, et toujours actuel. Car il est certain qu'aucun système ne saurait tenir uniquement grâce à la répression externe, il ne peut tenir que moyennant aussi un degré d’intériorisation du système par une bonne partie de la population. Et là commence une discussion océanique: jusqu’à quel point est-il possible d’échapper à la manipulation que l’on subit dans la société dans laquelle on est ?”, (“Thucydide, la force et le droit”).

Nous nous posons alors toujours cette même question, sauf que le changement, sinon dans les attitudes, du moins dans les prédispositions, est visible. L’intériorisation de la propagande atteint déjà certaines limites en Grèce, c’est incontestable.

Reportage... illustré. TVXS, novembre 2013

De tout cet avenir incertain et déjà si épuisant certains n’en verront rien. Nikos, le voisin au village venait tout juste de recevoir en cadeau de son beau-père, une quarantaine de moutons et de brebis. Tassos avait ainsi voulu aider son gendre pour un redémarrage, si possible dans une autre activité car Nikos le carreleur était au chômage depuis deux ans. Ce capital... “zootique” avait alors coûté sept mille euros, en plus de la construction de la cabane du berger et du grillage à poser.

Car il faut bien prendre ses précautions dans nos campagnes, tout se fait voler désormais. Yannis, le voisin de Nikos a... perdu une centaine d’arbustes parmi les quatre-cent qu’il avait alors planté en attendant la récolte des premiers fruits pour 2014, voire pour 2015. C’est durant les travaux de finition de la bergerie que Nikos a alors succombé d’un épisode cardiaque. Il avait tout juste cinquante ans. Yannis prétend que c’est le chômage qui l’aurait ainsi miné de l’intérieur. En tout cas, Nikos sera définitivement aussi délivré... des manipulations globales en cours. Autant dire qu’il n’était aucunement question de la motion de censure déposée par SYRIZA à l’encontre du gouvernement Samaras, chez Yannis, comme chez Nikos.

L’insignifiant règne, il imposerait même sa loi et ses morts.

En Thessalie occidentale. Novembre 2013




* Photo de couverture: En Thessalie occidentale, novembre 2013