Greek Crisis
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Tuesday, 26 November 2013

L'effondrement/The collapse



L’effondrement est dans l’air du temps sauf que ce dernier s’éternise. Les voisins qui sont au chômage l’expriment ainsi à leur manière: “Nous faisons tout pour préserver notre dignité. Nous arrivons toutefois à une situation limite. Nos enfants trouvent parfois que le réfrigérateur est bien vide... et c'est insupportable. Pour le reste, nous n’avons plus peur de rien. Nous devons dix mille euros aux impôts et autant à la Sécurité Sociale depuis deux ans, après la faillite de notre petit commerce. Nous regardons à la télévision des reportages tous les soirs sur ces foyers, ces familles privées d’électricité parce qu’elles n’arrivent plus à payer”. Effectivement. Ces foyers se comptent désormais par dizaines de milliers en Grèce. La zone euro... c’est l’Europe sans l’électricité !

Creusez-vous la tombe du peuple ou bien la vôtre ?”,“Quotidien des Rédacteurs” du 23 novembre

Au même moment, la presse de la semaine rapporte que le parti de la Nouvelle Démocratie, d’Antonis Samaras et apparemment... des escrocs internationaux (malgré lui ?) n’honore plus ses factures d’électricité ni les taxes qui lui sont liées, les impayés s’élèveraient alors à plus d’un demi-million d’euros. Et lundi 25 novembre, sur la chaîne de télévision propagandiste de notre régime méta-démocratique (MEGA-TV), le ministre des Finances Stournaras s’est pourtant vanté des emprisonnements et des saisies massives pour dette envers l’État bancocrate.

Telle une chômeuse en Crète et qui élève seule ses enfants dont un souffre d’un handicap. Jusqu’au début de cette semaine elle survivait grâce à la solidarité de terrain et de notre dernier humanisme restant ; désormais, elle est mise en état d’arrestation pour une vieille contravention datant du temps où elle se déplaçait encore en voiture à Athènes. D’après le reportage du jour (Real-FM), les policiers de la ville de la Canée seraient autant accablés que tout le monde de cette affaire.

Sur cette même radio, il fut aussi question mardi matin du... “travail effectué par le ministre de la Santé (et plutôt de la mort organisée) au profit des multinationales allemandes et celles d'autres pays, dans la mesure où il sert leurs intérêts directs via la mise en place de la politique dite des médicaments génériques et autant, dans le but de démanteler l’industrie pharmaceutique nationale restante. Ce ministre sera bientôt balayé par la vague populaire qui gonfle de jour en jour”, (Yorgos Trangas, Real-FM, 26 novembre, cité de mémoire).

Tempête, 2013

Toute la presse non inféodée aux tenants de la méta-démocratie dénonce alors cette attitude du ministre de la Santé, cet ancien du parti d’extrême-droite LAOS transfusé à la Nouvelle démocratie d’Antonis Samaras depuis la “gouvernance” du banquier Papadémos. Ce dernier, a été institué de fait dans “ses” fonctions par Angela Merkel avec l’aimable participation de Nicolas Sarkozy, du temps où leur duo a politiquement décapité... notre certes funeste Georges Papandréou au Sommet de Cannes il y a déjà deux ans et une éternité.

D’après ce que l’ancien premier ministre José Luis Zapatero expose dans son dernier livre, on sait combien le diktat d’Angela Merkel fut si fortement entendu en Europe depuis. Je note que ce livre est déjà très médiatisé en Grèce, y compris par la presse pourtant proche du pouvoir en place, tel le quotidien conservateur “Kathimerini” dans son édition du 26 novembre.“Durant cette nuit fébrile, Zapatero raconte comment il a été freiné dans sa réaction par son propre constat: 'J'ai alors senti combien les gouvernements démocratiques sont si faibles face aux forces du marché'. Il a été de même très surpris du réveil des vieux démons qu’il croyait pourtant enfouis au fond de la poubelle de l'histoire européenne. Au cours d’un diner très lourd émotionnellement, les dirigeants européens ont alors échangé des attaques au vitriol, suscitant des souvenirs issus de l'époque de la Seconde Guerre mondiale, ce qui a rendu Barak Obama embarrassé et ainsi préoccupé. ‘Ceci n’a duré que cinq minutes, mais dans ces cinq minutes, ce qui a été entendu fut en quelque sorte la concentration de toutes les larmes versées à travers l'histoire récente de l’Europe’, écrit M. Zapatero, nous laissant deviner les détails de ce qu’il qui évite à nous raconter”. Je remarque tout simplement que ce livre en somme assez concluant (même indirectement) sur la fin effective de la dite “Union Européenne” demeure largement ignoré de la presse française me semble-t-il. Dommage.

Aux soins intensif dans un hôpital d'Athènes. Novembre 2013

Nous assistons à notre mort en direct mais étant fort bien informés de tout... dans une époque ainsi formidable. Encore une fois les masques tombent comme jamais depuis la fin de la dictature des Colonels, ou de celle de Francisco Franco. On... savoure alors comme on peut notre si “Belle Époque” du siècle d’après.

Sauf ceux qui ne savoureront plus grand-chose et qui nous regardent sans nous voir, comme dans un service des Soins Intensifs d’un hôpital athénien. Les médecins reçoivent les proches de ceux qui sont déjà bien loin au-delà de la dignité et de l’adversité. Et le lent génocide économique imposé à nous tous par la Troïka (UE, FMI, BCE) a déjà fait disparaître plus de 1.200 lits pour soins intensifs en Grèce, et à Athènes, plus de deux cent chambres ainsi spécialisées restent inutilisées par manque de personnel (reportage Real-FM du 26 novembre).

Et pas plus tard qu’avant-hier, le ministre de la santé a annoncé la mise “au régime de disponibilité” d’un grand nombre de médecins et d’infirmiers, commençant par ceux des hôpitaux psychiatriques. En signe de protestation, ces derniers ont symboliquement muré l’entrée de leur hôpital à Dafni près du Pirée.

Ces derniers ont symboliquement muré l'entrée à Dafni”. “To Pontiki” du 25 novembre

Mes amis chômeurs ou employés mais non rémunérés depuis plusieurs mois, s’en sortent donc comme ils peuvent. Certains tentent leur “chance” auprès des banques en hypothéquant leurs appartements pour un ultime emprunt qui ne sera de fait jamais remboursé. C’est un moyen afin de tenir un an ou deux dans une certaine dignité, en espérant le renversement de la situation, autrement-dit, l’effondrement pressenti, voire souhaité.

Nous savons d’ailleurs que la “libéralisation” des saisies pour dettes frappant même les résidences principales exigée et obtenue par la Troïka et qui entera en vigueur au 1er janvier 2014, vise à faire transmettre aux banques la propriété d’un grand nombre de biens immobiliers. C’est ainsi qu’elles pourront alors incorporer ces actifs dans leurs bilans, avant de les vendre aux fonds vautours internationaux qui alors se trouvent déjà en Grèce et spéculent sur nous pendant que nous mourons avec, ou sans soins intensifs.

Pour une bonne partie de notre presse et pour 90% des Grecs, Antonis Samaras, Yannis Stournaras, Evangelos Venizélos (et autant les autres politiciens de la dite Europe actuelle) sont les serviteurs de ce système mafieux international érigé en régime politique absolu du XXIe siècle.

Étrange époque. Alors privés des nos hôpitaux psychiatriques nous serions pourtant guéris des mensonges de jadis. Impossible de dire pourtant et pour l’instant quel sera l’impact de cette prise de conscience brutale et assez généralisée.

Athènes, novembre 2013

Chien et vie de chien. Athènes, novembre 2013

Nos images de la pauvreté mêlée à la paupérisation deviennent enfin de plus en plus... acceptables au quotidien s’offrant aux regards alertes ou blasés, c’est selon. Enri Canaj, excellent photographe venu d’Albanie, expose chez nous ses terribles prises de vue, son exposition a pour titre: “Ombres à Athènes”. Ainsi, nos zones sombres créées par l'interposition de la Troïka et des nos vies déréalisés se multiplient en effet au point d’en alerter même certaines franges de la bourgeoise du pays. Autant dire que les semaines du “gouvernement” Samaras sont comptées.

Et pour preuve cet éditorial, “La colère sourde de la bourgeoisie” du quotidien “Kathimerini” daté du lundi 25 novembre: “Une grande partie de la bourgeoisie grecque est dans l'impasse. Elle verse des montants exorbitants de son argent en impôts, pour ainsi faire face à un État complètement absurde, lequel se permet de publier en une seule année, pas moins de 695 circulaires interprétatives aux les questions fiscales. Elle est appelée de nouveau à payer des impôts excessifs sur la propriété, tandis qu’elle affronte déjà la perspective de la confiscation formelle ou substantielle de ses biens. Ces gens des entreprises qui travaillent durement et qui sont les adeptes du bon sens, ne veulent pourtant pas soutenir les soi-disant forces anti-systémiques de l'échiquier politique. Cette bourgeoise compose après tout l'épine dorsale de la société civile et de la Démocratie. Sauf que d'autre part, elle veut voir un système politique gérer l'argent public et l'État de la même façon qu’elle-même, gère les capitaux qu’encore elle parvient à posséder. Ces bourgeois sont en train de patienter pour enfin trouver un État dont les mécanismes seront favorables aux citoyens et qui ne traitent pas tout le monde comme des voleurs potentiels, en attendant la saisie potentielle de leurs biens. Ils perdent alors leur patience et ils ne supportent pas le moindre soupçon de népotisme ou de gestion opaque. Ceux qui ignorent cette colère sourde mais fort orageuse, commettent alors une grave erreur”.

Alexis Tsipras vu par le quotidien “TA NEA” du 20 novembre

Le groupe de presse historiquement systémique DOL, (TA NEA, TO VIMA, MEGA-TV) s’oppose de manière très forte au parti de la Gauche radicale ces dernières semaines. Chez SYRIZA, on souligne simplement que “lorsque nous arriverons au pouvoir, votre financement occulte, toute cette manne financière dont vous bénéficiez depuis le monde des banques sans presque jamais rembourser, tous ces impôts et taxes impayés depuis des décennies vous seront alors exigés” (voir par exemple les déclarations et les articles publiés par le quotidien de SYRIZA “Avgi” depuis un mois).

De son côté Yorgos Trangas, à travers un reportage publié dans le mensuel “Crash” qu’il dirige, croit dénoncer “l'escroquerie chronique mais alors aggravée depuis quelques années des firmes automobiles allemandes BMW et Mercedes-Benz, et qui consiste à sous-facturer les véhicules neufs importés en Grèce pour ainsi verser largement moins de taxes à l’État grec, comme cette taxe est basée sur le prix dit d’usine. L’administration fiscale perd ainsi quelques millions d’euros et les autres importateurs seraient sur le point de saisir la justice grecque”, mensuel “Crash”, novembre 2013.

Et enfin, les anciens employés au quotidien appartenant au journaliste Serafin Kotrotsos, ont alors dénoncé à leur tour et violement la semaine dernière, l’attitude de l’intéressé. Après la fermeture de son journal, il leur doit effectivement salaires et indemnités. Kotrsotsos, ancien directeur du bureau de presse aux JO d’Athènes en 2004 et qui s’autoproclame “journaliste anti-mémorandum” (à Real-Fm entre autres), a eu l’idée de présenter son nouveau livre “qui dénonce les rapaces de la finance internationale” dans un grand hôtel athénien. À part les journalistes, il y a eu aussi des invités et même orateurs, issus du monde politique, de la Nouvelle démocratie, du PASOK et surtout de SYRIZA, dont les députés de la Gauche radicale, Yannis Dragasakis et Rena Dourou.

Athènes, novembre 2013

Les ex-salariés spoliés de Kotrotsos ont fait irruption dans la salle semant alors la panique. “On ne peut pas se présenter comme appartenant au camp anti-mémorandum lorsqu’on applique déjà le pire mémorandum sur ses propres salariés. Nous ne sommes pas dupes”. Serafin Kotrotsos a contre-argumenté: “J'ai tout fait pour être en règle, impossible, je mets en vente ma résidence secondaire à présent pour pouvoir à terme régler cette dette”.

La présentation de son livre a été ainsi interrompue, puis annulée. Tout le monde a quitté la salle dans la précipitation sous la pression... du bas peuple spolié, dont les députés SYRIZA, et à ma connaissance, c’est alors une première. “Je ne savais pas, maintenant que je sais je me retire du panel des orateurs en signe de solidarité envers les salariés” a déclaré Yannis Dragasakis sans pour autant convaincre grand-monde.

Et pour finir, le ministre de la... Santé Adonis Georgiadis, prétend ce mardi 26 novembre que comme une firme pharmaceutique a acheté un temps publicitaire auprès de la radio 105,5, “bien au-delà des 3.600 euros officiels il y aurait du financement occulte de SYRIZA”. Pauvre Adonis et pauvres de nous.

L'euro. “To Pontiki” du 19 novembre

Plus sérieusement, lundi 25 novembre, Alekos Alavanos, ancien chef de SYRIZA et mentor d’Alexis Tsipras et de jadis, initiateur depuis un an du parti (très actif) du “Plan-B”, a souhaité intervenir lors de l’émission sur la chaîne MEGA-TV. L’échange avec Yannis Stournaras des Finances et des banques fut bref mais vigoureux. Alekos Alavanos préconisant la sortie de la Grèce de la zone euro a fustigé la politique du ministre des Finances en induisant que “la rigueur appliquée en Grèce est une politique outrancière et qui laisse le peuple exsangue. Nous sommes dans une situation extrême. Vous devriez sentir le peuple grec. La société grecque ne peut pas supporter davantage d'austérité, d'après votre politique, la Troïka ne quittera jamais la Grèce”.

Pour le ministre des Finances, “le pays devrait harmoniser ses déficits car au sein d'une Europe fédérale les uns se font contrôler par les autres”. “C'est une honte, tous les autres pays ont un plan B quant à la possibilité pour un pays que de quitter la zone euro, tous sauf la Grèce. J'ai honte M. Stournaras lorsque vous négociez avec les sous-fifres de la Troïka, la Grèce ne mérite pas cela”, a rétorqué Alekos Alavanos. “Je n'ai pas honte de négocier avec la Troïka, je peux même négocier avec le diable pour sauver le pays” a déclaré Yannis Stournaras... et le diable appréciera.

L’effondrement est dans l’air du temps sauf que ce dernier se retient au-delà des visages figés aux soins intensifs dans un hôpital d'Athènes, pour ne pas dire à travers le pays entier. Mais dans le jardin de l'hôpital, c’est le personnel lui-même qui apporte des restes, nourrissant les animaux “adespotes” (errants - sans maître) des lieux. Vie d’ici, vie d’ailleurs et vie d’après.

Animaux adespotes d'un hôpital à Athènes. Novembre 2013




* Photo de couverture: Pauvreté à Athènes. Photo d'Enri Canaj