Greek Crisis
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Saturday, 7 December 2013

Figurants de décembre/December Extras



Sur l’île d’Égine, la plus proche du Pirée après Salamine, les habitants s’estiment déjà blasés des attitudes de la crise. L’autre jour, deux vieillards, anciens marins et retraités, faisaient en quelque sorte la triste somme de leurs engagements politiques respectifs et historique (Nouvelle démocratie et PASOK). “C'est trop tard. Nous nous sommes trompés. Sur ces menteurs, sur le reste et sur l'Europe. La CEE était un piège.” Un peu plus loin, une violente altercation éclata entre deux commerçants. Égine sortit alors son linge sale sur le port.

Manifestation d’étudiants et de lycéens. Photo de Makis Sinodinos. Athènes, le 6 décembre

Tu es un escroc, un salopard depuis la nuit de l'ancien temps, celui du PASOK, sans eux, tu aurais été un gueux”. Histoires héritées de l’ancien temps trop long qui n’en finit plus. Quelques semaines après, et plus précisément vendredi 6 décembre, de nombreux lycéens et étudiants avaient manifesté à Athènes et dans les principales villes du pays en mémoire d’Alexis Grigoropoulos, abattu par la police il y a tout juste cinq ans, à Athènes à travers une histoire alors hérité d’hier.

Manifestation. Athènes, le 6 décembre

La presse internationale du jour aura ainsi noté que “les manifestants vêtus pour la plupart de noir ont lancé des slogans comme "policiers, porcs, assassins" et brandi des banderoles où l'on pouvait lire "Alexis est vivant" Des incidents ont éclaté à la fin de leur défilé organisé à l'initiative de partis et groupes de gauche. Dans la matinée, une manifestation distincte a eu lieu à l’appel des syndicats et des lycéens dans la capitale ainsi qu‘à Salonique dans le nord. La police a procédé à dix arrestations. Le décès d’Alexis Grigoropoulos avait déclenché des troubles urbains inédits en 2008”. Et pour une partie de la presse grecque, c’est la présence policière ainsi que la répression qui une fois de plus, auront marqué les esprits ainsi que... certains corps.

Puis, plus précisément à Thessalonique, le défilé a convergé vers l’enterrement de Sara, cette adolescente morte à 13 ans dans un appartement sans électricité et fatalement... trop mal chauffé. “À bas le gouvernement qui assassine - Révolte partout”, tel fut le slogan du jour. Entre-temps, samedi 7 décembre au matin, la presse fait état d’un nouveau décès, cette fois d’un vieil homme âgé de 83 ans, toujours... par ce temps de “mauvais chauffage”. Décidément... en Grèce, ça chauffe en ce moment.

Athènes, décembre 2013

Entre la “libéralisation” des saisies concernant la résidence principale pour dettes, imposée par la Troïka (FMI, Commission européenne et Banque centrale européenne) tant préoccupée par les seuls intérêts des rapaces et autres charognards de la planète (fonds vautours), et les morts... en série de l’ultime chauffage, le “gouvernement” Samaras serait pris de panique. Déjà, un des responsables au syndicat DAKE, très proche du parti de la Nouvelle démocratie a lancé un appel aux députés... Samaritains à faire tomber le cabinet “parce que cette politique est en train de tuer la société grecque”.

Il a été aussitôt “démissionné de force” comme on dit, au moment où même les députés de la dite majorité savent d’emblée qu’ils ne seront probablement plus réélus et qu’il ne leur est pas très commode que de se monter publiquement. Déjà vendredi 6 décembre, une légère charge explosive de type cocktail Molotov avait visé les bureaux de la Nouvelle démocratie dans la ville d’Ioannina au Nord du pays... où l’hiver est déjà très rude.

Le théâtre de Samaras”. “Quotidien des Rédacteurs” du 7 décembre

Le “théâtre Samaras” finira, et il finira mal semble-t-il. Déjà, c’est sous la peur que le “gouvernement” vient de convoquer une réunion au ministère de l’Environnement samedi 7 décembre afin de coordonner le rétablissement du courant pour les ménages pauvres. Cette réunion rassemblera des représentants du ministère, ceux de la Régie d’Électricité (DEI) et enfin les membres de l'Union centrale des municipalités de Grèce (KEDE). Trop tard et trop loin des bouillantes mentalités du moment, du moins pour les apaiser.

Yorgos du Pirée comme Pavlos de Thessalonique n’auront pas attendu “l'urgence gouvernementale” pour réagir. Moyennant cent à deux cent euros versés à l’électricien du coin, ils ont fait remettre le courant chez eux... sans passer par la Régie, “car l'hiver est rude et les enfants ont froid”. C’est de fait cette pratique assez courante, que le “gouvernement” voudrait enfin “encadrer”, étant donné que plus de 350.000 foyers sont privés d’électricité, ce qui concerne environ 10% de la population... au pays des pauvres à hauteur de 35%, d’après même Eurostat. Lorsqu’un travailleur sur quatre gagne moins de 500 euros par mois en salaire brute, l’électricité est alors un luxe et la “Grèce entière, devient une zone spéciale de la pauvreté et de la misère”. Tel est alors le but de la politique de l’UE et des “gouvernements” comparses et complices, Troïka ou pas d’ailleurs.

Les Démocraties actuelles appartiennent aux riches”. “Quotidien des Rédacteurs” du 7 décembre

Les démocraties actuelles appartiennent aux riches, la dictature allemande s’impose aux pays de l’Europe méditerranéenne et de ce fait, ces pays du sud doivent quitter l’euro” déclare au “Quotidien des Rédacteurs” du 7 décembre Luciano Canfora, homme de gauche et professeur de philologie grecque et latine à l'Université de Bari en Italie.

Plus près de nous et pourtant bien trop loin déjà, notre grand écrivain si regretté Yòrgos Ioànnou, mettait en garde contre le danger mortel pour l’intégrité des pays, des cultures et des sociétés civilement constituées, que représentait à ses yeux l’appartenance à la CEE d’alors.Le 21 décembre 1978, moment où soi-disant nous avons réussi notre admission au sein de la CEE est en réalité un jour maudit. Nous le regretterons et de la manière la plus amère, c’est certain, et il ne sera alors plus possible que de nous en défaire. Tant les liaisons économiques sont plus difficiles à défaire que les alliances militaires. Il ne subsistera plus rien de notre pays”, écrivait-il en 1978 (“To Phylladio, 3-4, 1978-1979”). Je peux dire qu’à l’époque je le lisais déjà et j’en étais d’accord, contrairement à de nombreux autres jeunes ou pas en Grèce, et d’ailleurs de tout bord politique.

Yòrgos Ioànnou, place Omonoia. Athènes 1980

Même endroit, place Omonoia. Athènes, décembre 2013

Entre 1980 et 2013... l’éternité semble plus qu’évidente. Sauf que sur l’échelle de l’histoire, ce n’est qu’un instant, et depuis la mise en place de la zone euro, qu’une fraction de seconde. C’est ainsi que le théâtre actuel finira bien (ou plutôt mal) par... se consommer. Depuis l’Agora, c’est alors l’Acropole et son Parthénon qui nous observent avec ironie et sagesse, particulièrement en ce moment.

Décembre 1944 de la bataille d’Athènes, alors ce triste prélude à la guerre civile, occupe toujours la presse du moment pendant que le “bistrot des animaux”, dans un quartier où les combats de rue ont été très violents entre décembre 1944 et janvier 1945, n’ouvrira plus ses portes.

L'Acropole. Athènes, décembre 2013

Décembre 1944. “Le Quotidien des Rédacteurs” du 7 décembre

L'ex-bistrot dit “des animaux”. Athènes, décembre 2013

Nous nous attendons ainsi à Noël, à nous chauffer si possible et à ne plus tellement penser à l’hiver si possible. Samedi 7 décembre au soir, les syndicats organisent un rassemblement place Omonoia et place de la Constitution pour s’opposer au nouveau budget discuté au même moment au “Parlement”. “Nous entrerons dans la période de l'après-mémorandum” déclare depuis le perchoir le vice-ministre du Développement (?) Notis Mitarakis, entre cynisme et insignifiance.

Pauvres gens, figurants de décembre et de toujours.

Animaux sans maître - Adespotes. Athènes, 2013




* Photo de couverture: Sur l'île d'Égine. Novembre 2013