Greek Crisis
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Tuesday 10 December 2013

La cuisine du futur/The kitchen of the future



La Grèce depuis trois ans, c’est l’avant-garde au retour à l'éthique ascétique du premier capitalisme. Des rapports sociaux, des préoccupations et des liens ainsi brisés jusqu’au travail, et jusqu’aux salaires, tout a changé. Malgré nous, bien évidemment. Les sociétés modernes... péri-occidentales sont sûrement trop passives, c’est bien connu aussi. Et lorsque nous lisons par exemple un supposé grand quotidien comme “Eleftherotypia”, et qui tient encore la route coûte que coûte, nous nous disons alors que cela relève du miracle ou plutôt, du sacrifice (des salariés).

Le chantier à Faliro. Décembre 2013

Étant donné que presque le seul grand chantier en Athènes est celui inauguré par la Fondation Stavros Niarchos (armateur) près de la mer, les promeneurs du dimanche ainsi que les pêchers occasionnels sont bien nombreux à proximité des lieux de ce que sera le futur Centre Culturel, regroupant entre-autres, le nouvel Opéra, et la Bibliothèque Nationale. L’image devient presque surréaliste, car il s’y mêlent gens encore très aisés et pas aisés du tout, autour d’un port de pêche et de plaisance où certains bateaux... connaissent déjà à l’abandon.

Les promeneurs et les pêchers occasionnels. Faliro, décembre 2013

Bateau à l'abandon. Faliro, décembre 2013

Pour “Eleftherotypia” du dimanche 8 décembre, c’est le cynisme de la Troïka qui doit être dénoncé au sujet des saisies immobilières. “Partout en Occident il y a de nombreux sans-abri. Alors, où est votre problème ? Ceux qui n’auront plus de quoi se loger devraient être pris en charge par l’État”, ont ainsi fait remarquer certains Troïkans, d’après la presse grecque en tout cas. La “libéralisation” des saisies immobilières préoccupe alors tout le monde et au centre d’Athènes, une nouvelle affiche a fait son apparition: “Non aux rapaces. Pas une seule maison aux mains des banquiers”.

Les reportages sur le sujet sont ainsi fort nombreux en ce moment, Prokopis Pavlopoulos, ancien ministre des Finances au gouvernement Nouvelle démocratie d’avant 2009, se dit opposé à une telle mesure “sans conditions” en y ajoutant que “la nouvelle taxe sur la propriété immobilière calculée volontairement en 2013 sur les valeurs des biens datant de 2008, est de ce fait inconstitutionnelle”, “Eleftherotypia” du dimanche 8 décembre. Sauf que Prokopis Pavlopoulos a bien voté en faveur de la loi de Finances dimanche soir.

De bonnes et de nombreuses années”. Athènes, décembre 2013

Nous vivons au pays le plus riche du monde”. “Quotidien des Rédacteurs” du 7 décembre

Notre presse utilise de plus en plus dans la dérision par les temps qui courent, voire l’autodérision. À “Eleftherotypia” par exemple, après la reprise du quotidien il y a un an, le personnel (déjà embauché pour ne toucher que 50% des anciennes rémunérations restant souvent impayées depuis 2011), attend ses salaires depuis trois à cinq mois selon le cas. Le climat au quotidien est plus que délétère, les salariés sont épuisés, également dans la mesure où l’entreprise tourne avec le tiers de son personnel d’avant, et lorsque les locaux ne sont que très moyennement chauffés.

Le journal sort et d’ailleurs de manière honorable parce que le personnel, et ceci quoi qu'il arrive, fera preuve de professionnalisme... jusqu'à la fermeture. C'est l'héritage, le nôtre après tant d'années de travail qui fait que certaines manières ne se perdent pas si facilement. C’est du travail certes gratuit... mais c’est du bon travail”, me disait récemment Yannis, journaliste “finissant” à “Eleftherotypia”.

Athènes, 2013

On devrait se préparer nous dit-on du côté des publicistes, pour les fêtes, toutefois dans une ambiance bien plus lourde qu’il y a un an. Et cet hiver athénien est déjà rude. Le froid de saison, c’est d’ailleurs le sujet de la semaine entre gens du quartier et des “événements d'en bas”, maintenant que les cambriolages sont en diminution. On s’est aussi préoccupé de cette benne à ordures enflammée suite à une curieuse et néanmoins bruyante poursuite entre inconnus dans la nuit du vendredi à samedi. “Ce sont des Vandales” affirmait une voisine très sûre d’elle le lendemain. Enfin, la disparition de Mitsakos, un des animaux adespotes mais fort connu dans le quartier, a tout de même alimenté certaines brèves discussions, et comme pour tout le reste avant de tomber dans l’oubli, Mitsakos a été écrasé par une voiture.

Le regretté Mitsakos. Athènes, octobre 2013

Et quant aux événements “d'en haut”, c’est Yorgos Trangas, vieux renard du journalisme grec qui signale l’insignifiance: “Chez SYRIZA on pratique le double langage pour ainsi ratisser large? D'un côté Tsipras et les siens qui parfois depuis les États-Unis s'expriment clairement pour assurer de leur attachement à l'Euro ainsi qu’à l'adaptabilité de leur parti aux circonstances de la... gouvernance, et de l’autre côté, Panagiotis Lafazanis de la Plateforme de gauche au sein de SYRIZA qui s’exprime publiquement en faveur de l’abandon de l’euro... Mais ce n’est qu’un jeu de paroles, un jeu tout court” (émission du 9 décembre sur Real-FM, cité de mémoire).

Panagiotis Lafazanis de la Plateforme de gauche. Février 2013

“Non à l'Euro. Plan B”. Place de la Constitution, février 2013

Pour Panagiotis Lafazanis, “il devient impératif de quitter la zone euro et ainsi de redéfinir nos relations avec l'UE, d'autant plus, que cette dernière est devenu un véhicule irréparable et irréformable de la seule volonté des banques et du néo-impérialisme de l'Allemagne. La zone euro et l'UE ont subi une mutation profonde et irréversible et devenant l'espace vital de l’impérialiste allemand. Le choix de l'euro est devenu celui de l'intégration dans la sphère d'influence économique allemande. Il ne plus possible de reformer ou de refonder la zone euro, ni l'UE ; on ne peut que les renverser. La sortie prévue de la Grèce de la zone euro permettra la mise en œuvre d’un programme de redressement progressif, elle n'est en aucun cas un choix catastrophique, c’est plutôt la réponse positive et crédible face à la crise. La Grèce devrait abandonner son eurocentrisme étroit et myope, autant que son euro-atlantisme de la servitude. C’est pour cela que la Plateforme de gauche rejette les orientations jugées essentielles par le Parti de la gauche européenne”. Et du côté de SYRIZA... de l’endroit, il a été aussitôt réaffirmé que “l'orientation décidée et d'ailleurs majoritairement pro-européenne au sein du parti ne changera pas” (déclarations de Yannis Milios, le 9 décembre).

L’économiste de SYRIZA (Yannis Milios) devrait de temps à autre lire aussi certains de ses confrère de Paris et d’ailleurs, Jacques Sapir par exemple: “Pourtant, il est clair que la clef de la décision de dissoudre la zone Euro se trouve non pas à Berlin, mais à Paris et à Rome. Que la France ou l’Italie annonce qu’elle a décidé de quitter unilatéralement l’Euro et immédiatement l’Euro est mort. Compte tenu tant de la proximité de ces économies que des liens existant entre le pays, on n’imagine pas un instant que l’Italie et l’Espagne (ce qui implique aussi le Portugal et la Grèce) puissent rester dans l’Euro si la France le quitte. Réciproquement, que l’Italie annonce sa décision de sortir de l’Euro, et la France et l’Espagne sont, de fait, contraintes de la faire, entraînant avec le Portugal et la Grèce. De plus, devant la sortie des 2ème, 3ème et 4ème économies de la zone Euro, l’Allemagne y réfléchira à deux fois avant de maintenir l’Euro sur la partie ‘nord’ de la zone”.

À l’occasion depuis la Nouvelle démocratie, certaines voix se sont fait rapidement entendre “dénonçant l'inconséquence de SYRIZA, ce qui devrait du moins conduire Panagiotis Lafazanis à quitter ce parti” (le 9 décembre). Autant dire, une tempête dans un verre d’eau, sauf que le pays est assoiffé et autant noyé... au beau milieu du plus profond désert économique dans son existence, depuis les années 1940-1950.

Alekos Alavanos, meeting à Thèbes, décembre 2013 - (Photo Plan-B)

Au nouveau parti du Plan-B, on observe et on ne se prive pas de commenter “l'adaptation déplorable de SYRIZA lequel devient de ce fait, un parti systémique”, déclarations d’Alekos Alavanos, initiateur du Plan-B qui depuis six mois est en train de sillonner la Grèce pour promouvoir ses thèses essentielles: Sortie de la Grèce de la zone euro et referendum organisé aussitôt ensuite sur le maintien ou pas de la Grèce au sein de l’UE.

Ouverture prochaine - Dès notre sortie de l'euro”. Affiche du Plan-B, décembre 2013

Après le meeting d’Alekos Alavanos à Thèbes, les militants du Plan-B se sont retrouvés dans un petit restaurant à souvlaki (brochettes et sandwich grec), “c'est ce qui reste de plus abordable en euro” d’après leurs propres propos. Ce que tout le monde aura remarqué, tient aussi de l’abandon de la part d’Alekos Alavanos, d’un certain langage stéréotypé issu du jargon de la Gauche, sans pour autant renier sa sensibilité politique.

Inutile de dire combien la suite à... donner à notre péripétie collective n’est plus (qu’une) affaire de gauche et de droite. Instinctivement et même de manière très précise, tout le monde le sait et le ressent, ce n’est même plus qu’une tragédie “orientée” uniquement sur les classes les plus faibles de l’échelle sociale, sur tous ceux qui sont déjà tombés. D’abord, parce que trois quarts de la population en souffrent et ensuite, parce que ceux “d'en haut”, certains en tout cas, n’y trouvent plus leur compte si l’on en croit les éditorialistes du quotidien “Kathimerini”, journal historique reflétant depuis toujours, la vision disons bourgeoise du monde des affaires et du monde tout court.

La pause souvlaki à Thèbes. Photo du Plan-B, décembre 2013

Nous disparaîtrions alors dans l’apraxie après presque deux siècles d’existence étatique supposée autonome, et après seulement trente ans d’acculturation européiste. Telles seraient les apparences visibles et peut-être trompeuses, car les mentalités changent et pas qu’en Grèce.

La neige s’installe sur les hauteurs qui entourent Athènes, les gens du quartier comme de chaque quartier ont froid, Ioanna 60 ans, soliste de renom et enseignante à l’école de musique n’a presque plus de revenus par son travail car les apprentis musiciens se font rares, elle vit désormais dans le même appartement que sa sœur “car il est plus facile à chauffer, surtout à deux”.

Costas, le cousin commerçant ambulant déjà du temps où il avait dix-sept ans, c'est-à-dire il y a une éternité, a fêté lundi soir (9 décembre) le diplôme universitaire de sa fille Christina. “C'est par habitude et pour nous chauffer le cœur surtout. Christina sera au chômage et mon commerce est bien moribond. Je cotise encore difficilement, sachant que la Caisse des Indépendants est agonisante et que je ne toucherai jamais de retraite... en plus dans dix ans, mais alors que faire d’autre ?

Inquiet”. Athènes, décembre 2013

Inquiétudes. Y compris chez les... artisans du politique. D’où ce lancement (lundi 9 décembre) du “nouveau” mouvement du centre-gauche “Appel des 58 personnalités”, transformé en Parti de l’Olivier à la grecque... pression à froid garantie le cynisme en plus. Il regroupe des intellectuels et d’écrivains (?) systémiques (longtemps habitués aux fastes du para-pouvoir ainsi qu’aux divers financements de l’UE), ainsi que le... meilleur de la crème décidément trop brûlée du PASOK et du parti de la dite “Gauche démocratique” de Fotis Kouvelis.

Le tout, sous le haut-patronage de Costas Simitis, Pasokien de renom, et d’après ce que prétend Yorgos Trangas, “pion des Allemands, travaillant, comme son frère et ceci depuis très longtemps pour le solde des services secrets de Berlin... Et quant à SYRIZA, il devient de plus en plus européiste et donc de droite, bientôt chaque matin Alexis Tsipras après sa prière... chantera l’hymne national allemand. Les services secrets des puissances et des créanciers metteurs en scène ont déjà réussi d’abord à neutraliser les partis dits de l’anti-mémorandum, et ensuite à faire de la sorte que pas moins de quinze partis différents la drachme, et non coordonnés agissent ici ou là”, Real-FM, mardi 10 décembre. Espérons du moins que l’ancien premier ministre réfutera ces propos disons... extrémistes.

Je remarque que de plus en plus souvent tout peut être dit publiquement (vrai ou faux), car malgré une certaine censure, la “bonne” parole mainstream et de convenance ne tient plus la route accidentée de la Grèce. Étrange dictature méta-démocratique où enfin tout est dit... et rien ne se réalise ni ne s’incarne en réaction. Dans un sens de plus en plus commun, le système des partis et des syndicats se termine, autant que leur rôle auxiliaire, y compris dans la “contestation”.

La joie d'être Grec en 2013”. Athènes, décembre 2013

D’après Gallup, la Grèce figure parmi les vingt pays les plus détruits par la crise au niveau mondial depuis trente ans (presse grecque du 10 décembre). Dimanche soir (8 décembre), le rideau miteux au théâtre d’ombres de la Grèce est... tombé avec fracas, au sens propre comme figuré. Lors de la discussion du projet de loi de finances au “Parlement” et durant de nombreuses heures, l’hémicycle s’est trouvé en... panne d’orateurs. Les députés et les ministres n’avaient même plus le désir de faire semblant. Au même moment devant ce “Parlement”, la Confédération Générale (?) des travailleurs Grecs (GSEE) ainsi que la Centrale syndicale de la fonction publique (ADEDY) avaient appelé à manifester, une manifestation fiasco qui a rassemblé à peine quelques centaines de personnes.

De surcroît, notre temps historique accéléré, finit par autant avaler les formations politiques “alternatives” avant même qu’elles ne gouvernent ou comme en France, aussitôt après. “C'est lorsque l'ancien se meurt et que le nouveau ne parvient pas à voir le jour que surgissent les monstres” écrivait Antonio Gramsci en son temps, et j’y ajouterais... les marionnettes. Telle est “notre” dernière Europe et il n’y en aura pas d’autre. Nous devrions savourer ces moments historiques malgré... l’intoxication mortelle. C’est toujours ainsi que la cuisine du futur se prépare.

Port de Lavrion en Attique. 2013




* Photo de couverture: “Pas une seule maison aux mains des banquiers”. Athènes, décembre 2013