Greek Crisis
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Sunday 26 January 2014

Balisage maritime/Maritime buoyage



Le temps grec traîne les pieds hormis ce violent orage qui s’est abattu sur Athènes samedi. “Enfin la tempête, un vrai événement à l'ancienne, voilà que le changement nous tombera toujours du ciel” disait alors le voisin, pourtant, l’entrée de notre immeuble fut inondée. Souffrant déjà d’une grippe de saison et de trop, il partit travailler très tôt samedi étant donné qu’il s’agissait bien de sa première journée... d’activité en 2014, un authentique trophée par les temps qui courent sous la tempête.

“Quotidien des Rédacteurs” du 25 janvier

La presse relate encore sans plus impressionner grand-monde il faut dire, “nos” affaires bien connues et fort entremêlées, entre pots-de-vin et... édens offshore. Mais dans l’actualité de ce weekend, il est particulièrement question de noyades, “pathologies” de l'errance et de l'exclusion, s’agissant d’abord des malheureux refugiés du côté de Farmakonisi en mer Égée.

Le bateau des passeurs devait les emmener vers la Grèce, l’Europe, sauf que finalement, onze personnes au total, trois femmes et huit enfants selon les rescapés, ont péri. Presque jour par jour et dans le monde parallèle de la “Grèce de l'endroit”, ans un avocat de la ville de Patras qui s’est jeté du pont reliant le Péloponnèse à la Grèce continentale et... à la mort.

La polémique enfle en Grèce et bien au-delà en ce moment, autour du chavirage de l’embarcation des refugiés alors qu’elle était remorquée par une lorsque la vedette des garde-côtes grecs.

Au large de l'île d'Égine, janvier 2014

Comme le fait aussi remarquer la presse française, “la version des autorités grecques est à l'antithèse de ces accusations: position de l'embarcation à l'appui, elles contestent avoir voulu repousser les clandestins vers la Turquie, en violation des conventions internationales. Un transbordement sur le bateau des garde-côtes aurait été dangereux compte-tenu de la météo, argumentent-elles encore, affirmant que les migrants ont fait chavirer le bateau lorsque deux d’entre eux sont tombés à l’eau. Le ministre de la Marine Miltiades Varvitsiotis a souligné jeudi que ‘lorsque vous avez de la mer (forte, ndlr) et plus de 20 personnes peu familières de cet élément dans un petit bateau de pêche, les choses ne sont pas simples’. Le haut-commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), le conseil de l’Europe, Amnesty International ont insisté pour que la Grèce ‘fasse toute la lumière’ sur l’accident”, (“Libération” du 23 janvier). Entre-temps, les rescapés sont arrivés à Athènes, une manifestation de soutien a même eu lieu à l’initiative de SYRIZA notamment.

Entre le Pirée et Égine, janvier 2014

Lors d’une petite visite de quelques heures sur l’île d’Égine, j’ai remarqué que dans un café, la tragédie de Farmakonisi était commentée tandis que l’affaire du terroriste Xiros ou celle des interminables histoires de corruption chez les politiques, ont été à peine évoquées. Le sens commun, juste ou pas, se tient désormais à une certaine distance des faits et surtout des positions exprimés par les voix institutionnelles, supposées constituantes de la politique et de sa paroles dans ce pays.

Il faut toujours porter secours à ces gens, immigrés ou pas peu importe. Lakis tu le sais bien, toi aussi tu étais marin comme moi. En mer on ne laisse jamais mourir personne. Je te rappelle cette affaire des anciens, celle de la bataille navale des Arginuses, où les marins athéniens furent condamnés pour ne pas avoir porté secours à leurs ennemis alors avalés par les vagues. Il faut leur porter secours même si notre pays devient une sorte de territoire du Tiers-monde au sein de l’UE et de ce fait, il ne pourra certainement pas accueillir les plus malheureux que nous et en si grand nombre, c’est alors clair”, échange entre deux marins retraités.

Notons d’abord qu’en 406 av. J.-C., huit généraux athéniens victorieux de la bataille navale des Arginuses au large de l’île de Lesbos, furent condamnés à mort par les Athéniens pour avoir négligé, suite à une tempête, de recueillir et de ramener dans la cité les corps des naufragés. Et la Guerre du Péloponnèse prit fin peu après. Épilogue alors funeste du dernier sursaut victorieux d’Athènes dans une démocratie agonisante.

île d'Égine, janvier 2014

Et notons aussi qu’à part les passeurs avérés sur le terrain, il y aussi ces autres “passeurs” qui ont adopté Dublin II, Alexis Tsipras vient de réclamer la renégociation justement des accords qui empêchent un demandeur de présenter des demandes dans plusieurs États membres ou de se rendre à un autre État membre de l’UE mettant une pression excessive sur les zones frontalières, ou pour le dire différemment, ont transformé la Grèce (et pas uniquement) en un immense camp des prisonniers, d’abord pour “ses” immigrés.

Inutile de dire qu’un pays paupérisé et subissant l’effondrement de son PIB (-25%) deviendra fatalement un archipel... d’anthropophages, plutôt qu’u îlot humaniste. La guerre des pauvres et entre pauvres aura des beaux jours devant elle. Seulement, Theodoros l’étudiant se réclamant de SYRIZA se dit “outré de l'attitude des autorités vis-à-vis des immigrés qui nous arrivent par la mer” sauf que personne n’aura voulu poursuivre le débat. Près des cafés du port, un communiqué justement de SYRIZA, annonce encore, l’organisation d’une loterie “alors nécessaire en prévision des élections prochaines”. L’heureux gagnant sera récompensé d’une œuvre picturale représentant un caïque. Aux dires des habitants, “c'est beau et c'est original, et singulièrement le caïque”.

La loterie de SYRIZA d'Égine, janvier 2014

Sur le port d'Égine, janvier 2014

Sur le port de l’île, des caïques alors en vrai déchargeaient comme toujours leurs prises, sauf que d’après les marins-pêchers “nous apportons moins de poisson à vendre qu'avant, d'abord parce que les gens en achètent peu même à moitié prix, ensuite, à cause des pêchers amateurs du dimanche... lesquels s'adonnent ainsi à leur hobby autant chaque samedi, chaque vendredi et même du lundi à jeudi”!

Reste la “grande économie” et ses affaires, car ceci-dit, à Égine, comme à Athènes et comme partout, on commente volontiers et de manière plutôt moqueuse, cette nouvelle déclaration de l’économiste maison chez SYRIZA, Yorgos Stathakis: “La dette grecque n'est odieuse et inacceptable qu'a hauteur de 5%. Ainsi, un futur gouvernement de la Gauche, prolongera l’acquittement des 95% restants”. J’avais déjà remarqué il y a quelques mois et plus précisément en octobre 2013, que Yorgos Stathakis (responsable du Pôle Développement chez SYRIZA), avait alors dépêché et ceci pour la première fois, trois observateurs SYRIZA au Congrès annuel de la dite “Coopération entre la Grèce et l'Allemagne”, conduite par Hans-Joachim Fuchtel, le ministre... Allemand aux Secrétariat des affaires grecques (à Berlin) depuis 2011, surnommé parfois par les medias grecs “Gauleiter de Merkel”. C’est peut-être pour toutes ces raisons... que notre hebdomadaire politique et satirique “To Pontiki” titrait en première page cette semaine: “C'est l'Économie qui fait accéder SYRIZA à la première place”. Sans plus de commentaire !

SYRIZA, l'économie et la première place. “To Pontiki” du 23 janvier

Barbara Spinelli au “Quotidien des Rédacteurs” du 25 janvier

Alain Badiou au “Quotidien des Rédacteurs” du 25 janvier

Dans la foulée, Barbara Spinelli, écrivaine et journaliste célèbre à “La Repubblica”, assure dans une interview accordée au “Quotidien des Rédacteurs” que “la chance de l'Europe alors dépend de la Grèce”, s’agissant bien entendu de la dite “liste Tsipras” aux élections européennes, du nom emblématique de cette toute dernière initiative représentant “la communauté des citoyens” de l’autre côté de l’Adriatique.

Quelques pages plus loin, c’est Alain Badiou qui de passage à Athènes, a lui aussi, accordé certains propos aux journalistes de ce même quotidien: “Les intellectuels sont les chiens de garde des capitalistes et le communisme doit être réinventé, c’est une nécessité”. L’Européisme se mord les doigts (et ses peuples) certes... mais du moins, l’Europe cogiterait encore !

Mauvaise manœuvre dans le port d'Égine, janvier 2014

Cependant à Égine, Alain Badiou est ignoré et Barbara Spinelli restera semble-t-il inlassablement... une inconnue. L’actualité “alors apte” comme on dit parfois, celle que les gens commentent et remarquent davantage, restera quant à elle accrochée plutôt au port de l’île puisque ses histoires crues ne manqueront alors jamais. Comme de l’autre jour, lorsque le vieux navire ravitailleur en eau potable avait raté sa manœuvre de sortie du port par un sirocco bien fort il faut le dire, et il a ainsi heurté son extrémité. Il aura fallu faire tourner la machine et arrière, puis amarrer de nouveau, pour enfin appareiller sous le regard moqueur des curieux et surtout des vieux marins. Finalement, notre pays n’a pas complètement perdu tout son sens critique.

Plus grave encore, le phare d'entrée de port balisent le Pirée à tribord a été complètement détruit il y a quelques semaines, suite à une mauvaise manœuvre d’un imposant navire de croisière appartenant à une grande compagnie italienne. D’ailleurs, nous ignorons dans quelle mesure la responsabilité de cet incident ne serait-elle pas partagée entre le capitaine du navire et celui du bateau pilote. Affaire très commentée aussi par les habitués des lieux et les professionnels de la mer, évidement.

L'ancien emplacement du phare d'entrée. Le Pirée, janvier 2014

Au Pirée. Janvier 2014

Près de l’embouchure du grand port, on remarque en ce moment ces bateaux des lignes égéennes, immobilisés par temps d’hiver et de crise. Certaines îles sont même privées de liaison avec le Pirée, Cythère par exemple, et il y a de quoi être mecontent du côté des habitants. En ce moment, de nombreux élus locaux des îles signent pétition après pétition pour dénoncer “tantôt l'abandon, tantôt les fausses promesses d'Antonis Samaras” à l’instar du maire d’Anafi la plus lointaine des Cyclades vers le sud.

Au Pirée, janvier 2014

Les eternels passants par ces lieux auront tout de même remarqué ces derniers jours, les nouveaux tracts semés par ces autres... enfants du Pirée, près de la passerelle centrale et autour de la station du métro: “Grèce réveille-toi. Front national” d’ailleurs au méandre bien connu de l’Aube dorée, cependant incliné. Une “nouveauté” ou alors une “redéfinition récupératrice” par les frères-ennemis de... l’autre côté de la force, en prévision des élections de mai prochain ? L’avenir y répondra certes, pendant que la Grèce restera accrochée au port de l’aporie et de la tristesse pour encore si longtemps. Mais personne ne semblait leur accorder de son attention. Drôle d’atmosphère !

Grèce réveille-toi. Le Pirée, janvier 2014

Par e temps de tempête tout peut devenir incertain hormis le fait accompli du pays défait, déjà pour ce qui est de son corps social et du monde du travail. Un récent expert auprès du ministère de l’Emploi (?) vient de suggérer le... travail gratuit durant un an pour tous les chômeurs, “afin d'avancer vers une solution du problème du chômage”. Pour le voisin carreleur ou pour mon ami journaliste c’est presque fait. La Grèce, ses naufragés et ses violents orages, gros temps.

Animal adespote à Égine, janvier 2014




* Photo de couverture: En Grèce, années 1960