Greek Crisis
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Friday, 31 January 2014

Moritur et ridet/(It is dying but it laughs)



Le style ostentatoire de l'élite romaine donnait encore le ton à l’Empire alors que la misère s’installait partout. Rome mourait ainsi en riant, “moritur et ridet”, dit laconiquement Salvien de Marseille. “Ces grandes dignités sont elles autre chose que des brigandages accomplis aux dépens des cités ? Certains hommes dont je tais le nom ne font-ils pas de leur préfecture une entreprise de pillage? Les plus grands ravages dont souffrent les pauvres gens, c'est le pouvoir qui les exerce”.

Dans le métro d'Athènes, janvier 2014

Mais c’était un autre temps, celui de Salvien et de la ruine de l'empire romain. Dans le métro d’Athènes par contre on ne rit plus. En moins de quatre ans tout a changé. Ruines encore. Autrefois, nos rames débordaient de visages souriants, les taquineries et les rires ne connaissent alors guère de limites. Aujourd'hui, c’est l’ombre qui domine, le silence, le regard vide de la frustration, de la peur et de l’insécurité de toute sorte et d’abord existentielle. Athènes ce n’est pas Rome, et on y meurt alors sans rire.

Cette crise est enracinée au cœur même de notre modernité économico-sociale, on dirait encore et en paraphrasant à peine Karl Polanyi (“La Grande Transformation”), que la “solution” actuelle à l’impasse atteinte par le capitalisme libéral serait donc son “dépassement”, voire sa mutation réalisée au prix de l’extirpation de toutes les institutions démocratiques, à la fois dans le domaine économique et dans le domaine politique.

Étudiants violentés par les forces de l'ordre. “Quotidien des Rédacteurs” du 31 janvier

Jeudi 30 janvier, des étudiants qui manifestaient à Athènes devant le bureau politique du ministre de la marine marchande, ont été violement agressés par les forces de l’ordre. Les policiers, arrivés d’abord à pied brandissant leurs matraques ont commencé à frapper indistinctement tous ceux qui se tenaient devant eux. Au même temps, les motards de la police encerclaient les étudiants, tandis que les hommes des brigades anti-émeute investirent les lieux. Sans raison apparente d’après les reportages de la presse, les hommes de la police se sont mis à frapper les étudiants à grands coups de pied et de matraques. De ce “raid”, n'ont pas été épargnés, ni les journalistes, ni les photographes ni les avocats, note alors le quotidien (SYRIZA) “Avgi” (du 31 janvier), Christos Karayannidis, député du parti de la Gauche radicale fut tabassé... après avoir présenté sa carte d’identité de parlementaire. Sale temps.

Vue de la “Nouvelle Europe”. “Quotidien des Rédacteurs”, janvier 2014

Nous comprenons alors combien il devient crucial pour les marchés que de maintenir une certaine paix sociale et internationale, au prix néanmoins d’une guerre fort radicale, seulement supposée être “de bas voltage”. On s’y trompe peut-être, sauf sur l’essentiel. Metternich déjà en son temps, rappelait Polanyi, proclamait que ce que veulent les peuples de l’Europe, ce n’est pas la liberté, c’est la paix et Jean-Jacques Rousseau s’en prenait autant aux gens de négoce pour leur manque de patriotisme, car il les suspectait de préférer la paix à la liberté.

Nous nous apprêtons sans aucun doute à revivre un des quarts de siècle les plus confus et les plus encombrés de l’histoire européenne, pourtant, on peut concevoir qu’il en soit autrement, mais pas (encore) depuis Athènes. Et à Bruxelles, d’après le “Wall Street Journal”, les créanciers Grèce, la France et l’Allemagne auraient tenu une réunion secrète lundi 27 janvier “car les créanciers sont inquiets” du... programme de la Grèce. La rue grecque le sait autant, sauf que nous serions alors moins confus que les... encombrants créanciers.

Commerces en faillite. Athènes, le 31 janvier

Nous irons stocker nos patates, ainsi que notre patience jusqu’au moment de l’effondrement total, tant espéré d’ici-bas finalement. Sur nos marchés dits “laïques”, c'est-à-dire ouverts car de pleine rue, les vendeurs “improvisés” (parfois il s’agit d’enfants) sont désormais fort nombreux, tandis qu’au centre-ville, tout le monde prépare la prochaine saison touristique. Seuls alors les partis politiques préparent les élections de mai, c’est ais flagrant.

Notre concitoyenne F.K. doit acquitter 1.200 euros à l’hôpital pour une petite intervention dite “de routine”, sauf qu’elle n’y arrive pas, comme aussi, le tiers de la population qui connait désormais l’exclusion du système de santé, rappelle le quotidien “Avgi” daté du 31 janvier. Au même moment, les rédacteurs du site internet du parti du “Plan B” (de gauche), traduisent et reproduisent un article collectif (James K. Galbraith, Ulrike Guérot, John Gray, Christiane Lemke, Jeff Madrick, Emmanuel Todd), issu d’un débat publié par la revue “Harper's”, où entre autres, il est question “de la reconquête de l'Europe par l'Allemagne”.

Sur le marché. Athènes, le 31 janvier

On prépare la saison touristique. Athènes, janvier 2014

Le parti de gauche du “Plan B”, souligne alors “combien l'horizon de la nation et plus précisément celui de l'État-nation, engendre cette mesure indépassable quant au seul cadre démocratique possible, celui justement que les élites de l'Europe ont décidé de briser, bien évidement, au profit du marché”. Ce débat, relevant des questions de la nation et de la souveraineté est ainsi lancé autant au sein des gauches grecques, démontrant que le “monopole naturel” de l’extrême-droite sur ces thèmes peut-être dépassé, néanmoins sous certaines conditions.

Entourés de nos oranges comme de... nos experts, nous poursuivons notre si Grande Transformation. Les dernières déclarations ou “analyses”, savamment... administrées depuis une certaine presse font état d’une future probable... grande transformation qui aboutirait alors à une “coalition gouvernementale” bipartite, formée entre le parti d’Antonis Samaras et celui d’Alexis Tsipras.

Nos... oranges. Athènes, janvier 2014

Athènes, janvier 2014

La coalition Samaras-Tsipras imaginée par l'hebdomadaire “To Pontiki” du 30 janvier

Dans le métro d’Athènes par contre on ne rit plus, et on ne s’imagine guère grand-chose. Le style ostentatoire de l'élite européenne donne encore le ton à l’Empire alors que la misère s’installe partout. Notre écrivain humaniste Chronis Missios, déjà narrateur “des années terribles d'avant” comme le soulignait le “Monde Diplomatique” il y a un moment, nous mettait en garde peu avant de mourir en novembre 2012, contre cette nouvelle barbarie qui dès lors a phagocyté les neurones des gens avant d’en finir avec nos démocraties déjà boiteuses certes, et autant enfin, avec notre capacité à raisonner. “Quand on vieillit dans la liberté et dans l'harmonie avec soi-même, la mort qui survient alors, ce n'est plus la mort, mais un passage” avait-il dit en guise d’épilogue.

L’absurde gouverne, sauf que son empire tremblote, aussi peut-être parce que deux poèmes inédits de la poétesse Sappho ont été exhumés récemment. Telles sont les convulsions du monde, d’aujourd’hui comme d’autrefois. Sauf que notre Chronis riait beaucoup... jusqu’au bout.

Chronis Missios en 2011




* Photo de couverture: Égine, janvier 2014