La pluie est de retour sur Athènes et plus au nord c’est de la grêle qui tombe. Période de pluie aussi pour le “gouvernement” dans un sens. Le voisin Christos est parti travaillé lundi matin assez tôt, comme vendredi dernier, une... première depuis bien longtemps. “Je serai payé dans quatre mois et encore, sauf que c'est maintenant que je pose le sol chez le client, mais je n’ai guère le choix. Je travaille pour la survie, tout se fait et... se déboucle au jour le jour”.
Au Pirée, ligne abandonnée. Avril 2014 |
“La Grèce réalise enfin sa sortie sur les marchés, nous allons emprunter certes pour un peu plus cher qu’actuellement sous le contrôle de la Troïka, néanmoins, c'est un grand succès pour notre pays après tant de sacrifices”, tel est le message (à peu de mots près) d’Antonis Samaras et des officiels.
Le pouvoir en place, a ainsi voulu transmettre le message aux “grands” medias. Après l’affaire Baltakos, l’ami de la très extrême-droite et d’Antonis Samaras, il était urgent de réagir. Les medias systémiques feront donc tout pour faire oublier la... Baltakiade, peine perdue peut-être. Il n’y a qu’auprès de certains interlocuteurs étrangers (et encore) qu’Antonis Samaras se ferait passer pour un homme disons de la droite... démocratique et modérée, le tout dans une mer d’extrémismes.
“Cher Monsieur, nous vivons dans une sale époque où alors vergogne et dignité disparaissent. Notre pays s'évapore et ne nous reviendra que comme nuage. C'est notre fin. Regardez ce quartier. Une vraie tristesse. Je n’attends plus rien de ce monde”, paroles d’une habitante très âgée, rencontrée dans le quartier de Metaxourgeio au centre d’Athènes.
Dans le quartier de Metaxourgeio. Athènes, le 7 avril |
D’autres nouvelles seront quant à elles bloquées d’emblée, elles disparaîtront avant même de franchir le seuil des médias... autorisés et qui s’autorisent ni plus ni moins... la refonte du monde. Et voilà qu’à Mytilène, dans la partie nord de la mer Égée, une femme soufrant d’hypertension n’a pas survécu à sa pauvreté... ni à sa dignité. D’après le reportage de la presse locale (quotidien local “Embros” de Mytilène et Naxosnews.gr du 6 avril), elle rencontrait certains problèmes financiers, elle travaillait épisodiquement et elle élevait seule ses deux enfants. Étant... rayée de la liste des assurés sociaux, elle avait interrompu son traitement, ce qui l’a conduit jusqu’à la mort.
“La pauvreté a fauché cette femme âgée de 40 ans et mère de deux enfants, incapable de payer ses médicaments elle est morte mardi 1er avril à l'hôpital de Mytilène après un épisode ischémique très grave”. Elle avait été admise à l’hôpital Vostanio Mytilène la semaine dernière et suite à l'appel téléphonique de sa petite fille prévenant l’hôpital. Son état s'est détérioré rapidement durant les jours suivants, et donc à terme, elle a perdu la bataille de la vie.
Vision du présent et du futur. Athènes, le 7 avril |
D’après “Embros”, sa carte de Sécurité Sociale avait expiré depuis longtemps et elle était même incapable de trouver les quelques euros nécessaires pour prendre ses médicaments régulièrement. Les employés de Vostanio ont été bouleversés.
“Nous comprenions qu'elle éprouvait des difficultés financières, sauf qu'elle ne nous a jamais rien dit. Elle voulait surtout préserver toute sa dignité. C'est pour cette raison qu'elle ne s'est jamais adressée à la pharmacie sociale, celle mise organisée par la municipalité. Nous ne pouvons pas digérer que pour quelques médicaments seulement, une si jeune femme perd alors la vie”, ont rapporté au journal les membres du personnel hospitalier. “Ce serait comme demander de l'aumône, et tout ce qu'elle désirait, c'était un emploi stable du moins pendant un certain temps, déjà rien que pour retrouver sa situation d'assurée”.
Une femme meurt à l'hôpital de Mytilène vaincue par la pauvreté. Naxos-news du 6 avril |
Une société de sans-abris. Naxos-news du 4 avril |
Même à Naxos... alors on s’y prépare. Car le nouveau modèle social et sociétal est déjà pratiquement acquis. “Une société de sans-abris est en gestation puisque sous les instructions des Troïkans, on projette la construction de 'maisons sociales' ; l'ironie est alors tragique, ces maisons offriront alors de ‘l'hospitalité’ aux sans-abris dont le nombre ne cesse de croitre chaque jour à cause des saisies. Telle est la situation des Grecs en 2014, l’année de toutes les déclarations ‘encourageantes et prometteuses’ d’un avenir meilleure, déclarations faites nécessairement par nos ‘nos sauveurs’, grecs ou étrangers”, note Danaé Mavrou dans son éditorial au quotidien électronique de l’île où Ariane fut abandonnée mais ce n’était qu’un mythe d’une époque si lointaine.
Le quotidien “Eleftherotypia” fait sa Une lundi 7 avril, sur la nouvelle... modélisation quant au calcul (déjà pressenti) du montant des retraites. Indépendamment des cotisations déjà versées (et autant spoliées depuis la Troïka), le calcul final sera... indexé sur le fait de posséder ou pas, un, ou plusieurs biens immobiliers ou d’autre type. “C'est une sommation de la Troïka. Une fois réalisée, cette exigence mettra la Grèce en conformité avec le modèle Australien”. Déjà, un ami vient de réaliser après calcul, qu’à hauteur de 60%, ses cotisation ont été alors amputées et autant, celles versées par ses employeurs depuis plus de 25 ans.
Athènes, avril 2014 |
Le “gouvernement” dément évidemment, comme à chaque fois que les fuites organisées servant à préparer... le sol et à ainsi tester notre mécanique sociale (et... ses oranges). C’est un nouveau contrat (a)social, pour lequel les assujettis de la zone euro (pas qu’en Grèce), n’ont jamais eu à se prononcer, car tout est alors agencé pour que les élections servent à entériner la politique des marionnettes. En Grèce cela se voit outrageusement désormais, mais c’est trop tard dans un sens et la société reste tétanisée.
C’est ainsi que la vie continuera coûte que coûte. Mes amis, ceux de SYRIZA en tout cas, perdent ainsi leurs illusions en ce moment. “Nous gouvernerons peut-être et alors ? Le système... désormais nous englobe, et nous... embrasse même très fort. Les vrais tenants du fait politique en Grèce préparent la phase suivante de l'expérimentation. Samaras et Venizélos seront bientôt politiquement liquidés, ils ont bien ou moins bien incarné leur rôle, seulement, cela se terminera sans doute dans quelques mois, surtout, après la révélation de l’affaire Baltakos”. Lundi matin, un juge a prévenu que quiconque (parmi les députés) dévoileraient des vidéos, comme celle de Baltakos ; il sera alors aussitôt mis en état d’arrestation (presse internet du 7 avril).
L'Assemblée nationale... “Vous ne savez pas à qui vous avez à faire, je suis le fils Baltakos”. “Quotidien des Rédacteurs” du 5 avril |
“Une fraction de la droite, les plus centristes supposons au sein de la Nouvelle Démocratie se détacheraient de la bande de l’extrême-droite de Samaras et des siens. C’est pour ensuite forme avec SYRIZA et peut-être aussi avec le parti (de la droite) anti-mémorandum des Grecs Indépendants, un gouvernement dit ‘d’unité nationale’ ou du ‘salut national’, c’est selon, mais peu importe le nom. Certains anciens du PASOK seront de la partie, le tout, sous la menace... maintenue à ébullition des Aubedoriens. La dite ‘Rivière’, le parti germanophile du farfelu Stavros Theodorakis n’est qu’un leurre, histoire de gagner du temps bien nécessaire, et à la limite, la Rivière pourrait être utilisé comme ‘complément’ et ruisseau, qui sait ?”.
D’autres par contre prétendent exactement le contraire chez SYRIZA: “Alexis Tsipras est d’abord un réaliste. Il reconnait l’importance du cadre objectif dans lequel se trouve la Grèce, ainsi que toutes les difficultés qui en découlent. Donc il agira de la sorte et il ne dévoile pas toutes ses cartes en ce moment. Déjà, il a presque fédéré une certaine gauche en Italie, rien qu’en son nom, ce n’est pas rien. Soyons confiants”.
L’avenir le dira et l’avenir c’est demain matin ou plutôt... hier soir car notre historicité est galopante. Jamais un parti politique ne s’est transformé autant que SYRIZA en si peu de temps et cela, sans même accéder aux commandes. Et quant au PASOK de la dernière social-démocratie, c’est déjà un parti volatilisé car son rôle d’initiateur de la politique du génocide économique (pour d’autres de l’austérité) fut si bien rempli. Rien qu’en deux ans depuis 2010, il connait ainsi sa propre fin de l’histoire, le tout dans la bouffonnerie. Ainsi son chef Venizélos, est même animalisé par les caricaturistes, qui plus est, dans une certaine... scatologie. Certainement une fin de l’histoire alors.
Venizélos du PASOK... animalisé. “Quotidien des Rédacteurs” du 5 avril |
La Grèce sous Samaras. “Quotidien des Rédacteurs” du 5 avril |
La Grèce sous Samaras retient alors son souffle... de même que son nez, cependant, nos dirigeants... indigènes croient encore au totem de la visite d’Angela Merkel, elle arrive vendredi prochain 11 avril, au pays où décidément, la démocratie devient alors tabou.
Joint par téléphone par la radio (pro-mémorandum) SKAI, un analyste de la Deutsche Welle a fait de son mieux afin de “dissiper les malentendus dans les stéréotypes véhiculés par une certaine presse entre les deux pays” (fin mars), mais sa tâche fut bien rude.
Samaras et Stournaras en attendant la visite d'Angela Merkel. “Eleftherotypia” du 6 avril |
Mais pour de nombreux professionnels du tourisme, c’est seulement l’arrivée des touristes qui compte et ainsi “le pays irait sans doute mieux”. Près des ports de plaisance, l’activité est en ce moment frénétique, comme par le vieux temps sauf que les prix pratiquées sont en baisse.
La saison s’annonce meilleure que celle de 2013, les professionnels des flottilles et des voiliers préparent alors leurs bateaux en ce moment. Ils sont confiants. “Pour Pâques déjà, j'attends une équipe de sommeliers Russes, comme l'année dernière. C'est une clientèle assez récente et disons... bien généreuse”, dit Nikos. C’est la ligne droite jusqu’aux dernières réparations sous le soleil et sous... le bruit des hélicoptères parfois.
Près d'Athènes, avril 2014 |
Près d'Athènes, avril 2014 |
Cette (petite) partie de la société ne connait certainement pas la même crise que le voisin Christos... d’ailleurs lui, il ne prendra pas la mer c’est clair. Cependant, la pluie sur Athènes ne dure jamais trop longtemps, déjà sur terre.
Seulement, et même dans les quartiers résidentiels, on met désormais... à disposition et bien en évidence des aliments périmés ou pas nécessairement. Ils sont toujours récupérés, de préférence de nuit par ceux qui ne prendront pas le large non plus... le tout dans une mer d’extrémismes.
Aliments... bien disposés. Athènes, le 6 avril |
* Photo de couverture: Travaux. Professionnels du tourisme en mer. En Attique, avril 2014