Greek Crisis
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Thursday, 3 July 2014

Une mer mêlée au soleil/A sea mingled with the sun



Le poète Odysséas Elýtis rappelait déjà l’essentiel dans son discours à l’Académie de Stockholm lors de la réception du prix Nobel de littérature qui lui avait été attribué en 1979. “Une image de la mer, telle que nous la trouvons dans Homère, parvient intacte jusqu'à nous. Rimbaud dira ‘une mer mêlée au soleil’. Sauf que lui ajoutera: ‘c'est là l'éternité’.” C’est presque vrai.

Athéniens à la plage. Juillet 2014.

Déjà juillet et les Athéniens fréquentent visiblement très nombreux les plages proches de l’Attique pour cette image de la mer et de la crise ensoleillées. Notre presse néanmoins, insiste cette semaine sur le fait que 75% des Grecs ne partiront pas en vacances cet été. Alors heureux agrégat sociologique des 25% partants... qui comme Ulysse, fera un beau voyage.

Simultanément loin, très loin même de l’éternité de Rimbaud, on apprend par exemple à l’écoute de certaines radios, telle 105.5 FM mercredi 2 juillet, le bien dernier sort de cette parcelle de la région d’Épidaure ainsi que de son petit port proche du théâtre antique. Fractions et fragments... de l’éternité qui seront cédés aux “investisseurs” dont la jouissance sera pour cette raison transférée au TAIPED, organisme “grec” mondialement connu pour... ses ventes forcées de la biosphère et du littoral grecs.

Dans l’indifférence je dirais générale, les Athéniens fréquentent manifestement très nombreux les plages proches de l’Attique lorsqu’ils ne sont pas préoccupés par leur propre survie économique, question si possible et forcement repoussée à la fin Août. Atmosphère d’été par essence légère... cependant, les événements demeurent si graves.

Le Moyen Âge est déjà là. Athènes, juin 2014

Affiches de mai. Athènes, juillet 2014

Et c’est en ce début juillet que le “gouvernement” vient en plus de lancer la privatisation par... dépeçage de la Régie d’Électricité provoquant la colère des syndicalistes et autant celle des gauches grecques, SYRIZA en tête. On se souviendra qu’il y a un an, de la fermeture brutale de la radiotélévision publique ERT (et son remplacement progressif par le groupe NERIT), événement ayant provoqué les mêmes colères et autant une belle mobilisation de la sociométrie des derniers indignés de la dignité que compterait encore ce pays. Affaire pourtant classée...

C’est dans ce contexte donc que les “luttes” deviennent de plus en plus... symboliques, à défaut d’autre sémantique, tant les conditions de vérité de leurs énoncés s’avèrent alors improbables. C’est dans ce même contexte que les conditions de travail, voire même la condition humaine, relèvent dorénavant du seul... conditionnement d’après nos nouvelles réalités. Conditionnement alors en termes de procédure d’apprentissage de type presque... béhavioriste de la “crise” et de son régime politique. Temps décidément nouveaux.

Époque de la moisson en Thessalie. Juin 2014

Campagne thessalienne, juin 2014

Et pendant qu’en Thessalie la moisson se termine, à Athènes, mon ami journaliste déménage ainsi dans un appartement appartenant à sa famille situé dans les quartiers sud de l’agglomération athénienne. C’est nécessairement pour être près de la mer car il ne part plus en vacances, depuis 2011 il forme avec bien d’autres... ce 75% des Grecs !

Notons que récemment, un journal lui a proposé un “travail” rémunéré 30€ par jour, et notons surtout que les cotisations ainsi que les frais de déplacement (taxi obligatoire en fin de service nocturne) seraient à la charge de mon ami. Il n'a pas accepté “l'offre”... Le mémorandum durable est passé par là, ainsi que la fin des Conventions collectives. Face à cette dégradation de la condition humaine et du travail, l'Union des journalistes demeure bien impuissante.

Ce dernier temps et sur les murs du centre-ville d’Athènes, on découvre ces affiches du syndicat du livre lançant un appel à la grève pour le 18 juin passé et dès lors oublié, à l’image des affiches pour le 1er mai: “Tu préfères le Moyen Âge ? Il est déjà là et nous le combattons”. Leur message serait toutefois... diachronique.

Dans une église d'Athènes, juin 2014

Dans cette même église

Enfin, à l’occasion du baptême du fils de mon cousin C. fin juin, j’ai ainsi découvert sur les murs de l’église, cet autre Tartare des croyants et hétéronomes convaincus, région aride, brumeuse, sans vie et monotone et inévitablement... lieu de châtiment. Ce n’est qu’ensuite lors des agapes, que la famille proche ou lointaine, a aussi partagé ses diverses versions de Tartare, mais sur terre.

Agapes en ce cinquième été du mémorandum, et de la Troïka. Notre cousine Voula qui appréhende désormais la fermeture prochaine et définitive de sa pharmacie, Apostolos, son mari qui vient d’installer un potager sur leur terrasse, Lina qui se lance dans l’exportation de denrées alimentaires vers l’Allemagne, la Belgique et l’Angleterre puisque notre cousin Yannis son époux, est au chômage.

Sauf que tout ce petit monde familial... prémédite une escapade en mer, chez les amis ou en camping, espéré encore libre.

En Attique, juillet 2014

En Attique près d'une plage. Juillet 2014

En Attique l’été grec brille comme jamais, une mer mêlée au soleil, nos animaux adespotes en plus ayant trouvé refuge à l’ombre, en ville ou près des plages.

La population du pays en crise ferait tout pour ainsi céder la place qui est la sienne à l’insouciance, voire, au détachement. Et ceux qui ne peuvent guère s’autoriser un tel refuge, seront alors de plus en plus mésestimés et ignorés, hormis pour les volontaires de nos nouvelles structures solidaires, au demeurant déjà bien vieilles !

Animaux d'Amorgos, printemps 2014

Il y a eu même ceux qui bien plus nombreux que les révoltés politiques, ont bruyamment manifesté leur allégresse dans les rues d’Athènes, de Thessalonique, de Patras ou de Trikala car la Grèce a été qualifiée pour les huitièmes de finale d'une coupe du monde, battant la Côte d'Ivoire deux buts à un, le but décisif ayant été marqué sur penalty à la dernière minute du temps additionnel par Georgios Samaras, footballeur homonyme du Premier ministre.

C’est ainsi que la presse gouvernementale avait choisi ses termes et titres volontairement polysémiques du genre: “La Grèce sauvée par Samaras” rajoutant le ridicule à l’insignifiant ambiant, tandis qu’Alexis Tsipras de la Gauche radicale s’est empressé de féliciter les joueurs. Depuis, le Costa-Rica a battu la Grèce aux tirs au but et rejoint les Pays-Bas en quarts de finale.

Une partie de l'île d'Amorgos, printemps 2014

Nos amis J. et M. nous adressent depuis leur île d’Amorgos leurs dernières photos du printemps passé... alors presque inaperçu par nos temps si inédits. Le poète Odysséas Elýtis signalait d’emblé l’essentiel dans son discours à l’Académie de Stockholm: “Pour que la vie soit possible, nous devons nous tenir à une juste distance du soleil figuré, comme notre planète du soleil naturel. Nous fûmes jadis en faute par ignorance. Nous fautons aujourd'hui par l'étendue de notre savoir. Je ne viens pas, en disant cela, me joindre à la longue file des censeurs de notre civilisation technique. Une sagesse aussi ancienne que le pays d'où je viens m'a enseigné d’accepter l'évolution, à digérer le progrès ‘avec ses écorces et ses noyaux’.

Je dirais seulement que nos animaux athéniens ont l’air plus défiant que les heureux adespotes de l’île du Grand Bleu et du tourisme affirmé. Été oblige.

Animal adespote. Athènes, juin 2014




* Photo de couverture: Près d'Athènes, juillet 2014