Greek Crisis
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Monday 1 September 2014

Carapaces/Carapaces



Août n’est plus. Notre quotidien porte certes toujours sa carapace de l’été, néanmoins, ce n’est qu’une pellicule qui ne protège plus de grand-chose et encore moins de l’hiver européiste. Septembre, dit mois “de la rentrée”, et déjà le théâtre de notre rue s'avère un véritable vecteur de la crispation... suffisamment ambiante.

Port du Pirée. Retours de fin août 2014

Non pas bien évidemment la rue des manifestants, ce n’est guère la saison... depuis 2012, mais plutôt, celle omniprésente et inévitable du frottement quotidien avec la réalité, en premier lieu, avec un autrui trop semblable, voire grégaire. Rien de plus patent dans un sens et pourtant.

Ainsi, cette promiscuité avec autrui devient alors une affaire... bien épineuse par les temps qui courent, et cela, si diligemment. Le Grec méta-moderne ainsi... revigoré par ses crises, n’admet plus l’altérité, et il ne tolère d’ailleurs plus aucune différence. Au-delà même de l’immédiateté quotidienne, c’est bien la société grecque dans son ensemble qui est crispée, et semble-t-il pour longtemps. Heureusement donc que les plages restent encore remplies en week-end pour ainsi retenir un peu le pire !

L’inéluctable fut consommé. La dite vraie rentrée à l’ancienne, ne concerne alors qu’un petit tiers de la population, et encore. Et les rames et les quais du réseau (parfois) express régional, notre Proastiakós en ligne unique, redeviennent avec la rentrée progressive, ces lieux communs des incivilités et autres discourtoisies en toute sorte et autant, le miroir du lien social défait.

Athènes, août 2014

Plage en Attique. Dernier week-end d'août 2014

Dans les bus, la situation est bien pire, j’ai même assisté depuis un certain temps à des... rixes entre retraités, rien que pour une place assise ou encore, pour déterminer aux seuls et uniques rapports de force interhumains... tels qu'ils découlent de l'imitation de certains affects, la priorité accordée entre éphémères passagers à la montée ou à la descente.

La lassitude, et d’autres affections secondaires apparaissent ainsi naturellement dans le rapport entre les hommes, moyennant le travail constant de l’imagination des uns envers les autres comme diraient les philosophes. Dans un sens alors, rien de très surprenant.

Et quant aux plus jeunes, nos... faiblesses vives de la nation, enfermés comme ils sont dans leurs carapaces numériques, casques comprises, ils sont certes moins... belliqueux que certains anciens. cependant, les uns comme les autres ont intériorisé désormais ce regard effacé, vide et parfois autant effaré, signe extérieur infaillible du psychisme et de la mécanique sociale appliquée d’en haut. Dans le langage courant on dira toujours que “c'est la crise”.

Kiosque - librairie. Athènes, fin août 2014

Garde Evzone et touriste. Place de la Constitution, août 2014

Nos touristes, très nombreux cette année, lorsqu’ils ne font pas photographier aux côtés des Evzones devant la tombe du soldat inconnu, ils découvrent en même temps que les passants Athéniens les dernières trouvailles en livres d’occasion autour des kiosques du centre-ville, le tout, dans un calme alors tragi-comique.

En cette rentrée de septembre, les taxis attendent parfois désespérément leurs clients sur les quais du Pirée en ce temps des retours. Il n’y a pas forcement pour tout le monde, la clientèle est plus que réservée. Dans le sens contraire, certains heureux vacanciers, essentiellement des touristes ; prennent alors le chemin des îles. Tel ce couple de touristes belges de passage par le terminus du métro au Pirée, Pamela et Onésime, en partance pour l’île d’Astypálaia. “C'est notre premier séjour en Grèce, cela s'annonce déjà bien, Astypálaia paraît-il c'est une île superbe”.

Café à Astypálaia, 2012

Embarquement pour Astypálaia, août 2014

Pour le grand reste... l’inéluctable fut consommé et l’aveuglement règne. Sur un mur du Pirée, un graffiti... moderne, généré de fait par la nébuleuse de l’obscurantisme civilisationnel narcotique, ferait à la fois référence à un pseudonyme, à certains jeux vidéo, ainsi qu’à une... succursale des réseaux asociaux.

Le café de la “para-modernité” sera nécessairement amer, tandis qu’au siècle du nouvel asservissement, la géopolitique déjà bien emballée réservera des surprises plutôt mauvaises et suffisamment chaotiques. Pour faire court, une petite élite mondiale composée des descendants des patriciens Ouest-Européens, plus ceux de l’incontournable Amérique, ont pris le véritable contrôle des affaires de ce bas monde en imposant le modèle dit “de la mondialisation”, de la financiarisation des échanges et autant des rapports, des imaginaires, voire, des sens.

Sur le continent européen c’est essentiellement par le truchement de la dite Union Européenne que ce nouveau totalitarisme s’installe. Quelquefois, cette... dernière (?) Grande transformation est imposée brutalement par les Proconsuls de la Troïka, comme au Portugal, à Chypre ou en Grèce. Ailleurs, comme en France par exemple, les marionnettes qui gouvernent sont en train de franchir les derniers retranchements (même symboliques) de la souveraineté et la démocratie. C’est accablant.

Graffiti. Le Pirée, août 2014

Café. Athènes, 2014

Ainsi et comme à travers les pays de l’Europe méditerranéenne, le nouveau ministre des Finances en France, est... un banquier véritable, de surcroit nommé car conjointement “recommandé” par l’élite dominante et dominatrice d’un pays tiers, l’Allemagne. Il est intéressant de noter que ce n’est pas parce que l’élite allemande est davantage dominante et dominatrice que les autres pays, que... ses citoyens, dont la désignation renvoie au fleuve Niémen à l'adjectif signifiant “muet” dans les langues slaves, vivent alors dans une situation sociale forcement très enviable.

Nos Allemands ainsi invisibles seraient les grands muets du siècle, comme presque nous autres. Alors, ce qui nous restait des... micro-démocraties en Europe... est déjà “vomi”, suite à une soûlerie qui se terminera très mal, tandis qu’au même moment, de nombreux pays souverains à l’image des BRICS, subissent déjà l’agression de l’élite occidentale, à défaut de trouver un modus vivendi disons acceptable avec elle, c’est à dire, se soumettre comme les autres pays.

Propagande européiste. Musée de la monnaie, Athènes, août 2014

Mendiante. Athènes, août 2014

C’est dans ce contexte bien... arrogant, que la nouvelle administration SYRIZA de la Région d’Attique a pris ses fonctions le 27 août, suite aux résultats des élections régionales de mai dernier. Rena Doúrou, la nouvelle Présidente de la plus grande région du pays en termes de population (un tiers), était visiblement heureuse et sans doute émue. Encouragée par Alexis Tsípras et surtout par Manólis Glézos elle a d’emblée averti des suites: “désormais, une page est tournée pour ce qui est de la gestion des affaires publiques”.

L’avenir sera bien court, en tout cas pour vérifier les résultats. Et parmi ces nouveaux élus SYRIZA, on retrouve aussi Caterína Thanopoúlou que j’avais interviewé en avril dernier, au moment de sa candidature. Dans quelques mois, je compte alors poser à Caterína les questions, ou bien les apories qui s’imposeront.

Réna Doúrou aux côtés des femmes de ménage licenciées du ministère des Finances. Août 2014

Prise des fonctions de Réna Doúrou. Athènes, le 27 août

En attendant, les ténors du “gouvernement” Samaras, c’est à dire quatre marionnettes ministérielles, accompagneront le banquier-ministre des Finances Hardoúvelis, s’apprêtant à se rendre à Paris mardi 2 septembre “pour une série de négociations avec les représentants des créanciers” rapporte la presse du moment, autrement-dit, les représentants de la kleptocratie mondiale.

C’est vrai aussi que la Troïka préfère désormais rencontrer les délégués des... indigènes à Paris plutôt qu’à Athènes, certainement pour ne pas subir les aléas du climat social délétère qui règne dans les colonies et manifestement bientôt... en métropole.

L’inéluctable provisoire est certes consommé, Samaras et les siens projettent d’après la presse de la semaine dernière, la suppression pure et simple de l’Agence Nationale pour l’Emploi, et son remplacement par une entreprise privée qui prendra donc... la relève. La nouvelle avait été d’abord officiellement démentie, suite aux fuites organisées pour ainsi préparer le terrain psychologique dans cette autre Grande guerre.

La mort de l'ANPE ? “Quotidien des Rédacteurs”. Août 2014

Le “success story” d'Antónis Samaras. “Quotidien des Rédacteurs” du 31 août

Dans ce même ordre d’idées, une autre nouvelle rapportée par les reporteurs de la radio 105,5 (SYRIZA) ces derniers jours, le ministre de la Santé, Vorídis (issu de la très extrême-droite d’ailleurs), projetterait la suppression de l’Agence comptable de la Sécurité Sociale pour confier la tâche à un prestataire privé, lequel aura aussi accès à toutes les données médicales des assurés.

Cette nouvelle (intention) a été aussitôt démentie. Rappelons que toutes les mesures du mémorandum et cela depuis 2010, avaient été dans un premier temps démenties, pour... ensuite s’avérer effectives dans quelques mois.

Déménagement à l'étranger. Athènes, septembre 2014

Août n’est plus et même si notre quotidien porte toujours sa carapace de l’été, les Grecs ne se font plus les mêmes illusions qu’en mai dernier. Une certaine... rue grecque déménage déjà à l’étranger sous le regard intrigué des restants. Les carapaces gouvernent, les exosquelettes décident... vivement l’automne.

Le regard des autres. Athènes, temps de crise.




* Photo de couverture: Place de la Constitution, août 2014