Greek Crisis
  • Due to recent updates, Google automatic translation and consequently our site, no longer works in Chromium-based browsers.
    While waiting for a technical solution, we suggest you use the Firefox browser or our site in French.
    • Suite à des récentes mises à jour, la traduction automatique Google et par conséquence notre site, ne fonctionne plus dans des navigateurs basés sur Chromium.
      En attendant une solution technique, nous vous proposons d'utiliser le navigateur Firefox ou notre site en français.

Wednesday, 24 September 2014

Sauver les meubles/Salvage the contents



Dans les espaces publics de passage et de rassemblement par essence éphémères, les générations et les lignées de la crise s’entremêlent. Athènes, gare centrale ferroviaire, matinée de septembre. Nos trains arrivent et partent le plus souvent à l’heure, et les usagers ne se lamentent plus sur leur sort immédiat comme autrefois. Cependant, les infrastructures respirent vaillamment le passé, fidèles aux... acquis surannés du vingtième siècle, et cela à l’image des hommes. Irrémédiablement d’après certains.

Mémoire de Pávlos Fýssas. Presse du 20 septembre

Il y a presque foule ce matin, et on remarque alors chez certains partants, particulièrement parmi les plus âgés, cette envie d’après l’ethos grec, de débuter une conversation s'engageant dans un échange avec l’inconnu assis à côté.

On nous asperge, il n’y qu’à distinguer ces trainées chimiques rependues illégalement par des avions. Tout cela afin de nous endormir... c’est incontestable. Alors voilà comment nous avons perdu toute notre faculté d’indignation et de raisonner”, affirment deux retraitées. Assis à coté d’elles et cependant bien lointains, deux jeunes, s’occupent et se préoccupent très sérieusement de la vitesse de téléchargement et des différents fournisseurs de... méta-téléphonie englobante. Le monde à part des nuées séparées.

Monument dédié à la mémoire de Pávlos Fýssas. Athènes, 18 septembre 2014

Concert dédié à Pávlos Fýssas, place de la Constitution, 19 septembre 2014

Toutefois, la semaine athénienne s’est presque déroulée sous le signe de la mémoire soulignée de Pávlos Fýssas, chanteur assassiné il y a juste un an par certains membres de l’Aube dorée et de l’ersatz ambiant et “localement” (a)varié du néonazisme. Quelques milliers de personnes, jeunes surtout, ont pris part aux manifestations et aux concerts et tout le monde aura constaté une fois e plus, les nombreuses interpellations et parfois arrestations... alors “convenables”, opérées par la police.

Et l’émotion fut certes forte lors de l’inauguration du monument dédié à Pávlos, puis, cette même semaine, un tribunal de Thessalonique a condamné deux membres... et bras Aubedoriens pour faits de violence certains, avérés et exercés en 2012 contre un couple d’immigrés. En attendant nécessairement l’ouverture d’autres audiences à Athènes durant l’automne.

Touristes, Athènes, septembre 2014

Épices athéniennes, septembre 2014

Éponges du temps présent. Athènes 2014

Il faut toutefois souligner que ces manifestations n’ont concerné qu’une relativement petite portion de la sociologie grecque, “une affaire de Gauche” comme diraient certains. Cependant, un nouveau lieu de la mémoire des temps nouveaux est ainsi né, s’ajoutant à bien d’autres s'inscrivant dans les faits, pas forcement oubliés depuis l’avènement... de l’événementialité de la Troïka.

C’est ainsi que les autorités auront tout fait afin d’effacer ces traces mémorandaires et forcement mémorables de la présence populaire manifestante place de la Constitution durant les années 2011 et 2012. C’est presqu’une affaire réussie, ces lieux ont été nettoyés, les pierres et les marbres brillent, et c’est alors de plein droit que les touristes si bien heureux, pourront trouver une place à bord du “happy train” athénien ou sinon, admirer les épices et les éponges... censées représenter au mieux la plus naturelle des destinées grecques.

Réouverture d'un café place de la Constitution, Septembre 2014

Promotion d'un événement annoncé comme spectaculaire. Septembre 2014

L'arbre de Dimitri. Septembre 2014

Seulement, toutes les éponges du destin ambiant ne suffiront guère à effacer toutes les traces de la mémoire ensanglantée des années plombées sous la méta-démocratie de la Troïka et des micro-politiciens qui “gouvernent” ici ou ailleurs. À l’image de l’arbre de Dimitri, peint en rouge indélébile, depuis son suicide politique en avril 2012.

Le gouvernement d’occupation a littéralement anéanti tous mes moyens de subsistance, qui consistaient en une retraite digne, pour laquelle j’ai cotisé pendant 35 ans, (sans aucune contribution de l'État). Mon âge, ne me permet plus d’entreprendre une action individuelle plus radicale (même si je n’exclus pas que si un grec prenait une kalachnikov je n’aurais pas été le deuxième à suivre), je ne trouve plus d’autre solution qu’une mort digne, ou sinon, faire les poubelles pour me nourrir. Je crois qu’un jour les jeunes sans avenir, prendront les armes et iront pendre les traîtres du peuple, sur la place de la Constitution, comme l’ont fait en 1945 les Italiens pour Mussolini, sur la Piazzale Loreto, à Milan”, écrivait Dimítris Christoúlas dans son ultime message avant l’exode. Il y a déjà suffisamment longtemps, une petite éternité tenant compte de l’accélération des événements depuis 2010.

Crise, temps d’Exode de toutes sortes. Le reportage nouveau a ainsi trouvé à ce sujet le titre comme la matière, s’agissant d’observer les nouvelles migrations des jeunes générations depuis les prisons économiques ensoleillées du Sud de la Para-Europa. Un article paru dimanche 21 septembre dans le quotidien “Avgí” (journal de SYRIZA) porte alors le titre évocateur “Génération-E, la nouvelle jeunesse de l'Exode”. Il s’agit d’une enquête en cours, sous forme de questionnaires adressés simultanément à un échantillon représentatif et au nombre significatif de répondants des divers sous-groupes de jeunes, Portugais, Espagnols, Italiens et Grecs, par une équipe composite et financée... par une ONG depuis les Pays-Bas.

Depuis la crise, toute une génération s’est transformée en une lignée d’expatriés. Ces mots sont peut-être forts, sauf qu’il s’agit de la plus stricte et alors triste vérité. Nous avons donc fait usage de la lettre ‘E’ pour designer ce phénomène composite. ‘E’ donc comme Europe, Erasmus, Easyjet, Exode, Expatriation et Exile. L’Europe devient donc... une constellation de la crise économique. Nos vies ne sont plus les mêmes. Ainsi, de nombreux Grecs ont quitté le pays partant souvent hors Europe. Et à partir du moment où l’on quitte son pays on devient alors un immigré, quoi qu’il arrive et il y a souffrance. Certes, la différence de taille est notable entre les migrants d’ailleurs qui risquent leur vie en mer, et ces migrants du monde Occidental qui voyagent en Easyjet, sauf qu’au fond, la logique demeure identique ou sinon parallèle”, soulignent alors les enquêteurs.

Immeuble classé à vendre. Athènes, septembre 2014

Athènes, septembre 2014

Rue marchande. Athènes, septembre 2014

Le pays s’en va ou il est alors à vendre, c’est à dire bradé. Les rues marchandes de la ville ne font plus le plein et cela, malgré l’afflux incontestable des touristes ou même l’ouverture des commerces le dimanche, imposée par la Troïka (une exigence du mémorandum paraît-il), et les acolytes de Samarás et de l’hyper “financierisme”. D’après les dernières statistiques (radio REAL-FM en septembre 2014), la consommation durant août 2014 a reculé de presque 2%, pourtant, au beau milieu d’une saison touristique présumée excellente.

Le soleil chasserait nos pluies et camouflerait autant nos crises. Les Grecs... majoritairement “abîmés” jusqu’à leurs dernières substances, se retirent et se taisent à de rares exceptions près. Alors qu’ un petit quart de la population dont les plus aisés, se portent suffisamment bien, voire très bien. Pays déjà vieilli aux attentes alors incertaines à l’âge des extrêmes.

À l’image de cette attraction tragiquement porteuse, s’agissant du mouvement des femmes de ménage licenciées du ministère des Finances, ainsi que certaines autres collectifs tangibles et symboliques, bivouaquant toujours et encore en ce moment près de la Place de la Constitution, rappelant les pires apories de l’abus comme de l’hybris contre vents et marées.

Place de la Constitution... nonchalante. Septembre 2014

Femmes de ménage en lutte. Septembre 2014

Autres collectifs en lutte. Septembre 2014

Cela ne suffit guère tout le monde le sait. Et pour certains analystes, situés par exemple à Gauche... “nos apories pourraient s’avérer porteuses d’avenir, mais cela évidemment sous certaines conditions. Déjà il faut comprendre cela, les sondages qui donnent une nette avance au parti de la Gauche radicale n’ont rien de révolutionnaire. Dans ce contexte, les gens ont perdu plus de 50% de leurs revenus et ne peuvent plus battre le pavé. Ce qui prime à leurs yeux, tient à la survie, au travail dans la mesure où ce dernier subsiste encore, tient aux liens familiaux difficiles à maintenir, tout comme les amitiés et enfin si possible cela tient aux distractions à maintenir vivantes. Tout ce qu’au bout du conte, pourrait rendre la vie mieux supportable”.

Les gens ne peuvent pas et ne doivent pas vivre à la manière des professionnels de la politique, au sein par exemple d’un parti de Gauche pour ne pas le nommer. La cartographie sociale de la Grèce a été radicalement refaite, celle de la politique alors suivra. Cependant, nombreux sont les citoyens qui redécouvrent la politisation... sauf qu’ils ne font pas confiance aux partis, et encore moins au personnel politique. Nous devons donc poursuivre et pousser plus loin les limites de notre réflexion. La forme actuelle des partis et des syndicats se réfère aux réalités et aux transformations de la production et de la politique du vingtième siècle. Aujourd’hui, tout est bouleversé”, (Kóstas Douzínas, “Avgí” du 21 septembre).

Devant les gros titres. Athènes, septembre 2014

Athènes, rue marchande. Septembre 2014

La Gauche grecque se cherche dans un sens tandis que l’hyper-droite qui gouverne pratiquement par décrets, ne trouve rien de plus original, hormis d’appliquer le programme de la Troïka, si possible annoté et encore. Cette semaine, Antónis Samarás s’est donc rendu... à la métropole pour y rencontrer Angela Merkel et quémander d’après la presse grecque, la dite “fin du programme du mémorandum”, plus quelques allégements fiscaux ici ou là.

Peine perdue. D’après le reportage disponible, la chancelière... de l’UE, a rappelé à l’occasion combien l’évasion fiscale reste immense dans la colonie, certes, sauf qu’elle a évidemment oublié celle autant avérée de certaines entreprises allemandes. Antónis Samarás “gouverne” par la grâce de la Troïka en servant les siens, des castes et certains intérêts locaux très particuliers. Ce n’est finalement ni nouveau ni, et encore moins, une spécificité grecque. Tandis donc que les dettes prouvées de certains méga-entrepreneurs bien de chez nous (?), dettes envers l’État, peuvent atteindre certains milliards d’euros, elles sont effacées par “notre” dernier pouvoir, au même moment, les impayées fiscaux globaux s’élèvent désormais à 70 milliards, d’après les dernières statistiques révélées par la presse de la semaine.

Et rien qu’en août, 1,5 milliards supplémentaires ont alourdi la note, neuf nouveaux milliards depuis le début de l’année 2014. En majorité, les ménages comme les petites et moyennes entreprises sont exsangues, apories auxquels s’ajoutent.. brillamment les fraudeurs de grande taille et de... bonne politique. C’est aussi cela l’impasse du “programme grec” de la Troïka. On le sait et on le murmure alors partout, FMI compris, sauf que du côté de Berlin (et pas uniquemet), on s’obstine à punir de manière forte et... bien Protestante, le plus grand nombre.

Samaras et Merkel, “Quotidien des Rédacteurs” du 22 septembre

Vision de la Grèce 2010-2014. “Quotidien des Rédacteurs”, septembre 2014

En attendant... le renouveau, Yannis du voisinage ne paie plus aucun impôt ni taxe depuis deux ans. Son épouse est au chômage et lui-même a perdu 40% de ses revenus. Tout est consommé au quotidien, dans l’alimentation, les factures incompressibles, les rares sorties, et cela à l’image du grand nombre.

En attendant donc et on ne sait plus quelle mutation politique... forcement d’en haut, les urgences sociales feront alors face aux apories de la paupérisation comme elle le peuvent. Déjà, pour venir à bout du problème des expulsions combinées à la surimposition qui frappe le foncier grec (s’agissant des nouveaux pauvres), c’est à l’initiative des solidarités alors encadrées qu’une amorce de solution serait en cours de accomplissement, comme à travers cette action de l’ONG “Solidarité pour tous”, reportage du quotidien “Avgí” du 21 septembre.

Dans les quartiers déjà déshérités de tout, les gens restent enfermés chez eux... aux oreilles aussi bouchées. Et contrairement à certains mythes, il n’y a aucune solidarité spontanée, dans cette jungle où tout un chacun doit survivre. “Les loyers impayés ont ainsi détruit nos liens avec la propriétaire de l'appartement”, raconte une habitante. “Jadis, lorsqu'elle avait besoin d'argent, nous lui apportions même le loyer par avance, pour l'aider. Et à l'occasion, nous nous échangeâmes les nouvelles du moment, nous étions des amis”.

La Grèce 2014 découverte en... 3014, “Quotidien des Rédacteurs”, septembre 2014

Pour les expulser du logement, la propriétaire aura même engagé le gros bras, des videurs comme on dit. “Nous lui avons expliqué qu’une association prendrait alors en charge le loyer à hauteur de 200 euros par mois, elle n’a rien voulu savoir car le montant initial s’élevait à 265 euros”. C’est ainsi qu’Angélique et son fils ont été expulsés, sauf qu’un voisin les a mis en contact avec l’ONG Solidarité pour tous. Depuis, Angélique est relogée. Son nouvel appartement a été disposé gratuitement par un petit propriétaire, lui-même connaissant des difficultés économiques.

En échange, l’association verse les charges, ainsi que les montants correspondant aux taxes, liées à ce bien immobilier. C’est une première forme de ce que l’on nomme déjà la première “Banque du logement”. En somme, une aspirine sociale, pourtant bien plus que nécessaire et cela d’ailleurs sous certaines conditions. Car cette ONG (proche de SYRIZA) tout comme les autres agissant sur le terrain, doivent d’entrée de jeu réunir le financement nécessaire. Pas toujours évident.

Immeuble à vendre. Athènes, septembre 2014

Les trains arrivent à l’heure et en Thessalie, il fait aussi lourd qu’à Athènes. À Trikala aussi les générations et les lignées de la crise s’entremêlent sauf que tout serait moins grave qu’à Athènes.

Campagne alors paisible et pénible, la petite entreprise appartenant à mes cousins vient d’être saisie par les banques, dans la famille alors on... sauve les meubles !
Trikala, soirée de septembre.

Ville de Trikala, septembre 2014




* Photo de couverture: Athènes, septembre 2014