Greek Crisis
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Sunday, 28 September 2014

Résiliences/Resiliences



Il nous apparaît que toute réalité dans les terroirs aux apparences paisibles, prend parfois sa source dans un récit. Dans ces campagnes grecques, on parle cependant peu, on prépare déjà l’hiver... puisque l’ordre du monde n’est certainement pas aussi brouillé qu’à Athènes. La crise serait alors à son rythme le plus lent, comme à Tríkala dans la région de la Thessalie, chef-lieu du département homonyme supprimé en 2010, où même, la rivière est régulièrement nettoyée. Visions locales.

Bois pour l'hiver et travaux d'entretien. Région de Tríkala, septembre 2014

Les villageois... du lignage et bien au-delà, ont ainsi entrepris des travaux d’entretien chez eux dans l’attente de l’hiver, c’est à dire sa crainte. Petits travaux hétéroclites, quelques poutres à remplacer ou un mur à solidifier. Aris, le maçon n’exige même plus son dû: “La rémunération saura attendre, ou sinon, elle sera échelonnée sur plusieurs mois... à l’image de la nouvelle taxe foncière. Seuls les fournisseurs doivent toucher l’essentiel des sommes correspondantes. Il y a d’abord le bois à payer, les consommables, puis, le vernis de qualité mais cher car importé depuis l’Allemagne, comme d’ailleurs nos outils”.

La Grèce et ses prétendues résiliences, quotidiennes ou incertaines. Tout le monde achète en ce moment son bois pour l’hiver, en complément des quantités non négligentes... “offertes par la nature, comme du temps des grands-parents”. D’ailleurs, c’est justement ce... comparatisme à l’anachronisme inversé, tel le double d’une société scrutée à travers son miroir brisé, qu’alors réserve un peu le psychisme collectif, mieux qu’en ville, les vergers en plus.

Lors des travaux. Région de Tríkala, septembre 2014.

Jardins potagers. Région de Tríkala, septembre 2014

Les anciens sont bien formels sur ce point: “Avant, du temps de notre si piètre enfance, tout était pire. Ni eau courante, ni électricité... ni retraite. Certes, nos pensions ont été amputées depuis l’arrivée de la Troïka, mais elles n'ont pas été supprimées pour autant”. Cependant, ceux qui ont tout de même trente ans, ne l’entendent pas de la même oreille. Cette génération des villages thessaliens, a déjà massivement quitté ses lieux paisibles pour l’Allemagne. Souvent dans la douleur.

Yórgos témoin de son nouveau siècle, tient alors coûte que coûte la quincaillerie du village, marteaux, ponceuses et autres clous de l’amertume... mélangés. “Maria, mon épouse est partie en Allemagne emmenant notre fils avec elle. Ils vivent chez ma belle-sœur, elle y est déjà installée depuis les premières années de la crise. Maria apprend l’allemand car étant donné qu’elle est déjà diplômée d’un BTS, elle vise mieux... que cet esclavage nouveau que subissent alors les autres jeunes du village sur place. Ils sont exploités comme tout le monde sait, par les restaurateurs bien de chez nous, issus de l’émigration des années 1960 et 1970. Sauf que ma génération, celle à la trentaine déjà bien lourde... préfère gagner mille euros par mois en Allemagne, plutôt que de se fatiguer ici et reprendre la terre des parents ou des grands-parents. Question cependant de mauvaise... éducation je dirais”.

Ville de Trikala, image de jadis. Septembre 2014

Yórgos ne souhaite pas quitter son village, ainsi il n’insurge contre la crise: “grande séparatrice des couples et des familles”. Mais ce n’est pas tout: “Tu sais, j'ai du mal désormais à retrouver les amis issus de ma génération. Ils sont pratiquement tous partis. Je fréquente alors ceux qui ont 25 ans ou sinon les plus âgés. C'est triste”.

La quincaillerie du village, propose désormais en plus de l’amertume, de la petite papeterie ainsi que des aliments pour animaux domestiques. “Il y a comme une petite clientèle évidente. Les gens achètent des croquettes au poids, sans emballage. C'est pour dire un phénomène relativement nouveau. Avant, ils achetaient leurs sacs et les boites dans les supermarchés de la ville. Plus maintenant. Et ils peuvent autant réduire certaines dépenses essentielles... pour ne pas laisser leurs animaux sans nourriture...”.

Petite sociabilité. Région de Tríkala, septembre 2014

Publicité pour les produits locaux. Tríkala, septembre 2014

Tandis que les panneaux publicitaires installés par la Municipalité vantent la qualité “incontournable” des produits du terroir, dont essentiellement la viande et les fromages, les dernières réalités du vivant local s’avèrent alors plus complexes. Ainsi, les éleveurs de la région (à l’instar des éleveurs des autres régions de la Grèce continentale), ont déjà perdu une partie de leurs troupeaux, et cela pour cause de maladies, plus incontrôlables que jamais depuis la supposée modernisation du pays datant de l’ultime quart du siècle certainement précédant.

Car les services vétérinaires de l’État... décentralisé subissent autant... la dématérialisation imposée par la “gouvernance” via la dette. Les campagnes nationales de vaccination ont pratiquement toutes cessé, ainsi que les autres formes de prévention. La rage chez nos animaux est donc de retour... en même temps que celle du financierisme chez certains humanoïdes.

Ville de Tríkala, septembre 2014

À Trikala par exemple, le service correspondant, compte moins d’une dizaine de médecins vétérinaires au lieu d’une trentaine avant l’austérité. Et lorsqu’il s’agit de contrôler en amont et au quotidien les cinq abattoirs de la ville, les autres missions deviennent alors impossibles.

À bord du le train lors du trajet Kalambáka -Athènes, un montagnard, habitant de la région, racontait à un couple d’Athéniens... bien innocents, que sa famille vient de perdre trois cent brebis et moutons sur le petit millier de bêtes que comptait alors le troupeau avant l’épizootie. Le hasard a fait que lors de l’émission matinale (26 septembre) à la radio 105.5, le journaliste Kóstas Arvanítis, a enfin évoqué ce problème, si souvent ignoré des médias et des citadins. D’après ses sources, un tiers du cheptel grec aurait succombé aux maladies et... à la crise, et cela, depuis seulement environ un an. Épizooties alors de temps de crise.

Avis aux chômeurs. Tríkala, septembre 2014

Café à Tríkala, septembre 2014

Sinon, à Trikala comme partout en Grèce, les nouvelles affiches de cet automne... font la promotion du labeur calculé. C’est vrai que l'histoire de la crise ne saurait s'apprécier seulement à l'aune de celle des nouvelles règles du travail devenu servitude, et pourtant. Des organismes privés... désignés par le “gouvernement”, en ayant la “possession” de la gestion des programmes financés par l’UE, proposent ainsi aux jeunes (restants) du pays, un “training voucher”, pour “ainsi réussir son entrainement conduisant à un retour vers l'emploi et le monde de l'entreprise”.

En d’autres temps et termes l’initiative serait intéressante, dans notre cas, il s’agit d’un travail le plus souvent sans lendemain, payé au mieux quatre euros l’heure, sans la moindre couverture sociale, ni cotisation. À l’image de l’avenir comme du presque présent en Grèce, entre atavismes et résiliences.

Nouvelle signalisation touristique. Tríkala, septembre 2014

Nouveau commerce. Tríkala, septembre 2014

Vendeur fixe. Tríkala, septembre 2014

Pendant ce temps certains tenteront leur dernière chance. Les nouvelles boutiques en Grèce ont toutes à faire avec l’alimentaire... maisons closes comprises. Mes amis de Trikala prétendent même qu’à part les nouveaux cafés et sandwicheries de la ville, les lieux de la prostitution connaissent alors une nouvelle... Belle époque, la prostitution occasionnelle déjà chez les étudiantes et pas seulement, deviendrait le nouveau phénomène de la crise.

Temps de mélanges. Urinoirs... contributifs à l’ancienne, nouvelle signalétique des lieux à destination des visiteurs, délabrements de l’avant-crise comme de l’après crise.

Urinoirs contributifs. Trikala, septembre 2014

Délabrements. Tríkala, septembre 2014

Faillites anciennes et durables. Tríkala, septembre 2014

La ville soigne pourtant ses monuments ainsi que son image. Il nous apparaît alors certainement, que toute réalité dans les terroirs aux apparences paisibles, prend parfois sa source dans une histoire passée.

La mosquée d’Osman Şah bey déjà restaurée est visitable, tandis que les bâtisses de la prison historique (monument classé) seront réutilisées après restauration, d’après la presse locale.

La mosquée d'Osman Şah. Trikala, septembre 2014

Historique du monument. Trikala, septembre 2014

Ancien pénitencier. Trikala, septembre 2014

Loin des terroirs, la capitale éprouve quant à elle, son autre temps de la crise et du calendrier politique. La presse outre-Atlantique consacre même un reportage... chaleureux à Réna Doúrou, de la Gauche radicale, nouvelle présidente de la Région Attique, tandis que certains journaux d’Athènes nous informent d’un événement artistique et poétique situé entre Paris et Athènes.

Réna Doúrou et “New York Times”, le 26 septembre

Paris - Athènes, “Eleftherotypía”, 24 septembre 2014

Caterína Thanopoúlou que j’avais interviewé en avril dernier, élue depuis conseillère régionale en Attique, vient d’être nommée vice-présidente, responsable des affaires sociales dans l’équipe de Réna Doúrou. Elle sera donc interviewée de nouveau cet automne, pour ainsi comprendre (si possible) les temps qui changeraient.

Caterína Thanopoúlou au Théâtre participatif. Athènes 2014

Je reviens les mains vides. Quotidien “Avgí” du 24 septembre 2014

Antónis Samarás et ses bagages. “Quotidien des Rédacteurs” du 23 septembre

Enfin, une partie de la presse grecque, ironise toujours sur le récent déplacement d’Antónis Samarás à Berlin. Angela Merkel n’aurait rien concédé. Plus sérieusement et en lien direct avec l’événement, l’ambassadeur de la Grèce en poste à Berlin vient de démissionner, la presse grecque relate alors qu’il aurait été court-circuité par les conseillers proches de Samarás, et surtout, il n’aurait pas été écouté lorsqu’il avait prévenu à temps de l’importunité politique de ce voyage.

Certains sources croisées, citées même par Deutsche Welle sont plus explicites: “l’ambassadeur de la Grèce à Berlin, avait toutefois prévenu à temps de l'ambiance politique du moment à Berlin, ainsi, la date de la visite était fort inappropriée. Le premier ministre n’allait certainement pas obtenir pas le soutien de la chancelière, exprimé en public”. Affaire conclue !

Pour les habitants des contrées thessaliennes, si lointaines de Berlin et même d’Athènes, l’événement de cette démission n’a pas été remarqué et c’est à peine avec ironie, que le changement politique concernant la Région d’Attique avait été commenté.

Dans ces campagnes grecques, on parle peu et on prépare déjà l’hiver... sous le regard étonné et étonnant des animaux adespotes (sans maître).

Animaux adespotes. Trikala, septembre 2014




* Photo de couverture: Trikala, septembre 2014