Greek Crisis
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Sunday 9 November 2014

L'avenir sous la pluie/The future under the rain



Les fortes pluies sont arrivées avec le vent du sud. Les températures restent pourtant clémentes et les Athéniens se disent plutôt soulagés. Car le chauffage devient désormais un luxe pour le plus grand nombre. Temps orageux, alors porteur de nombreux incidents humains et climatiques. Inondations, effondrements et autres “catastrophes” en rajoutent ainsi... à la morosité sociale. Temps présent et temps d’avenir ?

Pluie sur Athènes, le 8 novembre

Seulement, c’est plutôt le manque d’entretien - et non pas la “seule pluie” comme le prétendent certains medias, qui est à l’origine du déraillement d’un train de marchandises dans la nuit du vendredi à samedi ; et le trafic ferroviaire entre Athènes et Salonique avait été interrompu durant plusieurs heures. La Grèce alors patauge et se divise.

Toutefois, la semaine passée fut autant relativement dense en événements “d'en bas”, au-delà de la météo, s’agissant essentiellement des manifestations assez bien suivies et concernant certaines branches professionnelles... désarçonnées comme d’abord les lycéens, lesquels ont occupé plus de 500 établissements avant de manifester massivement dans les rues d’Athènes jeudi 6 novembre.

Les lycéens protestent contre le projet presque accompli de la “nouvelle école” sous le mémorandum ; et le ministre “socialiste” troïkan Lovérdos... incite les tribunaux ainsi que les cadres de “son” ministère “à ne pas tolérer le désordre et les entraves à la loi” Rien de très nouveau dans sa réaction.

Manifestation des lycéens. Athènes, le 6 novembre

La réponse des lycéens serait incarnée par ce slogan: “Non à la banque des victimes. Nous ne sommes pas une génération de moutons”, formule aperçue ainsi lors de leur manifestation. Temps jeune... refusant la glaciation du... nouveau climat. Temps en tout cas bien dur pour tous, jeunes ou pas.

Au même moment, des ouvriers du port du Pirée et de sa zone de fret ont autant manifesté contre la décision du gouvernement, déjà annoncée, s’agissant de la vente de presque tous les ports (et aussi aéroports) du pays.

Non à la Banque des Victimes. Athènes, le 6 novembre

Ouvriers du port. “Le Pirée n'est pas à vendre”. Athènes, le 6 novembre

Le Pirée n’est pas à vendre, et déjà... le port est en partie géré par un géant Chinois au moment où les très récentes normes imposées aux petits chantiers navals les conduiraient probablement à la fermeture. Les cargos y trouvent toutefois... leurs comptes, et on peut s’en faire une idée s’agissant de la zone portuaire, en empruntant tout simplement la navette entre le Pirée et l’île de Salamine, cela, moyennant deux euros par trajet et par personne.

Ce n’est pas la mer à boire mais la crise, et au bord de la navette des ouvriers rescapés du chômage, des immigrés et des visiteurs occasionnels de l’île (se) parlent peu, voire pas du tout. “La crise c'est du chagrin” fut l’intitulé d’un article publié cette semaine par un éditorialiste connu de la presse écrite. Il s’agit alors un truisme, certes argumenté.

Zone portuaire du Pirée, novembre 2014

Salamine, novembre 2014

Salamine sombre aussi à sa manière, mis à part certains trafics et autres crimes et délits à la portée des individus, petits et surtout moyens. Et encore il s’agit d’une minorité. Au même moment, la famille d’Albanais que nous connaissons sur l’île, établie en Grèce depuis 25 ans ; vient de mettre en vente sa maison toute récente, achevée seulement en 2011. Ces gens espèrent partir en Allemagne ou mieux comme ils disent, au Canada.

La Grèce s’agrippe à sa crise comme elle peut et cela concerne pratiquement tout le monde. Alexis, ingénieur-géologue hésite entre un poste à Dubaï ou un projet concernant l’exploitation du marbre quelque part au-delà d’Athènes “car les investisseurs existent et ils sont Italiens”. “De toute manière, c'est sauve qui peut. Le collectif est mort et la politique n'apportera plus rien. Le pays se relèvera dans vingt à trente ans et encore, donc pour nous tous ici il s'agit de sauver... nos jours restants. Ni plus, ni moins.”

Port du Pirée, novembre 2014

Plages au sud d'Athènes, novembre 2014

Les navires de croisière... se croisent toujours dans le port du Pirée et de l’autre côté de la bande côtière, vers les plages situées au sud de l’agglomération d’Attique, une compétition entre véliplanchistes rappellera aux autres la... normalité que certains connaissent, parfois contre vents et marées.

Manifestement, toujours contre vents et marées, les gens de gauche en Grèce, certains d’entre eux en tout cas, réfléchissent enfin sérieusement. La victoire probable de SYRIZA aux prochaines élections (entre 2015 et 2016) et la quasi pulvérisation assez pressentie des autres formations situées à gauche de SYRIZA, devient alors une perceptive en somme, plus compliquée que jamais.

La social-démocratie appartenant déjà aux cimetières de la théâtralisation politique, c’est désormais le moment pour l’ensemble de la gauche pour (se) mesurer (à) sa propre disparition et cela, malgré la percée... inévitablement sympathique d’Aléxis Tsípras.

Le PASOK, (PS) grec du moment vu par la presse. Novembre 2014

D’ailleurs, à gauche comme à droite, on estime que notre pays est suspendu dans le vide. Suspendu dans l'air du temps comme si il s’attend à l’ouverture d’une trappe sous ses pieds, une ouverture vers le chaos rappelant les dessins animés de notre enfance.

Depuis septembre, je remarque qu’à travers la presse de gauche (et pas uniquement), puis, sur internet, les slogans faciles disparaissent au profit d’un discours et d’un logos enfin approfondis. “La gauche, syndicats compris, ont failli à leurs missions face à cette transformation imposée par les puissants. Le cadre déjà difficilement démocratique n'est plus, les gens ont peur et la mithridatisation fera accepter l’abdication quant aux droits lorsque les syndicats et les partis de gauche auront mobilisé quelques centaines de milliers de gens certes, tout juste pour faire retomber la pression sociale et ainsi justifier (de) leurs salaires... politiquement très corrects. Le réveil c’est alors maintenant ou plus jamais”, peut-on lire donc ici ou là.

Karl Popper, “L'avenir est ouvert”. “Quotidien des Rédacteurs”, le 8 novembre

Pierre Rosanvallon interviewé par le “Quotidien des Rédacteurs”. Le 8 novembre

La Grèce accablée deviendrait peut être plus pensive qu’avant, s’agissant toutefois d’une fraction de la population lorsque toutes les autres ont décroché et/ou, elles perpétuent les voies anesthésiques de la télévision et de... l’invincible lifestyle.

C’est ainsi que ce samedi 8 octobre, le “Quotidien des Rédacteurs” publie une interview de Pierre Rosanvallon pour qui “il y a certainement une urgence quant à la réinvention de l'égalité dans nos sociétés”. Et sur une autre page, le quotidien rend hommage à la pensée de Karl Popper,L'avenir est ouvert”. Plus pour tout le monde...

Yórgos Loúzis, agriculteur originaire de la région de Messénie au sud-ouest de la péninsule du Péloponnèse, s’est suicidé lorsque la Banque du Pirée a saisi “par erreur” ses maigres avoirs déposés sur son compte. Pourtant Yórgos remboursait normalement l’emprunt de la banque. L’affaire est montée jusqu’au “Parlement”, suite à la question posée au ministre des Finances par le député SYRIZA Thanássis Petrákos. Le ministre refuse de répondre, alors que le “Quotidien des Rédacteurs” rappellera que finalement les banques tuent.

Dimanche 9 novembre, et le soleil revient sur Athènes et en Messénie. L'avenir serait alors ouvert. Sous la pluie.

Animal adespote, près d'Athènes. Novembre 2014




* Photo de couverture: Au Pirée, novembre 2014