Greek Crisis
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Tuesday, 10 March 2015

Le ciel des travailleurs/The workers’ sky



Les Grecs scrutent leurs journaux, comme ils scrutent autant le ciel improbable. Ils reprennent goût à la politique... et finalement dégout, par la dernière géopolitique de la dite Europe. Le pays négocie, son calendrier politique lequel redevient à peu de choses près, celui des rencontres de type... européen. Le suspens trouve alors son paroxysme... d’Eurogroupe en Eurogroupe. “Ce n'est pas une vie”, se disent à ce propos deux hommes, devant les quotidiens que le kiosque du coin suspend sur le premier grillage.

Kiosque. Athènes, mars 2015

Notre gouvernement du temps d’après, annonce ce mardi (10 mars) que le... compte des réformes serait enfin correct, s’agissant bien évidemment de l’Eurogroupe de la veille. Quelques mesures de plus, mais à l’initiative de la Grèce d’après Yanis Varoufákis, explique-t-on au gouvernement, et surtout...surtout, l’acceptation du programme SYRIZA enfin, pour faire face à la crise humanitaire.

D’ailleurs, dans un premier temps, durant la soirée du lundi (9 mars), une nouvelle avait été diffusée par les medias, faisant état d’une altercation verbale qu’aurait eu lieu entre Yanis Varoufákis et Wolfgang Schäuble, au soir de l’Eurogroupe. Le ministre des Finances allemand et de l’Europe unifiée... à travers les victimes des génocides économiques en cours et futurs, aurait rétorqué devant son (supposé) homologue grec, que les mesures visant à lutter contre la crise humanitaire sont unilatérales car non chiffrées, et que de ce fait, elles devraient être suspendues, (hebdomadaire, “To Pontíki”).

Yanis Varoufákis aurait alors répliqué que ces mesures sont bien au contraire, au cœur du programme d’urgence en Grèce, et qu’elles ne sont pas coûteuses. Cette nouvelle a été par la suite démentie, cependant, l’hebdomadaire “To Pontíki” la maintient et surtout, le même Yanis Varoufákis, ayant été interviewé pour les besoins d’un documentaire que la première chaîne de la télévision allemande ARD a diffusé, explique que tous ces prêts accordés à la Grèce, relèvent alors du crime contre l’humanité, provoquant naturellement des réactions chez certains medias et cercles politiques allemands.

Athènes, mars 2015

La triste et autant très gênante vérité, c’est qu’Alexis Tsípras rencontrera cette semaine (d’après les médias grecs) Jean-Claude Junker, justement pour s’entretenir avec lui... au sujet de la politique d’urgence humanitaire en Grèce. Car en effet il y a de la fumée et il y a le feu ; d’après un communiqué du Centre médical Solidaire d’Ellinikón (près d’Athènes), la Commission européenne vient d’effectuer un geste sans précédent, en excluant la Grèce des rapports relatifs à l'examen du Programme (“Annual Growth Survey” - AGS), permettant d’ajuster les politiques contre la pauvreté, menées par les États membres de l'Union européenne et la Commission elle-même. La raison avancée officiellement, est que “ce rapport sur la Grèce, sera publié plus tard, car il fera suite aux conclusions alors incluses, des derniers Eurogroupe, entre le 20 et le 24 février 2015”.

Ce programme, entre autres, concerne la lutte contre la pauvreté (y compris celle qui frappe les enfants) et les conclusions des rapports en question permettent aux États-membres et à la Commission européenne de suivre leurs actions pour ce qui est de leur mise en œuvre. Il devient évident, précise alors le communiqué du Centre médical Solidaire d’Ellinikón, que “la décision d'exclure la Grèce de ce programme est carrément cruelle, étant donné que notre pays connaît la plus grave crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale”.

Pourquoi alors certains membres de la Commission européenne veulent-ils punir la Grèce, tandis que le minimum à faire en ce moment, serait d'explorer les canaux via lesquels la population grecque si cruellement touchée par cinq années d'austérité, obtiendra enfin l'aide humanitaire devenue si nécessaire ?” “Nous rappelons à la Commission européenne que plus de 6 millions de nos concitoyens pratiquement vivent sous le seuil de pauvreté. Pensera-t-elle enfin aider ces gens, plutôt que les banques ? Cette crise, frôle désormais le génocide. Et elle ne peut pas être traitée par... l’attente ‘des conclusions des négociations au sein de l’Eurogroupe. Tel est-il donc le sens de la solidarité de la part des pays de l'UE, nos partenaires ?

Permanence électorale SYRIZA pour les élections. Local de nouveau à louer. Athènes, mars 2015

La crise humanitaire est toujours là ; avant, comme après les élections de janvier dernier. Récemment, je me suis rendu dans les locaux du Centre médical Solidaire d’Ellinikón pour livrer trois colis de médicaments que des amis du blog Greek Crisis... sans attendre la Commission européenne, m’avaient alors adressé depuis leur pays, la France, dans un geste beau et émouvant. Je tiens à les remercier une fois de plus, au nom surtout des habitants de la Grèce... sans couverture Santé (25% de la population), et de la part de la... politique de génocide économique lent mais certain, situation à laquelle fait face le nouveau gouvernement grec.

Le dispensaire était alors encombré... de regards humains vides et muets, c’était alors un jour de février, sous le soleil d’Attique. Récemment encore, en compagnie du voisin Chrístos, il nous a fallu nous avancer de très près d’un... nouveau sans-abri du quartier, et allongé sur le trottoir devant une boutique fermée, pour vérifier sa respiration et son état... léthargique vital. Nous avions pensé un moment que le pauvre aurait peut-être expiré. De même, dans le quartier, je m’aperçois de certains retraités (femmes et hommes), lesquels (encore habillés... à la manière apparente de notre civilisation), fouillent les bennes à ordures dès que la nuit tombe, ou sinon, très tôt dans la matinée. Grèce... planète de Zeus !

État de siège. Presse grecque du 9 mars

C’est alors et encore ainsi, que la Grèce subit cette nouvelle forme d’état de siège, lors de chaque Eurogroupe, situationnisme établi et qui n’échappe même plus à la presse mainstream.

Les Grecs quant à eux, ils attendent alors assez stoïques je dirais pour le moment, car ils réalisent que ce gouvernement-là du moins il négocie pour la première fois et cela ne passe pas inaperçu. Même si, la politique SYRIZA/ANEL n’est pas (pour l’instant ?) à la hauteur des engagements et des urgences.

En effet, l’opinion grecque juge que peut-être, cet étranglement... additionnel du pays, par les geôliers du camp concentrationnaire européiste, si bien profitable aux élites allemandes que Wolfgang Schäuble représente comme on sait, serait alors lié aux menaces qui pèsent désormais sur les très juteux contrats... coloniaux, dont les entreprises allemandes sont les principales bénéficiaires et au même titre, illustres corruptrices: pots-de-vin, scandales politiques, évasion fiscale, violation des règles en matière d’environnement, stockage illégale de produits chimiques hautement toxiques... importés en Grèce depuis la Grande Allemagne sous de fausses étiquettes, et j’en passe.

Ainsi en ce moment, comme le souligne le site ami Okeanews, dix ans après la découverte du scandale, les juges grecs, ont finalement pris la décision de renvoyer 64 suspects en procès concernant des versements de pots de vin par le géant allemand Siemens. Parmi les 64 suspects, 13 sont des ressortissants allemands, cadres de la société mère. Selon la décision des juges, SIEMENS aurait versé une estimation de 70 millions d'euros pour décrocher un contrat et pour numériser le réseau de télécommunications public grec de l'époque, OTE. Le contrat “Convention 8002” avait été signé en 1997. Parmi les suspects, l'ancien homme fort de SIEMENS HELLAS, Mihális Christoforákos, qui s'est enfui en Allemagne et que les autorités allemande avaient refusé d'extrader vers la Grèce sur demande des autorités grecques, (la suite de l’article sur Okeanews)

Míkis Theodorákis en exil: 1947-1948. Spectacle commémoratif à Athènes, mars 2015

Soudainement, la Grèce de SYRIZA/ANEL... a meilleure mémoire que les mémorandistes patentés, depuis Papandréou et jusqu’à Samarás. Et pour ne plus oublier le passé, ou le funeste présent, Manólis Glézos, accordant une interview au quotidien chypriote “Simeriní”, affirme sans détours: “Ce que l’Allemagne n’est pas arrivée à faire à l’époque par les armes, c'est-à-dire, de créer une Europe allemande, elle arrive à le faire de nos jours avec la puissance économique et l’aide des USA et des autres vainqueurs de la 2e guerre mondiale - soviétiques exclus, bien entendu, cela va de soi. La guerre froide a donné aux USA et à leur création, l’OTAN, la possibilité d’imposer leur volonté à l’Europe. Et le fruit de cette volonté, c’est l’Allemagne actuelle.”, (voir sur Okeanews pour l’article complet).

En réalité, nous sommes en guerre. Une guerre nouvelle, passerelle imposée entre les conflits du siècle précédent et ceux du nôtre, en cours, et surtout en gestation. Contre les pays, contre la Démocratie et la souveraineté, contre les droits et d’ailleurs, contre les travailleurs et les autres chômeurs... décidément subalternes. Les élites voudraient bien les exterminer semble-t-il plus vite que prévu, cela devient alors manifeste pour tous ceux qui... (se) conservent alors en état de penser, et de ce fait, à se révolter.

Le licenciement d'Eleni. Supermarché AB, Athènes, le 10 mars

Les exemples ne manquent pas. Eleni est à la fois une victime et une rebelle dans cette guerre, à géométrie très variable. Fait très rare, dans les rayons du supermarché AB, appartenant essentiellement à la maison belge Delhaize, des tracts étaient posés mardi matin (10 mars) sur les articles en rayon, faisant état du cas d’Eleni, une employée, humiliée et ensuite licenciée par la direction après 15 ans de travail à mi-temps. Sa faute: elle avait réclamé l’application de la législation sur la pause de dix minutes ; supprimée par la direction.

D’après le tract, que les clients lisaient alors dans un silence de cimetière, “l’entreprise AB, recycle comme on dit ses salariés dans le but de réduire ses coûts, pour ce qui est des salaires, des cotisations et des primes, imposant sur les lieux de travail de conditions de bagne, en réduisant les droits des salariés, par les cadences insupportables, par la terreur et par des humiliations. Plus précisément, les salariés plus anciens sont essentiellement visés car ils ont davantage de droits que les nouveaux venus. Les anciens salariés sont donc poussés à la démission dans le but de les remplacer. Ils sont en effet remplacés par les nouveaux, sans droits (le mémorandum est passé par là) et très mal payés, étant donné que leurs maigres salaires sont financés par les programmes dits d’aide de l’UE, tandis que l’ANPE finance alors les cotisations de l’employeur. En réalité, ces employés offrent pratiquement du TRAVAIL GRATUIT, et cela très cyniquement car au nom de la... lutte contre le chômage. En plus, l’entreprise AB-Delhaize a le culot d’offrir une ristourne de 10% aux clients qui préfèrent désormais faire leurs courses un dimanche, au moment où les droits des salariés sont bafoués et leurs salaires sont considérablement réduits. Beau monde alors... que celui des patrons !

Tracts devant l'entrée du supermarché AB. Athènes, le 10 mars

Eleni, poursuit l’entreprise AB devant la justice, tandis que les syndicats ou plutôt collectifs, annoncent une quinzaine d’actions durant ce mois de mars 2015. D’autres petits tracts sous les caddys, annonçaient tant la couleur du temps qui fait: “Horaires dits souples et travail non payé. Voilà le vrai terrorisme” et “Le mémorandum n'est pas une image à la télé”.

Très précisément, Wolfgang Schäuble exige du gouvernement grec de revenir sur ses intentions politiques, acceptant et avalant toutes les couleuvres... du mémorandum signé par les gouvernements précédents (ce dernier, a déjà... raturé les Convention nationales et collectives, détruit les droits des salariés, et imposé le travail dominical, entre autres).

Mardi 10 mars pourtant, le ministre du Travail et de la Solidarité sociale, Panos Skourlétis (SYRIZA), a annoncé le retour prochain des Conventions Collectives, ainsi que l’annulation des lois du mémorandum. Ces derniers, d’après le ministre, sont même contraires aux règlements européens, c’est pour dire !

Pour Yórgos Katroúgalos, ministre de la Réforme administrative: “Ce qui change, c’est que nous ne subissons plus”, interview accordée au journal “Libération”.

Au pays des nombreux êtres adespotes (sans maître), Eleni, ne lit pas le français, et pourtant, elle scrute comme elle peut nos journaux, comme elle scrute encore son ciel improbable. Géopolitique de la dite Europe, celle des pays... et celle des travailleurs.

Animaux adespotes mais... soignés. Athènes, le 10 mars




* Photo de couverture: Devant les journaux. Athènes, mars 2015