Greek Crisis
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Monday 4 May 2015

Salamykonos



La Grèce n’a toujours pas fait faillite. Elle a toutefois dignement fêté son premier mai 2015... près des plages. Plus exactement, c’est son sixième 1er mai et indubitablement le sixième été consécutif sous la Troïka... institutionnalisée. Temps nouveaux, déjà mal vieillis.

La chouette symbole de la très ancienne sagesse. Athènes, mai 2015

Signe alors du vieillissement des temps et des auditoires, les quotidiens, dont ceux du dimanche se vendent mal en ce moment, tant les “incertitudes” qui menacent le pays au même titre que ses “acquis européens” finissent par lasser le plus grand nombre. Après tout, c’est enfin presque l’été.

Tout le monde s’est habitué à la crise. Il y a eu adaptation. Plus personne ne croit sérieusement au retour du temps d’avant. Et voilà comment l’île a fait son plein de soleil et de visiteurs durant ce long weekend du 1er mai. Les gens économisent cent à cent-cinquante euros, rien que pour s’offrir une sortie. Salamine a rarement connu une telle affluence pour un 1er mai. Avant, certains couraient vers Santorin ou vers Mykonos, désormais les îles proches d’Athènes sont les seules abordables. Et on s’y fait. Salamine, comme... ‘Salamykonos’, selon l’expression redevenue à la mode.

Dans les tavernes et surtout dans les cafés, c’était la cohue. D’ailleurs on le sait, les jeunes iront inlassablement boire leur café... étant donné que les retraites des grands-parents ou des parents, sont toujours versées. J’ai même vu de mes propres yeux deux jeunes se partageant un seul café, mais c’est tout de même relativement rare. Oui, il y a du monde à Salamine et en plein été il en aura davantage. Sauf que les gens emportent avec eux, et cela de plus en plus souvent, leurs sacs, leurs courses ou leurs sandwich.

Eaux et lieux de la célèbre bataille navale. Entre Salamine et l'Attique, mai 2015

Pêche passe-temps. Port de Pérama, mai 2015

Enfin, il y a ceux qui font usage de leurs petites maisons d’ici, destinées initialement au temps de vacances ; ils ont pu bâtir ainsi parfois après tant de sacrifices. Mais voilà que depuis la crise et surtout avec le chômage, ces gens ont quitté les appartements qu’ils occupaient en location au Pirée ou dans les quartiers Ouest d’Athènes pour venir habiter leurs petites maisons d’été et de tout temps. Ils ont surtout emmené avec eux les grands-parents, autrement-dit, les retraités, les... retirant violemment parfois des maisons de retraite. Ainsi, toute la famille vit sur la retraite des vieux. Voilà comment ma clientèle, celle des vieux, disparaît peu à peu, car leurs enfants ou petits enfants ont toujours conservé une vieille voiture pour les besoins des déplacements. Pour ne rien dire de la fermeture d’un grand nombre d’administrations, Impôts, Sécurité sociale et j’en passe, là encore, ma clientèle était souvent la même.” Constats et regrets d’un homme âgé et chauffeur de taxi sur l’île de Salamine en ce début mai.

C’est ainsi qu’en face, sur le port de Pérama au matin du 1er mai, les nombreux automobilistes des alentours avaient trouvé le temps d’accès aux embarcadères anormalement long. Pérama, cité ouvrière des chantiers navals, et désastre social même avant la crise et son chômage supplémentaire, d’où... une présence de l’Aube dorée fort visible désormais, en concurrence directe, face à un Parti communiste sur le déclin. Devant donc les embarcadères de Pérama, de nombreux membres de l’Aube dorée, hommes et femmes, distribuèrent tracts et journaux du mouvement néonazi, aux excursionnistes déjà agacés pour un rien du 1er mai. Drapeaux, symboles, allure paramilitaire... l’ambiance de cette autre nouvelle Grèce y était, à travers toutefois une drôle d’atmosphère en somme assez... raide.

J’ai toutefois remarqué que peu de gens ont refusé le... geste Aubedorien à l’argumentaire ouvertement prévisible: “Le gouvernement SYRIZA-ANEL a capitulé devant la Troïka. Nous sommes la seule alternative à l'avenir”. Rares avaient été aussi ceux qui parmi les automobilistes et leurs familles, avaient voulu rendre un quelconque sourire aux Aubedoriens... apaisants. Les heures suivantes, le port a enfin retrouvé son destin habituel, ainsi que ses pêcheurs des quais, lesquels... investissent de la (seule) sorte possible, leur temps de retraite ou de chômage. Et à l’entrée du Pirée, une banderole signée Aube dorée annonçait... sa peinture du 1er mai: “Chaque ouvrier immigré c'est un Grec au chômage”. La Grèce n’aurait toujours pas fait faillite !

Port de Pérama, mai 2015

Ferry de retour d'Égine et de Póros. Mai, 2015

Touristes vers Égine et vers Póros. Mai 2015

Par ces temps qui courent autant, Place de la Constitution, un retraité a fait son apparition, parousie alors porteuse d’un message... politique bien clair, rédigé en anglais: “Jésus, de ta grâce, viens sauver la Grèce”. Errant entre les badauds et les touristes, alors inusables catégories socioculturelles ayant... si vaillamment remplacé les manifestants.

Sauf que parfois certains ouvriers et employés (ou retraités), issus, tantôt d’une entreprise, tantôt d’une usine, manifestent en petit nombre devant le ministère du Travail, à l’instar d’une poignante poignée d’hommes et femmes, réclamant récemment la reconnaissance de leur travail dans une usine, comme relevant de l’insalubre et du dangereux.

Pas si certain... au pays des Conventions Collectives abolies (et pas encore rétablies), d’ailleurs, on vient de l’apprendre (sauf que tout le monde le savait déjà) que le FMI exige du gouvernement SYRIZA/ANEL en guise de préalable avant tout accord, la poursuite engagée dans la politique d’abolition des droits du travail, dont la “libération” (sic) des licenciements, et autant en passant, du démantèlement progressif de la Sécurité Sociale (restante). Les medias prétendent pourtant que la Grèce serait tout de même assez près d’un accord avec les “Institutions”, c’est à dire avec la Troïka ainsi “euphémisée” (radio 105,5 - SYRIZA, le 4 mai).

Manifestants devant le ministère du Travail. Athènes, avril 2015

Offre: Peinture pour 50 euros par pièce. Peintre-ouvrier Grec. Athènes, mai 2015

Gagne-pain en musique. Athènes, avril 2015

2015 en dystopie. Graffiti à Athènes, mai 2015

À Athènes, les graffitis dystopiques et disharmonieux en rajoutent à l’ambiance trop régnante de la dyschronie qui s’éternise. Entre dystopie et dyschronie, les Athéniens ont alors massivement opté pour un moment d’escapade à l’occasion du 1er mai. Cela se comprend encore.

Les syndicats quant à eux, ils ont célébré (en ordre toujours dispersé) la dite fête du travail... au pays du grand chômage et des apraxies... quant aux fonctions motrices et sensitives aux soubassements de la société. Manifestations peu suivies et passablement ignorées il faut dire par la majorité des intéressés potentiels. De passage par le Pirée par exemple, les automobilistes à destination de Pérama et donc de Salamine, observèrent sans rien voir, ces manifestants... des gauches, à la manière de ceux qui devancent gênés, un cortège funèbre croisé par hasard et qui ne les concerne pas.

Il faut dire aussi que pour une fois, le port principal du Pirée était complètement à l’arrêt durant toute la journée du 1er mai et seuls les petits ferrys assurant la liaison entre Pérama et Salamine sont restés opérationnels un tel jour. “Nous, nous ne faisons pas ce genre de bêtises, c'est à dire grève, lorsque les gens peuvent enfin prendre un peu d'air près de la mer”, expliquait une employée aux guichets des compagnies maritimes à l’embarcadère de Pérama, évidemment, sous le regard des Aubedoriens. Ceci explique peut-être cela.

C’est précisément la raison pour laquelle cette année, les hôteliers de l’île d’Égine, ont offert une nuitée gratuite aux visiteurs ayant voulu ou pu, y débarquer dès la veille du 1er mai, et “voilà une innovation qui a bien fonctionné, histoire de contourner intelligemment l'irrationalité de la grève des marins, un jour de grande affluence”, d’après l’opinion politique... néolocale exprimée par deux habitants d’Égine rencontrés à bord du ferry après le 1er mai.

Transbordeur assurant la liaison entre Póros, Égine et le Pirée. Mai 2015

Le Pirée du passé. Élément décoratif à l'intérieur du ferry, mai 2015

Chenil à bord. Mai 2015

Les voyageurs étonnés de ce 1er mai auront du moins vu très juste pour ce qui est de la météo des cieux et des mers. Ils ont ainsi cru échapper à la dystopie, comme ils ont pu organiser la vie autrement et la vie d’après la rupture définitive, c’est à dire, la crise.

Devant même les incertitudes qui subsistent concernant la monnaie des Grecs, voire des autres... eurocratisés, les plus aisés et les ayant encore vraiment les moyens, disons ceux qui appartiennent au tiers ou au quart de la population du pays, transforment en ce moment leurs avoirs déjà retirés des banques grecques... en voitures neuves, voire en appartements, devant l’étonnement envieux et crispé des autres.

De retour d’Égine et des autres îles proches du Pirée, cette sociométrie grecque flottante navigue alors... à sa manière. “Nous avons acheté cette voiture neuve maintenant que le diesel vient d'être autorisé à Athènes. Elle nous coûte moins cher à l'usage et surtout, nous savons bien que nos économies nous servent à quelque chose. Tu sais Yannis, c'est à la banque que l'argent est désormais en insécurité. À Chypre en 2013, ils ont volé les dépôts des particuliers et même ceux des entreprises. Sans parler d’un possible retour à la drachme. Nous n’accordons plus la moindre confiance aux gouvernements, et encore moins aux banques ou à la Troïka.

Mur à Athènes, mai 2015

Angela Merkel à la Une. Athènes, mai 2015

Seul sponsor, la souffrance. Graffiti à Athènes, mai 2015

Terrain à vendre et abandons. Athènes, mai 2015

D'ailleurs, c'est aussi le moment d'acheter de l'immobilier. Les prix sont au plus bas, sauf dans les Cyclades mais c'est une autre affaire les Cyclades. Tsípras signera un nouvel accord avec les autres, la situation se normalisera et il y aura même un léger mieux. Et les prix grimperont progressivement. Il faut donc acheter maintenant et dans dix ans, les prix auront doublé mais pas partout comme avant, comme du temps de la bulle inconsidérée. Si tu veux et si tu connais des acquéreurs éventuels, je peux t’aider car je connais du monde à Égine et autant dans les quartiers Sud d’Athènes”. Échanges entre passagers à bord du ferry entre Égine et le Pirée un jour de mai.

Les autres, les moins fortunés, suivent malgré eux ces conversations d’une bien mauvaise oreille sans placer un seul mot, tandis que les très nombreux absents des ferrys et des îles... ont déjà socialement et financièrement coulé sur terre. “Seul sponsor, la souffrance”, tel est l’autre constat, sous forme de graffiti sur un mur d’Athènes au même moment.

Le mausolée social européen, celui de l’étendue classe moyenne se dessine alors à sa manière inégale comme inégalée, à Athènes comme ailleurs. Mutations en vagues. Des boutiques ferment, d’autres s’ouvrent, à la manière de ce nouveau restaurant au centre d’Athènes: “Nous avons ouvert pour nous remémorer ensemble la cuisine grecque traditionnelle, faite maison. De 11h à 18h, prix des plats à partir de 3 euros”. Encore une fois... les goûts s’adaptent aux vagues on dirait.

Étage à vendre, à louer et Cours de soutien scolaire solidaire de l'Église. Athènes, mai 2015

Établissement fitness en faillite. Athènes, mai 2015

Nous avons ouvert pour nous remémorer ensemble la cuisine grecque. Athènes, mai 2015

L’été grec entre alors dans sa sixième année... nouvelle et novatrice, la dystopie et la dyschronie en plus. Les sociétés humaines s’adaptent finalement au pire mais elles aspirent autant à une vie meilleure. Sans doute à la manière d’Aspasie, la courtisane érudite de haut rang et de Périclès au lointain Ve siècle avant notre bien dernière chronologie. La sculpture représentant son effigie dans le parc de l’Académie, déjà ignorée des... nouveaux, elle a été vandalisée à l’instar de tant d’autres parcelles de la mémoire.

En contre-courant cependant, un autre passéisme bien à la mode en Grèce, consiste à... exhumer et à exposer les vieilles photos des lieux et des activités de jadis. Dans les cafés et sur les murs des restaurants, et cela, jusqu’aux photographies agrandies du vieux Pirée lesquelles embellissent les parois intérieurs des ferrys. Illusions, rêveries et autant voyages à double face.

Effigie d'Aspasie dans le parc de l’Académie. Athènes, mai 2015

Kiosque, Athènes, avril 2015

Les cafetiers et autres limonadiers de la presqu’île de Méthana (entre Égine et Póros) quant à eux, estiment dès maintenant que le plus grand flot de touristes et de visiteurs se dirige vers Égine et surtout vers Póros.

Malgré les apparences et l'aspect paisible des lieux, le chômage ici est fort dramatique. Cette année en plus, le rendez-vous annuel des bateaux traditionnels en bois qui avait lieu dans notre port ne nous concernera pas. Ils resteront près du Pirée paraît-il. Et en face, Póros a fait son plein de visiteurs et déjà de touristes, dès le premier beau weekend de mai. Cependant, l’élu régional d’ici, SYRIZA et Vice-président de Région en Attique, chargé des Affaires des îles, a obtenu des armateurs l’augmentation de certaines rotations. Car durant cet hiver, comme durant tous les hivers depuis le mémorandum, la presqu’île de Méthana est restée sans liaison maritime sous prétexte qu’il y a l’alternative de la route.”, telle est l’ambiance du moment aussi à Méthana.

Marché aux fleurs et aux objets sur le port. Méthana, mai 2015

Port de Méthana, mai 2015

Navire-citerne. Au large de l'île d'Égine, mai 2015

Le pays partiel a ainsi fêté son premier mai 2015... près les plages. Depuis, les cafés concernés ont retrouvé un certain calme, avant bien entendu les excursions suivantes. La Grèce n’aurait pas fait faillite, sauf que d’après les reportages ayant encore un sens dans les journaux, la situation des hôpitaux d’Athènes s’empire sérieusement.

Les lacunes ou les difficultés et les retards dans la fourniture des matériaux et des objets du quotidien, qui, dans les quatre dernières années étaient en effet monnaie courante, mais aujourd'hui, elles sont de retour de manière plus pressante.

Dans les produits d'épicerie il y a par exemple un énorme problème. On se bat pour être en mesure de faire livrer du fromage, de l'huile, ou du pain grillé, explique le directeur de l'un des plus grands hôpitaux du bassin athénien. Cette situation est imputable au fait que les hôpitaux n’ont reçu que partiellement leur subvention d’État de janvier, et depuis, plus rien. 90% à 95% des hôpitaux sont financièrement à sec. Les patients arrivent... munis de leurs fournitures et parfois médicaments... en autofinancement obligatoire.”, quotidien “Kathimeriní” du 3 mai.

Temps nouveaux et temps mutants, étonnants et détonants mélanges. Êtres bien portants ou mal portés, malades sous le soleil. Mai 2015. Salamykonos !

Êtres bien portants. Athènes, avril 2015




* Photo de couverture: “Jésus, de ta grâce, viens sauver la Grèce”. Place de la Constitution, avril 2015