Greek Crisis
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Friday, 15 May 2015

Honnête compromis
Fair compromise



À Athènes on s’accroche au vent qui tourne et qui ne se stabilise pas encore. Dans le centre-ville, nos retraités néo-paupérisés, proposent aux passants abondants, billets de loterie et autres mouchoirs de poche, fatalement jetables. La vie se fait très belle sur les terrasses des cafés, les touristes sont de grand retour et au pays soluble, le gouvernement de la gauche, un... moment radicale, patauge plus embourbé que jamais dans sa... solution infinie.

Le vent à Athènes, mai 2015

Tout a été dit, analysé, craint comme espéré. Les Tsipriotes aux commandes évoquent de plus en plus notre supposée si grande proximité désormais, avec le moment prochain et du déclic de “l'honnête compromis”, un dernier euphémisme d’après la doxa de la commune mesure et des mortels.

Le mensuel politique de gauche “Unfollow” titre sa couverture alors ainsi: “Honnête compromis - Reddition sans conditions à la troïka et au bradage du pays sous le mémorandum”, on y découvre en appui, une photographie d’Alexis Tsípras retouchée pour les besoins de la démonstration. Couvertures désormais à peine remarquées par les badauds du temps présent. Lassitude.

Toujours au centre-ville, ces derniers sont plus attentifs aux petits et moyens marchands aux articles peu chers de tout genre ; tissus, petits sacs à main, fruits secs et pistaches trop salés vendus par petits sachets au prix d’un euro, ils étaient à cent drachmes avant l’euro-zonage, c’est à dire trente centimes de l’actuelle monnaie de primate, estampillée BCE.

Le mensuel Unfollow, mai 2015

Rue Éole. Athènes, mai 2015

Le voisin Chrístos vient de trouver du travail... informel pour une durée historique d’une semaine, “histoire de respirer un peu avant... la pêche à la ligne durant le week-end” comme il le dit lui-même ; il ne commentera pratiquement plus les affaires supposées politiques si ce n’est que pour se moquer des prochaines mesures adoptées par le gouvernement et notamment par celle qui consistera à interdire toute transaction en liquide pour plus de 70 euros à la caisse, généralisant ainsi l’usage des paiements par cartes et par d’autres moyens virtuels.

La Grèce entière en rigole, et tout le monde pratique, lorsque cela est possible, l’évitement... amical et solidaire de la TVA ; non pas dans les cafés ou dans les restaurants, mais dans le reste des métiers de services divers et variés. Car SYRIZA ou pas au pouvoir, les Grecs n’ont guère envie de renflouer les caisses d’un État prédateur et qui n’offre plus aucune garantie sociale en échange, aux hôpitaux par exemple mouroirs, où il est souvent réclamé aux patients... alors élus, d’apporter médicaments, seringues, bandages et autres thermomètres du pays réel.

Déjà, tout le monde conçoit que le supposé grand chantier de la justice enfin fiscale annoncé par le gouvernement SYRIZA/ANEL, reste absolument soumis aux exigences comptables imposées d’abord par la Troïka, et seulement ensuite loin derrière, aux besoins du pays interne, et cela, sans tenir compte en plus, du fait que la généralisation obligée des moyens de paiement virtuels, toujours sous prétexte de lutte contre la corruption, voire, contre le terrorisme, n’est qu’une mesure prétotalitaire imposée par les élites du dernier financierisme.

Fromages produits en février dernier. Athènes, mai 2015

Guichet et paupérisation automatiques. Athènes, mai 2015

Quotidien “TA NEA”; “Arome de referendum”, mai 2015

On n'en fait pas un fromage pour le moment... mais ce moment ne durera pas”, insiste Yannis, garagiste dans le quartier des mécanos. Sauf qu’il en rajoute ceci en clin d’œil... à l’Aube dorée: “C'était mieux du temps des Colonels, non, je parle de l'économie et non pas de la démocratie...”.

Stéréotype resservi et... retravaillé par le côté bien obscur de la propagande ambiante au moment où le procès des cadres et membres de l’Aube dorée a démarré non sans difficultés et où la mauvaise herbe tend à recouvrir certains représentations murales du portait de Pávlos Fyssas, chanteur assassiné en 2013 comme on sait par un Aubedorien et d’ailleurs fier de l’être...

Au moment des bibaces et des néfliers du Japon et essentiellement de la Grèce, les messages plus brouillés que jamais, se mélangent et s’annulent au point de célébrer un presque vide, géant et surtout gênant. La Grèce a... honoré la tranche du mois et de la dette envers le FMI, en (ab)usant du montant de sa cotisation, tandis que les BRICS ont officiellement invité notre pays à y prendre partie ; Panagiótis Roumeliótis, ancien représentant de la Grèce auprès du FMI vient d’être nommé par le gouvernement Tsípras à la tête d’une structure qui ouvrera paraît-il la voie à une telle adhésion.

Néflier; Grèce, mai 2015

Amalgames. Athènes, mai 2015

Amalgames, Athènes, mai 2015

Mémoire de Pávlos Fyssas, Athènes, mai 2015

Côté SYRIZA c’est visiblement l’entrée dans l’ère du... symbolique. Les femmes de ménage qui campaient devant le ministère des Finances depuis leur licenciement il y pratiquement deux ans, viennent d’être réembauchés par Yánnis Varoufákis ; à l’exception des contractuelles.

De même, la radiotélévision publique ERT revient... après une certaine fusion avec la structure mise en place par le gouvernement Samaras (NERIT), son nouveau directeur, un journaliste connaisseur des lieux ayant occupé ce même poste entre 2010 et 2012, durant la première période du mémorandum pour faire court.

Cette nomination, entre autres, a motivé la rédaction d’une protestation au ton très sec, de la part d’un collectif de journalistes (dont une députée actuellement élue SYRIZA), dénonçant “ce manquement face aux engagements de renouveau”. Le gouvernement voudrait bien faire dans les symboles des luttes qu’auraient enfin abouties grâce à ses actions, peine pratiquement perdue malgré la bonne volonté des (rares) médias pro-SYRIZA.

Festival de cinéma et graphisme nostalgique. Athènes, mai 2015

En espagnol. Athènes, mai 2015

Ce rétablissement, très exactement symbolique de certaines injustices est plutôt observé sous une certaine ironie, pour ne pas dire indifférence par la masse supposée citoyenne. “Cela ne changera en rien la vie et la mort des chômeurs comme moi; nous sommes pratiquement deux millions dans ce pays” commente à haute voix un jeune homme dans le métro. Aucune réaction de la part des autres passagers.

Par contre, chez SYRIZA... de l’endroit, c’est le (dernier ?) moment des réactions très virulentes, lesquelles circulent d’ailleurs largement signées aussi sur Internet. Tel le texte de la composante DEA de SYRIZA, dirigée par Davanelos:

Nous étions nombreux à ne pas partager déjà la ‘commodité’ du récit préélectoral de SYRIZA; il a certes facilité le chemin vers les urnes, mais en nous mettant devant l’interrogation alors cruciale: est-il possible de développer un programme radical contre l’austérité dans le cadre de la zone euro, cela est-il possible par le biais et par la méthode de la négociation avec les ‘institutions’ ? Nous connaissons la réponse maintenant: Non. L'UE et le FMI tentent d'écraser SYRIZA en lui imposant le dilemme: reddition sur toute la ligne ou alors la rupture.

L'accord du 20 Février a été une erreur majeure qui a résulté du piège inaugural de notre narration préélectorale. Nous avons pris l'engagement de remboursement de la dette ‘en heure et à temps’, et nous avons par nous-mêmes démissionné de toute ‘action unilatérale’, pourtant prévue sur la base de notre programme, seule dynamique pouvant forger une solidarité populaire solide, autour du gouvernement de la Gauche. Nous n’avons rien obtenu de la part de la Troïka en échange. Le concept de ‘l’ambiguïté créative’ (Varoufákis) a œuvré et bénéficie toujours en faveur des puissants.

Athènes, mai 2015

Après le 20 Février, nous avons tenté d’organiser notre défende derrière les ‘lignes rouges’. Elles étaient déjà en dessous des engagements et du programme SYRIZA. Aujourd'hui, ces ‘lignes rouges’ sont fanées ! Privatisations et imposition, sont des mesures guidées par les seuls intérêts des créanciers et non par les questions liées à l'amélioration de la vie des classes populaires, d’après nos promesses électorales.

Il est également très clair où donc cette descente nous conduit-elle. Nous serons obligés à signer ainsi le Mémorandum III, celui que les créanciers préparaient à faire signer à Samaras et à Venizélos. Et quand au calendrier, le moment où sera alors tentée cette escalade qualitative dans la contre-offensive de la Troïka sera le suivant: quand le gouvernement sera contraint de solliciter des prêts pour payer non plus les échéances de la dette, mais les salaires et les pensions, alors, il sera totalement vulnérable pour résister estiment ainsi les ‘Institutions’. La décision du gouvernement, ordonnant le paiement régulier des versements liés à la dette, -décision résultant de l'accord du 20 Février- a été suivie, bien que les prêteurs n’ont pas versé un seul centime violant ainsi des accords antérieurs. Cette situation a épuisé et cela dangereusement, les réserves financières dont dispose le gouvernement, maintenant ce moment crucial est bien devant nous.

Les conséquences politiques d'une telle retraite stratégique - car il ne sera plus possible de parler de ‘compromis’ - seront immédiates. SYRIZA ne peut pas être converti en parti politique de l'austérité. Les créanciers d’ailleurs, n’accepteront pas qu’à moyen terme, SYRIZA demeure même en le garant d’un tel accord paraphé par le gouvernement actuel. Ils exigeront alors de nous faire payer... le dû et en entier, résultant de l’aventure politique de l’après 25 Janvier (date des élections), par le chantage d’un ‘élargissement’ du gouvernement Tsípras et progressivement, par sa transformation en un gouvernement d'union nationale ou sinon, par son renversement pur et simple.

Mélanges. Athènes, mai 2015

Café amer ? Athènes, mai 2015

La réactivation politique de Stournáras -à travers le rêve à peine caché d'un gouvernement à la Papadémos (banquier et Premier ministre imposé par la Troïka en 2011-2012), composé par ‘l’arc européen’, devrait être interprétée comme un avertissement. De ce cercle vicieux sans issue il y a une possibilité de sortie, sauf qu’elle devient de plus en plus difficile chaque semaine qui passe dans l'inaction, et à chaque acompte versé aux créanciers.

II faut d’abord cesser les paiements aux créanciers, il faut prendre ces mesures qui vont restreindre l'évasion ‘comme la liberté’ des capitaux, il faut aussi mettre en œuvre la réforme SYRIZA quant au système des banques, imposer les capitaux des riches pour financer des mesures anti-austérité, soutenir cette politique par tous les moyens nécessaires, y compris le conflit par un conflit avec l'UE et avec l'euro. Une telle rupture, serait normale après les élections du 25 Janvier, aujourd'hui elle devrait laisser ouverte la possibilité de réorganiser un scrutin populaire. C’est à dire, provoquer de nouvelles élections, à condition de présenter cette fois de manière très claire ces options, de la part du gouvernement, soutenu par le parti SYRIZA.”

De toute manière, le moment des décisions critiques qu’il va falloir prendre arrive, et ces dernières ne peuvent être prises à partir d'un cercle fermé d’hommes qui dirigent, même si ces derniers peuvent faire preuve des meilleures intentions. Le parti devrait être appelé à se prononcer. Le parti doit se tenir debout et ainsi résister contre ce vent qui se lève et qui nous menace.

Affiche sur un abribus: “La Fin de l'histoire”. Athènes, mai 2015

À Athènes le vent qui tourne, finirait par se stabiliser d’après les médias dominants. C’est possible mais rien ne sera plus jamais certain, à part l’impossibilité de développer un programme radical contre l’austérité dans le cadre de la zone euro et dans celui de l’UE d’ailleurs.

Les mouettes naissent des mouchoirs que l'on agite au départ des bateaux”, Ramón Gómez de la Serna Puig, (prolifique écrivain d'avant-garde espagnol, rattaché à la “Generación” de 1914, né à Madrid en 1888, et mort à Buenos Aires en 1963).

Grèce, mai 2015




* Photo de couverture: Retraité et vendeur ambulant. Athènes, mai 2015